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La réinsertion ratée

© D.R

Autrefois ceux qui tendaient la main étaient réellement dans le besoin si ce n’est dans le dénuement complet. La mendicité était réservée uniquement aux handicapés physiques et aux personnes âgées incapables de subvenir à leurs besoins. De nos jours, la règle n’est plus respectée et la mendicité s’est malheureusement transformée en une fonction quotidienne. La charité est un travail fixe qui fonctionne à merveille et fait nourrir moult familles.Des femmes, des hommes, des enfants, des vieux et des jeunes, le monde de l’aumône n’épargne aucune catégorie. On les voit partout, devant les hôpitaux, les mosquées, les supermarchés ou dans les coins des rues, ils sont dans les stations des transports en commun ou font le tour des cafés et des bistros de la ville, les mendiants envahissent tous les secteurs de la vie publique. Et quoi que la justice réprime le fléau comme étant un délit puni par la loi, la mendicité reste un phénomène qui ne touche pas seulement les couches les plus démunies, un virus qui s’infiltre de façon normale dans la classe moyenne de notre société. Pour combattre cette nouvelle maladie sociale, deux solutions ont été envisagées par l’autorité du pays à savoir la pression pénale et le placement dans des centres d’accueil réservés aux sans abris. Pour ce qui est de la loi, elle est claire : la mendicité est un délit qui encourt la prison ferme. Quant à la solution éducative , les mendiants et les vagabonds sont placés dans des centres réservés exclusivement à leurs prises en charge. A Rabat, tous les mendiants interpellés par la police sont placés automatiquement au centre de Aïn Atig à Témara. Ledit centre se trouve depuis sa création dans des difficultés de surpeuplement intense. Le nombre prévu pour leur maintien n’a jamais été respecté et de ce fait, le centre d’Aïn Atig censé être un établissement éducatif pour la rééducation de l’enfance et de l’adolescence inadaptées devient une sorte de prison civile incapable de maintenir les règles socio-éducatives auxquelles il a été désigné depuis sa mise en exercice. Le problème du surpeuplement a créé une vraie panique et un vrai désordre non seulement au niveau de la prise en charge financière, médicale et sportive, désormais, il s’est transformé en une école de dérive sociale pour les délinquants de tout bord. Mais le problème du centre d’Aïn Atig n’est pas la surcharge et le mélange des sujets d’accueil, le problème de la formation professionnelle des employés du centre est d’une extrême gravité. Il n’y a pas un seul éducateur spécialisé qui travaille officiellement au centre, le peu d’employés (qualifiés) pour l’exercice de cette noble fonction éducative, manquent en premier lieu de moyens adéquats relatifs aux besoins matériels de toute la population du centre et d’autre part, ils ne sont pas en mesure d’accomplir leur mission pour manque de qualification professionnelle. L’autre problème qui complique la situation d’Aïn Atig n’est pas du moindre. D’après des anciens clients du centre, la maltraitance est une monnaie courante qui s’applique sans aucune pitié. D’ailleurs, la plupart attendent l’occasion propice pour prendre la fuite. À maintes reprises, des mineurs ont organisé des fugues spectaculaires pour échapper au mauvais traitements. Ils préfèrent la rue à la raclée, la faim au rassasiement, le froid au chaud … et…peut-être le mal au bien ! En tout cas, une chose est sûre, les mendiants à Rabat passent leur temps à échapper aux rafles policières et aux volées éducatives. Une cavale qui les pousse souvent à commettre des délits d’emprisonnement impardonnables. Lorsqu’il s’agit de mineurs, s’ils ne sont pas coupables, ils risquent de devenir une proie facile pour les pédophiles en quête de bambins sans domicile fixe, sans protection, sans amour, sans famille… ….sans la vie !

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