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«La pénalisation s’impose»

Les membres du syndicat national des experts comptables ont dénoncé lors d’une récente rencontre la qualité des travaux de certains cabinets étrangers. Quelles sont vos motivations ?
Mohammed Dami. Nous continuons d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur, celui du non-respect de la déontologie et de l’éthique. Certains grands cabinets agissent contrairement aux règles en vigueur aussi bien au niveau de la compatibilité entre la fonction d’auditeurs et de conseillers ou encore au niveau de leur indépendance. L’adage est clair. On ne peut être la fois juge et parti. Les choses deviennent plus grave si l’on sait que le monopole de l’audit et du commissariat aux comptes est réservé à une poignée de cabinets. Certains d’entre eux ne se soucient même pas de la qualité du travail réalisé. Ils en chargent des stagiaires qui n’ont pas les qualités requises pour rédiger des rapports de ce genre.
Vous êtes en train de dénigrer leur travail. Comment expliquez-vous le fait que beaucoup d’institutions ont recours à leurs services, si ce n’est pour leur qualité de prestations ?
Généralement, le Maroc est lié par des conventions avec des institutions internationales. Il est normal que ces institutions, quand ils en l’occasion ou le pouvoir, orientent des clients potentiels vers des auditeurs donnés pour une raison ou une autre. Parfois, je ne vous le cache pas, le client est guidé dans son choix par la signature. Il estime qu’une signature est plus prestigieuse qu’une autre tout bonnement parce qu’elle représente une enseigne étrangère sans le soucier le moins de ses réelles compétences.
Vous tenez un discours, laissez-moi dire, troublant. Un scandale comme celui d’Enron, peut-il un jour éclater au Maroc ?
Une tel scénario est envisageable. Le domaine de l’audit a une caractéristique qui lui est propre. Un mal ne paraît pas dans l’immédiat. Il peut éclater trois ou quatre ans plus tard. Le cas Enron pouvait se reproduire au Maroc si l’information était publique. Même si un groupe fait faillite, jamais le cabinet d’audit n’est pointé du doigt pour incompétence ou fraude…Rien n’a été fait dans le cas du CIH ou de la CNCA. Il n’y a pas eu de poursuite de cabinets étrangers qui ont réalisé auparavant les rapports d’audit pour le compte de ces institutions. En d’autres termes, la réprimande n’existe pas au Maroc. On le dit avec amertume, mais on le dit quand même. Nous sommes, et là je fais référence au syndicat national des experts comptables pour qu’il y ait pénalisation en la matière. Si les choses ne se passent pas de la sorte, la profession sera sans aucun doute vouée à la disparition.
Qu’est-ce que vous faites pour que les choses évoluent ?
Nous avons attiré l’attention des pouvoirs publics sur l’urgence de revoir la configuration du métier. Il s’agit entre autres de bannir les conditions draconiennes imposées pour qu’un cabinet puisse soumissionner. Il s’agit aussi et surtout de dépoussiérer le code des devoirs wprofessionnels, aujourd’hui dans les tiroirs du secrétariat général du gouvernement. Sans ce code de déontologie, l’assainissement de la profession n’est guère réalisable.

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