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La rupture hésitante de De Villepin

C’est demain jeudi que Dominique de Villepin devra en principe présenter son «grand projet pour la France», celui qu’il avait troussé dans la douleur de sa confrontation politiquement mortelle avec Nicolas Sarkozy sur fond de vengeances acariâtres, de coups bas sanglants, de règlements de comptes inextinguibles. Logiquement, l’homme devra incarner l’alternative la plus incandescente à Nicolas Sarkozy. Alors que le président de la République n’avait pas encore atteint ce record d’impopularité qui fait douter sa famille politique de sa capacité à être son leader naturel pour la reconquête de l’Elysée, Dominique de Villepin, mû par un instinct de survie, avait su développer l’un des réquisitoires les plus violents contre la gouvernance de Nicolas Sarkozy au point de faire passer les cris d’indignation de l’opposition pour des murmures de compromis et de complicité. Le grand duel Sarkozy – De Villepin promettait d’être homérique. Le premier avait promis de pendre le second sur un croc de boucher. Tandis que De Villepin s’était juré de déloger Nicolas Sarkozy de l’Elysée et de le renvoyer à ses cabinets d’avocats. Et puis brusquement comme si une fée bienfaitrice les a touchés de sa baquette magique, voilà que la hache de guerre a été enterrée. Les nombreuses médiations des amitiés communes ont produit leurs effets. Profitant de la présidence française du G20, Dominique de Villepin est reçu à plusieurs reprises à l’Elysée. Raison officielle : consulter un ancien Premier ministre sur l’agenda et les enjeux de cette présidence. Raison non avouée : aboutir à une réconciliation entre les deux hommes pour que cessent leurs combats destructeurs par la majorité. même si Dominique de Villepin avait pris soin d’annoncer son retrait de l’UMP avant cette série de rencontres. Il faut dire que les résultats ont été immédiats. Alors que rien de ce qu’entreprenait Nicolas Sarkozy ne trouvait grâce aux yeux de Dominique de Villepin, voilà que sur des sujets très sensibles et des décisions contestées, le président de la République recueille les éloges de son ex-détracteur. À titre d’exemple, l’opération militaire ordonnée par Nicolas Sarkozy pour libérer les otages français enlevés par AQMI au Sahel et qui avait connu un échec, l’opération militaire lancée contre Mouammar Kadhafi et plus récemment l’accélération militaire contre Laurent Gbagbo pour installer Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire. La rupture hésitante de Dominique de Villepin à l’égard de Nicolas Sarkozy s’est ressentie à travers des silences très parlants. Alors que Claude Guéant, ministre de l’Intérieur et éminence grise de Nicolas Sarkozy, se livrait à une danse endiablée pour séduire les électeurs du Front National en produisant un feu d’artifice de polémiques, Dominique de Villepin, traditionnellement prompt à lever l’étendard républicain, est resté étrangement silencieux ou en tout cas ne s’est pas arrangé pour que son indignation soit efficacement relayée. Ce qui risque de compliquer davantage la relation entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy c’est la multiplication des défections au sein de la majorité présidentielle dont la plus récente et la plus spectaculaire fut la prise de distance de Jean-Louis Borloo. Sans parler des mouvements de défiance qui travaillent la majorité présidentielle portés par de nombreuses ambitions comme celle que peuvent incarner des hommes comme le Premier ministre François Fillon ou le ministre des Affaires étrangères et maire de Bordeaux Alain Juppé.

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