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La logique implacable

A force de suivre l’actualité israélienne, on a l’impression que les gouvernements se suivent mais ne se ressemblent pas. En fait, tout semble obéir à une logique et à une continuité infernales, depuis au moins une vingtaine d’années. Le départ de Menaheem Begin, chef du Likoud et patron de l’actuel premier ministre Ariel Sharon, du temps de la guerre du Liban et des massacres de Sabra et Shatilla, en 1982, a ramené au pouvoir les travaillistes. Un passage timide mais qui a permis de calmer les esprits, avec notamment une montée des colombes et du mouvement pacifiste.
Le Likoud n’a pas pour autant désarmé et on a vu l’un des ses dirigeants revenir aux devants de la scène, Itzhak Shamir qui a pris les commandes du parti et du gouvernement. Les dirigeants travaillistes, menés par Shimon Perès alternaient le chaud et le froid. A chaque fois que les accords avec les Arabes commençaient à prendre forme, c’est le retour des faucons, et dont on croyait que Benyamin Netanyahu était le dernier spécimen. Son départ et l’arrivée d’Ehud Barak, avec une coalition hétéroclite, tournée vers l’apaisement ,n’a en fin de compte rien réglé. Sauf amener un Sharon pour mener à bien la mission de destruction. Le 6 février 2001, Ariel Sharon a été élu au suffrage universel premier ministre d’Israel. Personne ne pouvait penser que c’était une chance pour la paix. La relance du processus entamé à Madrid entre Arabes et Israéliens ne pouvait être espérée. Mais il y avait là au moins une opportunité de se faire une raison et de lever toute équivoque : le tueur de Sabra et Shatilla était au pouvoir et il y avait très peu à espérer sur le front des partisans de la paix. Très tôt , il avait annoncé la couleur. Trois jours après son élection, il a déclaré que les négociations avec les Palestiniens ne peuvent reprendre que si la violence prend fin. Le chef d’état-major israélien annonce quant à lui, le 3 mars, un durcissement de la répression.
Cela bien avant que le gouvernement Sharon ne soit formé. C’est un gouvernement présenté à la Knesset, le 7 mars, et qualifié de gouvernement d’union nationale. Avec la participation de Shimon Perès, un alibi pour les uns, la tombée des masques pour les autres…Fort de sa majorité et sa nature de brute sanguinaire, Sharon annonce le 27 avril que l’une des priorités de l’État hébreu devrait être d’amener le demi-million de juifs d’Amérique latine, ainsi que les quelque 80.000 juifs sud-africains, à venir s’établir en Israël. Et d’ajouter quelques jours plus tard que la vallée du Jourdain restera aux mains d’Israël « pour toujours ». Israël a dégagé 34 millions de dollars de crédits spéciaux pour attirer des immigrants juifs de France, d’Argentine et d’Afrique du Sud. L’immigration a chuté de 21% en 2001 en raison de l’Intifada et de la récession israélienne. Plus encore, le 10 août, Israël fait occuper par sa police la Maison d’Orient, siège officieux de l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP) à Jérusalem-Est. En parallèle, la politique de colonisation s’est poursuivie. Le 4 octobre, dix nouvelles colonies juives ont été créées depuis juillet dans les territoires palestiniens occupés, selon le mouvement israélien la paix maintenant.
Ce durcissement presque jamais égalé n’est pas fortuit. En un an, Sharon aura fait plus de victimes que durant les dix dernières années de confrontation. Il a pu détruire plus de maisons et d’infrastructures palestiniennes que tous ses prédécesseurs pendant deux décennies. Israel par le biais de Sharon fait le grand ménage.
Un véritable nettoyage ethnique, une ségrégation raciale meurtrière et prépare une nouvelle carte sur le terrain. Et là on comprend pourquoi Sharon a été élu au suffrage universel et le lendemain de son élection, pourquoi la Knesset a annulé l’article qui permet au Premier ministre d’être élu sur ce mode-là. On change les lois et on espère changer l’histoire et la géographie. C’est la logique israélienne. Et Sharon, digne héritier de Begin, de Golda Mayer et de Kahana en fait partie…

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