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Laâfora charge à fond Afilal

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L’instruction judiciaire du procès intenté par le ministère public contre l’ex-président de la commune urbaine des Roches noires, Abdelmoughit Slimani, et l’ancien gouverneur de la préfecture d’Aïn-Sebaâ Hay Mohammadi, Abdelaziz Laâfora, connaîtra-t-elle des rebondissements inattendus ?
Les déclarations des accusés devant le juge d’instruction regorgent en révélations qui peuvent donner de nouvelles dimensions à cette affaire.
La semaine dernière, l’ex-président de la commune urbaine d’Aïn-Sebaâ, Lahcen Haïrouf, l’un des principaux accusés dans l’affaire, a fait une déclaration explosive durant son interrogatoire par le juge chargé du dossier en accusant formellement l’un des principaux dirigeants syndicaux d’être impliqué dans les affaires de détournements dont sont accusés Slimani, Laâfora et leurs acolytes. Hairouf a ainsi accusé son successeur à la tête de la commune d’Aïn-Sebaâ, Abderazzak Afilal, d’avoir faussé une expertise officielle pour pouvoir acheter une villa à un prix dérisoire par rapport à sa valeur réelle.
En fait, il s’agit de la résidence actuelle de M. Afilal qui est une villa d’une superficie de 3000 m2 que le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) avait achetée des domaines publics et qui ne lui a coûté que 650 mille DH.
Une accusation aussi grave, si elle s’avère être vraie, pourrait totalement bouleverser le cours de l’enquête menée par le juge d’instruction. S’agissant de l’un des personnages politiques les plus présents sur la scène politique et syndicale du pays, l’affaire prendrait alors une nouvelle dimension.
D’ailleurs, l’une des explications que l’on pourrait donner aux accusations de Lahcen Hairouf contre Afilal est que le premier viserait à engager le procès dans une voie politique dans l’espoir de diminuer la pression sur les principaux accusés.
Pour le secrétaire général de l’UGTM, l’accusation est non seulement infondée, mais elle a un objectif vindicatif certain. Selon lui, le dénommé Lahcen Hairouf et l’ancien gouverneur Laâfoura veulent se venger de lui en essayant de salir son image. La raison est simple, selon lui. « C’est moi qui suis à l’origine des révélations sur les malversations opérées par Abdelaziz Laâfoura, l’ancien gouverneur d’Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi et Lahcen Hairouf, l’ancien président de la commune d’Aïn Sebaâ », explique-t-il.
Ainsi, raconte-t-il, Lahcen Hairouf, qui occupait la présidence de la commune d’Aïn Sebaâ entre 1992 à 1997, avait signé le droit constaté d’une valeur de 8 millions de DH et empoché l’argent de la banque dans le cadre du projet de la construction du siège de la commune, mais il n’a pas eu le temps d’empocher tout l’argent puisque c’est Afilal qui sera élu président de la commune en 1997. « Je devais signer l’encaissement du chèque quand j’ai repris mon poste de président de la commune, mais j’ai refusé de le faire, avant d’engager une expertise », explique le patron de l’UGTM.
Aussi, affirme-t-il, qu’il s’est allé prévenir Abdelaziz Laâfora pour l’informer de l’affaire, mais celui-ci lui aurait dit que son « expertise était caduque, qu’elle n’avait aucune valeur » et qu’il ferait mieux de s’occuper de ses affaires. La question de la villa ne serait ainsi qu’une affaire montée de toutes pièces pour porter atteinte à sa réputation.
Quelle est donc l’histoire de la villa ? L’affaire remonte à 1985 lorsque Abderrazak Afilal achète ladite villa, qui appartenait aux domaines publics, à un prix apparemment préférentiel : 650 mille DH pour une villa de 3000 m2 à Casablanca. C’est sur cette question de prix que l’ex-président d’Aïn Sebaâ accuse son prédécesseur de faux. Selon ses déclarations devant le juge d’instruction, la villa coûtait plus cher et que c’est Afilal qui manipula l’expertise afin de pouvoir l’acquérir à bas prix. « C’est faux ! », répond M. Afilal. Selon lui, sa maison a été achetée d’une manière légale et en respect de toutes les procédures légalement requises dans ces cas. « Il faut savoir que ma maison a été achetée légalement, en 1985, pour la somme de 650 000 DH. Ma femme avait payé 400 000 Dh, et l’acte d’achat s’est effectué conformément à la loi », affirme-t-il, avant de rajouter que ce document « avait été signé par le ministre de l’Intérieur, le ministre des Travaux publics, le ministre des Finances et avait même fait l’objet d’une publication au Bulletin officiel ».
Mais, Abderrazak Afilal ne se limite pas à ces explications. Il menace ses accusateurs de révéler davantage d’affaires compromettantes pour eux s’ils continuent à tenter de salir sa réputation. « Ceux qui s’agitent pour me calomnier devraient savoir que j’ai d’autres révélations à faire », menace-t-il en rajoutant que « le temps n’est pas encore venu pour tout dire, mais ce qui a été tu est encore plus explosif que ce qui a été dit ». Enfin, le secrétaire général de l’UGTM conclut qu’il est un homme intègre, constamment déficitaire avec sa banque.
En somme, la tentaculaire affaire de Slimani, Laâfora et leurs acolytes continue à prendre des ramifications et risque de s’élargir à d’autres personnes et de révéler au grand jour d’autres dossiers de détournements de fonds publics.

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