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Lahcen Falah : «à Pretoria, il y avait des individus qui ont commis des crimes à Gdim Izik»

© D.R


ALM : Quelle évaluation faites-vous de la participation marocaine au FMJE à Pretoria ?
Lahcen Falah : La participation de la délégation marocaine à la 17ème édition du FMJE en Afrique du Sud a été très positive. Notre présence à Pretoria, parmi plus de 137 délégations, nous a permis de faire entendre la voix du Maroc et de défendre, comme il le faut, la première cause nationale, à savoir l’intégrité territoriale du Maroc. Bien avant notre déplacement à Pretoria, nous étions convaincus que les parties hostiles au Maroc allaient mettre les mains et les pieds pour empêcher le Maroc de participer à ce grand événement. Nous avions deux choix, soit boycotter la manifestation, soit participer et assumer notre responsabilité. Nous avons opté pour la participation car l’attitude passive ne mène à rien. La chaise vide ne parle pas. Nous avons constaté à Pretoria que les délégations des pays hostiles au Maroc ont fait l’impossible pour donner une fausse image du Maroc.

En quoi consistait votre démar-che pour faire face aux provocations des autres parties?
La délégation marocaine a fait preuve de civilité et de grande maturité politique. Nous avons affirmé, dès le départ, que nous optons pour le dialogue civilisé loin du langage de la violence. D’ailleurs, c’est la vocation du FMJE. Ceci dit, les parties hostiles au Maroc ont bien voulu que la délégation marocaine réponde à l’usage de la violence par des actes de représailles pour dire au monde entier que le Maroc est synonyme de violence, surtout que ce festival intervient peu de temps après les événements sanglants de Laâyoune.

Que s’est-il passé lors de la cérémonie d’ouverture du festival?
En fait, le comité d’organisation du festival voulait absolument que la délégation marocaine soit absente lors de cette cérémonie. Les bus qui devaient nous transporter de l’hôtel au stade qui abritait la cérémonie ne sont pas arrivés à temps. Le comité nous a contactés, par ailleurs, pour nous affirmer que la cérémonie a été reportée à cause des conditions climatiques et que le président de la République n’était pas arrivé. Peu de temps après, nous nous sommes rendu compte que la cérémonie d’ouverture avait déjà commencé. C’est ainsi que nous nous sommes débrouillés pour faire le déplacement. Nous nous sommes installés au stade abritant la cérémonie d’ouverture. Peu de temps après, le président de la Jeunesse du Congrès national africain (ANC) que a fait une allocution en présence du chef de l’Etat, Jacob Zuma. Il a affirmé, en notre présence, que le Maroc est un pays d’apartheid. C’est ainsi que nous avons brandi les drapeaux marocains et nous avons lancé la musique gnaouie pour dénoncer ces propos provocateurs. En fait, plusieurs délégations ont condamné vigoureusement cette attitude hostile du président de la Jeunesse de l’ANC.

Que s’est-il passé par la suite?
Après la fin de la cérémonie d’ouverture, c’était le tour aux délégations du front Polisario et de l’Espagne. Ces délégations nous attendaient à la sortie du stade. Elles ont brandi des banderoles hostiles à l’intégrité territoriale du Royaume, notamment en assimilant le Maroc à Israël. Elles voulaient absolument qu’on réponde à leur démarche par l’usage de la violence. Mais la délégation marocaine a fait preuve de grande maturité et de retenue.

Qu’avez-vous remarqué à propos de la délégation du Polisario ?
La nouveauté par rapport à cette année c’est que la délégation du Polisario au FMJE était divisée en deux. Il y avait d’une part les polisariens de Tindouf, un groupuscule connu de tout le monde. Et il y avait d’autre part, chose nouvelle, plusieurs membres du Polisario de l’intérieur. Parmi ces derniers, il y avait même des individus qui ont participé aux actes de vandalisme, des gens qui ont commis des crimes à Gdim Izik, ayant fui les poursuites judiciaires. Cela fait 18 ans que je participe à des manifestations du genre du FMJE et jamais de ma vie je n’ai vu des gens pareils. Ces derniers menaçaient tout le temps les membres de la délégation marocaine d’agression et d’assassinat. «Si à Laâyoune, on a tué onze membres parmi les forces de l’ordre, à Pretoria nous voulons tuer mille», nous menaçaient toujours les polisariens.

