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La Omra dévoyée par le «business-mendicité»

Le mois de Ramadan est une occasion pour des milliers de fidèles du monde entier de s’offrir une Omra pour se rapprocher davantage de leur Créateur. Du Maroc, plusieurs dizaines s’envolent chaque année vers les Lieux Saints de La Mecque. Si la plus grande majorité de ces Marocains n’est motivée que par des raisons purement spirituelles, d’autres, par contre, considèrent la Omra comme un véritable business. La mendicité est au coeur de ce commerce avec la spiritualité comme toile de fond. Le fléau de la charité infeste non seulement les rues et les avenues marocaines, mais aujourd’hui le Maroc est devenu un exportateur de mendiants. Bon nombre de Marocains, sans aucun scrupule, originaires des régions déshéritées ou carrément en marge de la société, ont découvert un moyen rapide et efficace de gagner leur vie. La mendicité. Tout commence quelques semaines avant le début du mois de Ramadan. Les mendiants commencent à se préparer sérieusement au voyage de la Omra. S’ils n’ont pas suffisamment d’argent pour acheter leur billet d’avion, ils s’endettent auprès de leurs proches et leurs amis qu’ils rembourseront d’ailleurs dès leur retour. Une fois en Arabie Saoudite, ils se transforment en véritables mendiants. Ils choisissent un endroit très bien fréquenté par les pèlerins. Lors du mois de Ramadan, les fidèles multiplient les donations aux pauvres et aux nécessiteux. En général, durant cette période de l’année ce sont les fidèles les plus aisés qui font la Omra. Par ricochet, les aumônes sont beaucoup plus importantes, en valeur et en quantité, lors du mois de Ramadan qu’au cours de n’importe quelle autre période. Les mendiants professionnels en sont conscients. Et ils en profitent en maximum. Tout ce qui leur est donné, tout au long du mois de Ramadan, est soigneusement dissimulé. Les mendiants ne paient jamais ce qu’ils mangent, car la nourriture, le lait et autres jus sont gracieusement distribués par les autorités saoudiennes dans les Lieux Saints. Le principal moment de la mendicité est sans nul doute le dernier jour du mois de Ramadan, la veille de l’Aïd Al Fitr. Tous les fidèles musulmans du monde distribuent Zakat Al fitr. Dans les Lieux Saints cette Zakat peut atteindre des sommes très importantes. Les hommes d’affaires saoudiens se dirigent vers les lieux où les mendiants musulmans sont habitués de se réunir, près de la mosquée Annabaoui. Les sommes reçues sont très importantes, parfois même faramineuses. Certains mendiants marocains reviennent avec 100.000 voire 300.000 DH. De quoi rembourser leurs dettes et préparer tranquillement le voyage de l’année suivante. C’est une honte. Mais rien ne l’interdit légalement en Arabie Saoudite. Surtout lors du mois sacré de Ramadan, les autorités saoudiennes préfèrent fermer les yeux. Et même si un mendiant est arrêté pour une raison ou pour une autre, il est gentiment conduit vers l’aéroport pour monter à bord du premier avion qui le conduira vers son pays d’origine. Les autorités saoudiennes évitent même d’en informer leurs homologues dans le pays d’origine. C’est la raison pour laquelle le mendiant se permet impunément de récidiver. Il est donc pratiquement impossible d’endiguer ce fléau. Selon certains témoignages, à la simple vue d’une liasse d’argent des fidèles marocains se sont transformés très rapidement en mendiants pour recevoir leur part du gâteau. La mendicité ne touche donc pas seulement les déshérités. Tout le monde est concerné: jeunes et vieux, hommes et femmes, riches et pauvres. C’est avant tout une question d’éducation et de dignité. Les Marocains ne sont pas les seuls à être atteints de ce mal. D’autres pays sous-développés en souffrent également.

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