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La Lutte contre la corruption a démarré

Le département M. Ahmed Lahilimi, ministre chargé des Affaires générales du gouvernement, continue sa course contre la montre pour contrecarrer la corruption. Il entame depuis jeudi 13 décembre une campagne de communication pour la moralisation de la vie publique. L’objectif étant d’identifier les causes de ce mal chronique et la sensibilisation sur ses effets économique et social. Cette campagne d’information s’appuie en premier lieu sur les médias (annonces, presse écrite, radio et télévision) et sur d’autres opérations plus directes tels les séminaires, les conférences de presse où les émissions télévisées. Le premier axe étant la conscientisation du citoyen sur ses droits légaux afin qu’il puisse les acquérir sans contrepartie illégale. La suprématie du droit est mise en exergue pour que le citoyen soumis à la pression du corrompu ait le réflexe d’y recourir. Il existe des moyens de recours tels les tribunaux administratifs ou le médiateur nouvellement créé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le deuxième volet de cette campagne vise à huiler les circuits de l’appareil administratif pour qu’il devienne plus souple donc moins enclin au « graissage». Il s’agit notamment de la simplification des procédures administratives dont la complexité a été toujours un nid qui favorise l’éclosion de la corruption. La moralisation de la vie publique étant l’affaire de tous, le ministère des Affaires générales a toujours tenu à y associer en plus du secteur public, le privé et la société civile à travers les ONG. Cette campagne qui a commencé depuis 1999 par la création du Comité national contre la corruption a été poursuivie en amont par la promulgation du décret de passations des marchés publics, par la confection du livre blanc de l’artisan et la diffusion d’une circulaire du Premier ministre concernant les bureaux d’accueil dans les administrations et le droit au recours immédiat pour le citoyen. En tous les cas, la corruption n’est plus le sujet tabou auquel se heurte tout processus de démocratisation ou de moralisation de la vie publique. Le département d’Ahmed Lahlimi ainsi que des ONG comme et autres ont contribué énormément à dégoupiller la grenade de la corruption. Il faut revenir au début des années soixante-dix, pour assister au premier procès intenté à des ministres impliqués dans affaire de corruption à l’échelle étatique. Ils furent condamnés à de la prison ferme et c’est à la suite de ce procès que fut créée la cour spéciale de justice. Depuis, aucun procès de cette envergure impliquant des ministres ou des hauts fonctionnaires dans des pratiques corruptrices n’a eu lieu. La cour spéciale de justice a statué toujours sur détournements de deniers publics et n’a jamais jugé les hauts fonctionnaires pour corruption. C’est à croire qu’elle n’existe pas, mais il faut reconnaître que la corruption est un mal invisible difficile à cerner. Même si l’Etat a décrété certaines lois pour le juguler, les corrompus trouvent toujours le moyen pour contourner les textes et les règlements. Mustapha Miftah considère par exemple que le décret sur la passation des marchés publics contient beaucoup de failles. Il cite le cas des avis d’appel d’offres libellés d’une manière équivoque : Vous pouvez lire dans un journal un appel d’offres publié sur une page dont la valeur ne dépasse pas 100000 Dirhams. Comme vous pouvez tomber sur un marché dix fois plus important qui ne prend que trois lignes dans une page intérieure. Mieux que ça, le libellé en lui-même est trompeur quand vous lisez par exemple « réfection de voies communautaires » alors qu’il pourrait s’agir de l’autoroute urbaine. Il y a mille façons de contourner la loi et parler de la lutte contre la corruption, n’est qu’un effet d’annonce, s’il n’est suivi par l’action. Nous avons longtemps milité pour la création d’une agence indépendante contre la corruption, mais les pouvoirs publiques font l’impasse sur ce sujet. » Le secrétaire général de « transparency Maroc » Bachir Rachdi, n’est pas lui aussi satisfait de l’action de l’Etat dans ce domaine : «il est vrai que la corruption n’est plus un tabou chez nous, c’est un élément positif, mais, dans le concret, on reste sur notre faim. Nous avons élaboré un plan d’action avec le ministère qui est resté lettre morte, c’est ce qui nous a poussé à nous retirer du comité de lutte contre la corruption». C’est regrettable parce que dans ce combat contre un fléau de l’envergure de la corruption nécessite la conjugaison des efforts des ONG et de l’Etat. Mais gageons que tout sera remis dans l’ordre quand on sait la disponibilité du ministre Lahlimi et l’esprit de militantisme des dirigeants de transparency et autre collectif des associations.

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