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L’après 16 mai n’a pas eu lieu

© D.R

Les attentats terroristes du 16 mai à Casablanca ont causé un choc terrible chez tous les Marocains. Mais après le traumatisme causée par les images d’horreur des innocentes victimes de la barbarie, toute la population a condamné ces actes odieux. La consternation s’est transformé en colère à l’encontre des commanditaires et des exécutants de cette boucherie. La grande marche qui a sillonné les artères de Casablanca a démontré une fois encore que les Marocains savent s’unir spontanément face au danger. La réaction populaire a été donc à la mesure du drame qui a endeuillé plusieurs familles et a tenté d’ atteindre à la sécurité de l’Etat. Les services de la police ont été on ne peut plus réactifs puiqu’ils ont réussi, le soir même, à tenir le fil conducteur qui les a menés à la cache des kamikazes. La suite a démontré que le gîte de sidi Moumen n’était qu’un maillon d’un dangereux réseau terroriste qui couvait dans plusieurs régions du Royaume. Le démantèlement de ces cellules dormantes a donné lieu à une multitude de procès qui se poursuivent jusqu’à ce jour à la cour d’appel de Rabat. Mais si le peuple a rapidement réagi à cette intrusion du terrorisme dans notre pays et si la police s’acquitte convenablement de sa tâche, on ne peut dire que sur le plan politique, l’Etat et les partis en ont vraiment tiré les enseignements nécessaires. Tout le monde avait alors soutenu, avec une assurance absolue , que l’après 16 mais ne sera jamais comme avant. Force est de constater aujourd’hui que ni les pouvoirs publics, ni les partis politiques , voire la société civile, n’ont riposté avec la rigueur qu’il fallait à la déférlante islamiste. Bien au contraire tout le monde a fini par baisser le bras en faisant des concessions, voire en fondant dans la complaisance et le clientélisme. Les pouvoirs publics auraient à l’époque pris beaucoup de mesures qui auraient limité les dégâts d’un islamisme ambiant et violent verbalement. Rien n’empêchait, par exemple, l’Etat de reporter la date des élections communales pour voir plus clair dans le comportement des partis à référentiel islamiste. Pis encore, les pouvoirs publics qui, au début, ont pointé du doigt le PJD dont l’un des membres étaient impliqué directement dans les attentats, ont fini par lâcher du lest. Ce n’est pas quand même le fait de faire démissionner Raïssouni et Ramid qui va amadouer un parti à double face. Celle du PJD politique dirigé par le Dr Khatib mais qui ne cultive pas moins des propos virulents et celle du mouvement radical , le MUR, qui est le maillon fort du parti. Il est quand même étonnant que le gouvernement puisse tolérer un mouvement islamiste radical au sein d’un parti. C’est ce double langage qui a brouillé les cartes d’un parti à reférentiel islamiste qui use de deux publications pour souffler le chaud et le froid. Si la démocratie récuse la dissolution d’un parti, la loi, elle, est tout à fait habilité à dissoudre un mouvement islamiste qui se meut dangereusement au sein d’un parti. Cette complaisance de l’Etat envers le PJD a fait de ce dernier un parti courtisé parfois par ses plus coriaces adversaires lors des dernières élections. C’est à croire que l’on a tout fait pour réhabiliter un parti qui était dans le collimateur de la majorité du peuple. Le socialiste Mohammed Elyazghi, qui osé dire la verité sur le PJD à la télévision, n’a t-il pas été lâché par les autres partis politiques, voire par les siens ? Il est tout de même curieux qu’un politique, de cette trempe soit jeté en pâture parce qu’il a osé dire ce que d’autres ont été incapables de dire. Ce qui est grave dans cette ascension anormale du PJD, c’est que la complaisance de l’Etat a poussé les partis à s’allier avec les islamistes pour contrer leurs alliés naturels : les démocrates. La gauche , la droite et le centre n’ont pas eu honte de composer politiquement avec des islamistes qu’ils taxent pourtant d’obscurantisme et de non démocrates. Une cohabitation malsaine qui a hissé les élus islamistes à des postes importants dans les mairies et les communes. Inconscience politique ou stratégie nulle ? Dans les deux cas les pouvoirs publics et les partis ont démontré qu’ils n’ont rien retenu des enseignements du 16 mai. L’alerte est au rouge.

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