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La pénurie de l’eau menace

À la fin du discours que SA Majesté le Roi Mohammed VI a prononcé l’année dernière à Agadir, devant du conseil supérieur de l’eau et du climat, le souverain a été sollicité par le ministre de l’équipement. Bouamer Taghouane, en l’occurrence, est allé se plaindre auprès du chef de l’Etat sur la non-exécution des décisions et des recommandations de cette instance.
C’est tout dire quand on sait que depuis sa création en 1981, le Conseil supérieur de l’eau et du climat (CSEC) a tenu neuf sessions et élaboré des centaines de recommandations. Il est vrai que le travail de réflexion, d’études et d’analyse réalisé depuis par les experts est d’une teneur consistante et scientifique.
Le plan national de l’eau, le plan d’irrigation les plans directeurs des aménagements d’eau intégrés aux plans d’aménagement de territoire, nourrissent des objectifs ambitieux et pertinents. Mais il est tout aussi vrai que les actions entreprises pour la gestion rationnelle et économique de l’eau restent en deçà des objectifs tracés. Ce retard pris est d’autant plus grave que le Maroc fait partie des pays qui risquent de connaître une pénurie d’eau sans précédent à l’horizon de l’an 2020. Ce constat fait par le ministre est consigné par écrit par les membres du Conseil qui déplorent le manque de moyens financiers mis en ouvre pour appliquer la politique de l’eau. Il faut reconnaître toutefois que notre pays a réalisé un progrès réel en matière de construction des barrages et des petits ouvrages tels les lacs collinaires.
La politique des barrages prônée par feu SA Majesté Hassan II depuis les années soixante s’est avérée payante et visionnaire à maints égards. Heureusement que cette constance a permis au conseil supérieur de l’eau de continuer dans cette politique la construction des infrastructures hydrauliques. C’est peut-être l’une des rares actions concrètes que l’on peut mettre au crédit de cette instance de l’eau qui manque terriblement de moyens financiers. Mais ce danger réel de pénurie due essentiellement à la sécheresse chronique que connaît notre pays depuis plus de vingt ans risque de s’aggraver davantage par d’autres facteurs exogènes. L’érosion des terres notamment prend de plus en plus des dimensions inquiétantes et malgré l’intervention de l’Etat pour conserver les ressources en terre, eaux et végétation, cette action reste en deçà des niveaux escomptés. Il faut ajouter à cela la pollution des eaux souterraines et en surface et par les rejets industriels, domestiques et les produits toxiques tels les insecticides utilisés dans le secteur agricole.
Cette pollution ne rend pas seulement l’eau inutilisable, mais il présente un risque certain pour l’environnement et la santé des citoyens. Le CSEC a certes étudié toutes ces nuisances et mis un plan d’application pour y remédier. Il a notamment mis en oeuvre la réutilisation des eaux usées en agriculture, mais cette pratique est loin d’être généralisée. Bien que le potentiel global des eaux usées atteindra 900 millions de mètres cubes à l’horizon 2020, ce volume ne représentera que 4,5 % de l’eau mobilisable à l’échelle nationale. Encore faut-il que cette épuration soit faite dans les meilleures conditions sanitaires qui sont aujourd’hui assez aléatoires. Pour parer à la pénurie de l’eau une autre option a été prise en considération qui est celle du transfert d’eau d’une région à une autre. Il s’agit de transferts massifs des régions excédentaires vers des régions déficitaires du Royaume. Quelques études de transfert ont été établies dont celles des eaux de Sebou vers le Sud et barrage Asfalou vers l’Est.
Mais cette recommandation est devenue une constante des plans directeurs d’eau sans que pour cela qu’elle soit opérationnelle sur le terrain. Le barrage financier étant encore une fois tres consistant pour pouvoir allouer un budget à cette répartition interrégionale équilibrée. Reste la politique des Lacs collinaires que Feu Sa Majesté le Roi, Hassan II, avait prôné en 1988.
Ces lacs devaient êtres aménagés à travers l’ensemble du territoire de manière à faire bénéficier le milieu rural des fruits de cette opération. Là aussi on est loin des objectifs fixés comme le reconnaît le rapport du conseil supérieur de l’eau et du climat. Comme on est loin de l’accès de l’eau potable à toutes les localités du monde rural qui souffre le plus de la pénurie d’eau. Le programme PAGER qui avait pour objectif de desservir en eau potable 31000 localités et dont le coût est estimé à 10 milliards de dirhams n’a atteint que 40 % de cette population. Il est vrai qu’avec ses actions entreprises avec la collaboration d’organismes internationaux, des progrès ont été réalisés dans la gestion des ressources en eau. Mais étant donné la gravité de la situation, il faudrait que le Plan national de l’eau ait les moyens financiers des objectifs tracés par Le CSEC. C’est vrai qu’en parallèle, il faut continuer à prôner la gestion rationnelle et économique de l’eau, mais il est impératif que l’Etat trouve les moyens de financement d’un projet aussi crucial.

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