Qu’en est-il des agressions que les membres de la délégation marocaine ont fait l’objet?
Hormis la violence verbale, nous avons enregistré l’usage de la violence physique par les délégations hostiles au Maroc à trois reprises. La première fois c’était au cours de la deuxième journée du festival. Vers 19h, heure locale, à la sortie des membres de la délégation marocaine du Centre qui accueille les travaux du festival, des séparatistes, soutenus par des membres des délégations algérienne et cubaine, ont profité de la tombée de la nuit pour les prendre d’assaut. Armés de barres de fer et de bâtons, les assaillants ont blessé quatre congressistes marocains, dont moi-même. La deuxième agression a eu lieu au cours du troisième jour du festival. Comme à l’accoutumée, il y avait les membres de la communauté marocaine résidant en Afrique du Sud qui nous rendaient visite régulièrement. Ce jour-là, l’un d’eux ayant la nationalité sud-africaine a brandi le drapeau national et a clamé fort, en plein public, la marocanité du Sahara. C’est ainsi qu’il a été pris d’assaut par deux séparatistes. Ce ressortissant sud-africain a déposé plainte auprès de la police. Suite à cela, les deux agresseurs ont été interpellés. Mais ils ont été libérés, peu de temps après, à cause de l’intervention du consul général espagnol à Pretoria. La dernière agression a eu lieu au cours du workshop organisé sur le projet d’autonomie.

Quelles sont les difficultés qui ont entravé l’organisation de ce workshop?
En fait, dès le départ, le comité préparatif du festival s’opposait à l’organisation de ce workshop. Il y a trois mois, j’avais pris part à une réunion de ce comité à Chypre, le jour de la fête de l’Aïd Seghir. Les organisateurs ne voulaient absolument pas que le projet d’autonomie soit évoqué lors de ce festival. De notre part, nous avons tenu à l’organisation de ce workshop. Nous avons affirmé aux membres de ce comité que nous voulons rompre, une fois pour toutes, avec les spéculations politiciennes à propos de ce sujet. Et enfin, la conférence a été retenue et a été bel et bien organisée avec la présence de 300 personnes. En marge de l’organisation de ce workshop, des membres des délégations espagnole et du Polisario sont intervenus pour envenimer le climat serein en brandissant une banderole où l’on assimile le Maroc à Israël. Les congressistes marocains ont dû intervenir pour arracher cette banderole. Quatre parmi les congressistes marocains se sont évanouis des suites de bousculades.

Que dites-vous à propos de la décision de l’expulsion de la délégation marocaine ?
Il s’agit d’une décision injuste et préméditée. C’est la délégation espagnole qui devait être expulsée parce que c’est elle qui a multiplié les actes provocateurs contre notre délégation. En fait, la décision de notre expulsion émane d’un plan ourdi par l’Afrique du Sud pour exclure la délégation marocaine. Les organisateurs voulaient absolument que la délégation marocaine quitte le festival par une décision d’expulsion.


La jeunesse se mobilise pour la défense de la marocanité du Sahara
La 17ème édition du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants (FMJE) a eu lieu du 13 au 23 décembre à Pretoria. La délégation marocaine a regagné, samedi 25 décembre le Royaume, après avoir été exclue, de façon injuste, par les organisateurs de cette manifestation. La délégation marocaine, forte de 157 congressistes, a mis en avant la justesse de la cause nationale devant plus de 17.000 jeunes de 140 pays en dépit des agressions et des provocations dont ils ont fait l’objet de la part des séparatistes du Polisario. Les congressistes marocains ont mené une offensive diplomatique acharnée en multipliant les contacts avec les autres délégations dans le but de faire prévaloir la justesse de la cause nationale. La délégation marocaine tiendra ce mardi une conférence de presse à Rabat pour présenter le bilan de sa participation.

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