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La paix selon Ryad

Le prince héritier d’Arabie Saoudite avait déclaré qu’il comptait proposer au prochain sommet arabe fin mars à Beyrouth « un retrait total (d’Israël) de tous les territoires occupés, en accord avec les résolutions de l’ONU, y compris à Al-Qods, contre une pleine normalisation de nos relations ».
Il ajoutait avoir ensuite renoncé à son projet « quand (le Premier ministre israélien Ariel) Sharon a porté les actes de violence et d’oppression (dans les territoires palestiniens) à un niveau sans précédent ».
Ce faisant, Ryad lie son appel à l’établissement de relations normales avec Israël à trois conditions. Tout d’abord, que les termes de l’initiative saoudienne soient adoptés par une résolution sans équivoque du Conseil de sécurité de l’ONU, ensuite que cette résolution soit appuyée par les Etats-Unis, et enfin qu’Israël y souscrive sans conditions.
Le prince héritier a également demandé à l’Etat hébreu de se conformer aux résolutions 242 et 338 de l’ONU appelant au retrait israélien des territoires occupés. Mais, en réclamant un « retrait total », il n’a pas voulu proposer un tracé précis des frontières, les Saoudiens n’ayant visiblement pas l’intention de s’impliquer directement dans les négociations de paix.
En somme, Ryad laisse entendre que le projet devrait être cautionné par le prochain sommet arabe pour en ressortir comme « un plan arabe de paix » pour une normalisation avec Israël, où la proposition a provoqué un vif intérêt. Shimon Pérès, le ministre des Affaires étrangères, s’est montré particulièrement emballé. Et le président Moshé Katsav a adressé une invitation publique au prince Abdallah à venir présenter son initiative au gouvernement israélien à Al-Qods. Katsav s’est, par ailleurs, dit prêt à se rendre à Ryad pour y rencontrer le prince héritier saoudien. Mais le prince Abdallah a affirmé à des dirigeants arabes qu’il ne visiterait pas Al-Qods ou Israël, précisant que « ni le président israélien, ni le Premier ministre Ariel Sharon, ne seraient les bienvenus à Ryad ».
La presse saoudienne ayant dénoncé cette invitation comme une « manoeuvre ». L’Arabie Saoudite n’a jamais reconnu Israël et le prince Abdallah est connu pour ses positions intransigeantes au sujet d’Al-Qods. Ariel Sharon a fait part de sa disponibilité à « rencontrer tout responsable d’Arabie saoudite ». Javier Solana, le diplomate de l’Europe, est très actif. Il décide d’interrompre sa visite en Israël et dans les territoires palestiniens pour se rendre immédiatement en Arabie saoudite, où il rencontre le prince Abdallah mercredi à Djeddah. Celui-ci lui affirme qu’il allait oeuvrer en vue de présenter son initiative au sommet de Beyrouth, afin que tous les pays arabes puissent la présenter en tant que plan de paix. Solana devait par la suite s’entretenir jeudi au Caire avec le président égyptien, Hosni Moubarak, avant de s’envoler pour Amman. Et il devrait effectuer lundi et mardi une visite à Washington dans le cadre des efforts de l’Union européenne pour relancer le processus de paix.
De son côté, « Yasser Arafat a été le premier à soutenir l’initiative saoudienne et nous croyons que celle-ci protègera le peuple palestinien du danger des agressions israéliennes », a déclaré le secrétaire du gouvernement, Ahmed Abderrahmane, pour qui l’initiative saoudienne est « l’évènement le plus important depuis 1991 », c’est-à-dire depuis le lancement du processus de paix à Madrid.
Autre réaction d’importance, celle de Hassan Youssef, un responsable modéré du Mouvement Hamas, qui a assuré à Ramallah, en Cisjordanie, que son organisation « ne s’oppose à aucune proposition menant au retrait d’Israël jusqu’aux frontières de 1967, mais rejette toute initiative politique qui ne donne pas aux Palestiniens le droit de récupérer leurs terres ». De son côté, et après avoir initialement fait preuve d’une certaine prudence, le président George Bush, qui a téléphoné au prince Abdallah pour le féliciter de son initiative, a fait « l’éloge» des idées du prince saoudien, mais avec des nuances, en insistant sur le fait qu’elles permettaient d’envisager «une normalisation complète des relations israélo-arabes une fois un accord de paix global conclu».
La proposition du prince Abdallah apparaît comme une lueur d’espoir alors que les médiations occidentales sont en panne face à une flambée de violence sans précédent dans les territoires et que les Palestiniens meurent chaque jour sous les balles israéliennes et que l’opinion publique israélienne a constaté l’indigence du gouvernement Sharon à résoudre cette pénible équation.

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