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La grogne continue à l’université

La démocratie est un tout indivisible. Lorsque le Maroc a choisi la voie du libéralisme politique, il a tenu à inscrire sa démarche dans une optique qui tenterait le maximum possible d’avancer en réduisant, progressivement, les options des demis-mesures.
Dans le cas de la réforme universitaire, des enseignants chercheurs ont tenu à rappeler la position de leur cadre syndical, le SNE Sup ( Syndicat national de l’Enseignement supérieur) et à ne pas perdre de vue les circonstances qui ont entouré l’adoption de la procédure en vigueur en ce qui concerne la nomination des présidents des universités.
En dépit de la profonde léthargie dans laquelle il s’est installé, le syndicat des enseignants universitaires a toujours plaidé pour la démocratisation de l’ensemble des structures de gestion de l’université.
Lors de tous ses congrès, le SNE Sup n’a pas cessé de demander et réitérer à ce que les présidents des universités, les doyens et les secrétaires généraux soient élus démocratiquement.
Des concessions ont été faites par ses dirigeants lors des travaux de la COSEF (Commission spéciale d’Education et de Formation). Elles se justifiaient, en grande partie, par la présence de différentes sensibilités et la volonté de l’ensemble des participants à vouloir aboutir à des résultats qui arrangeraient tout le monde. En amont, la COSEF recommandait la constitution de la Commission de «sélection» des candidats, par:
– deux membres de l’Académie du Royaume ou de l’Institution Hassan II des sciences techniques ( un institut qui n’a pas encore vu le jour), – un homme d’affaires,
– un enseignant universitaire n’appartenant pas à l’Université concernée, mais désigné par son président,
– un enseignant appartenant à l’Université concerné élu par le Conseil de l’Université.
Donc, de manière générale, la priorité a été accordée à l’optique démocratique, étant donné que trois des cinq membres de la Commission, devraient être élus par leurs collègues ( 2 de l’académie et 1 du conseil universitaire). Mais au vu de la manière avec laquelle ont été désignés les trois finalistes de chaque université, l’on ne peut que déplorer le déficit de transparence et d’intégrité ayant régné dans les différentes étapes de ce processus. D’abord, les délais de dépôt des candidatures, soit du 22 au 25 novembre 2001, ont été insuffisants pour la majorité des enseignants. En revanche, dans certains cas, ils n’ont pas été respectés. Deux poids, deux mesures. Le second point à soulever, à cet effet, concerne la composition des commissions de sélection. Il n’a été, à aucun moment, question de respecter le règlement prescrit, particulièrement pour ce qui est de la participation des membres de l’Académie.
Faute de transparence, le travail dans les commissions ressemblait à une secousse au sein d’une boîte noire dont on ignore tout. Certes, les candidats sont connus ainsi que les personnes choisies, jusqu’à présent, mais personnes ne saurait dire comment les 42 membres de la liste définitive ont été choisis. Plus grave encore, faute de démocratie, c’est-à-dire d’élections, des cadres du ministère de tutelle furent membres des commissions concernées tout en préservant en même temps leur titre universitaire. Ils étaient, donc, juges et membres.
Last but not least, les seuls critères qui ont été retenus concernent les C.V., la maîtrise des langues et de la gestion, etc… Bref, plusieurs critères étaient faits pour la reconduction de l’ancienne élite universitaire. Une élite, en grande partie, responsable de l’état de dégradation de l’Université aujourd’hui. Désormais, le ministre de l’Enseignement supérieur semble reprendre à son compte les ambitions autocratiques des temps révolus, quel que soit le vernis qu’on voudrait donner à toute cette opération.

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