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«La réglementation est la seule solution»

© D.R

ALM : Comment voyez-vous le retour de la flotte espagnole dans les côtes marocaines ?
Larbi Bourass : Tout d’abord, il faut dire qu’entre le Maroc et l’Espagne, les relations sont très bonnes. Le secteur des pêches vient toujours aux premières lignes dans les rapports entre les deux pays. En tant que professionnels, on a toujours été, ces dernières années, contre certains types d’accord de pêche à cause de la pénurie des ressources. C’est un problème crucial qu’il faut aborder avec méthode. Mais pour autant, on ne peut pas se renfermer indéfiniment en mettant à mal nos relations avec des pays comme l’Espagne. Ce qu’il faut faire maintenant, à mon avis, c’est de voir dans quelles conditions et sous quelles bases, des bateaux espagnols seront autorisés à pêcher au Maroc. Le ministère de tutelle doit réfléchir au moyen le plus approprié en y associant l’Inrh et les professionnels.
Un effort de pêche supplémentaire ne menacerait-il pas certaines espèces comme le poulpe?
Evidemment, il faudra exploiter d’autres pêcheries. Car, outre le poulpe et les céphalopodes d’une manière générale, la pénurie touche aussi les poissons pélagiques et d’autres espèces. C’est à ce niveau que le ministère doit agir, sur des bases scientifiques, en répartissant et en élargissant l’effort de pêche. Avec l’Espagne, c’est surtout une question sociale, qui n’a rien à voir avec l’accord de pêche qui liait le Maroc à l’Union européenne.
Mais toujours est-il que l’approche doit être prudente, basée sur l’avis des scientifiques et des professionnels. Il faudra revoir le mode de pêcherie adopté, les outils et les zones concernées pour qu’à l’avenir l’on n’ait pas à le regretter. Si toutes les précautions sont prises, cette flotte espagnole ne posera aucun problème aux ressources.
La démarche est donc différente de celles des accords anciens accords de pêche conclus avec l’UE ?
Tout à fait. Nous ne sommes plus dans le cadre des anciens accords. D’après nos informations, la flotte espagnole serait autorisée à pêcher dans la partie nord-atlantique du Maroc. De petits bateaux cibleront certaines espèces non menacées comme le sabre. Il n’y a pas de menaces directes sur les ressources.
On a l’impression que le retrait de la flotte européenne en 2000 n’a pas eu d’effet bénéfique sur les ressources. Qu’en est-il vraiment, à votre avis ?
Effectivement. Les choses ne se sont pas améliorées, car aujourd’hui le secteur vit une crise à tous les niveaux avec des baisses de production et de chiffre d’affaires. Il faudra en tirer les enseignements et mettre en place une réglementation plus sévère pour préserver les ressources. Des mesures d’urgence doivent être prises, surtout au niveau de la protection des ressources halieutiques. Malgré tout, il faut rester optimiste. Le secteur des Pêches se relèvera de ses difficultés et continuera à créer des emplois et à drainer des devises au Maroc. Actuellement, la conjoncture est difficile. La hausse du prix du gasoil, l’augmentation du prix du matériel de pêche, presque totalement importé et la rareté des ressources pèsent sur nos trésoreries. Mais toute solution passe par la réglementation. Il faut un plan d’action.
Justement, en guise de plan d’action, que pensez-vous du contrat-programme signé entre l’Etat et les professionnels ?
Le contrat-programme, c’est comme un poisson d’avril. L’ancien ministre en avait fait son cheval de bataille. On en a beaucoup parlé. Mais rien de tout ce qui était dit n’a été concrétisé. Le texte, en lui-même, est un ensemble de recommandations sur ce que doivent faire les uns et les autres. Il faut instaurer le débat, la réflexion avec tous les partenaires, l’Inrh, le ministère et les professionnels. On doit être flexible. Ce n’est pas en fermant nos frontières, que l’on résoudra nos problèmes. Car, avec ou sans les espagnols, on ne pourra protéger les ressources que par une bonne réglementation.

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