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Larbi Belkheir boude son poste

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Larbi Belkheir, le général-major à la retraite nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Rabat, n’a toujours pas rejoint son poste dans la capitale marocaine comme prévu. Le premier concerné avait déclaré en août dernier, depuis Paris où il se trouvait pour raisons médicales, qu’il se rendrait à Rabat «probablement» en octobre. Or ce mois tire à sa fin et Larbi Belkheir semble se plaire à Paris.
Cette situation ne va pas sans tracas pour les deux voisins. Boualem Bessaieh, le prédécesseur de Belkheir, a regagné l’Algérie après avoir été reçu et décoré par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Bessaieh était pressenti pour présider le Conseil constitutionnel algérien.
Toutefois, du côté marocain, Mohamed Said Benrayane n’a toujours pas cédé la place à son successeur à l’ambassade marocaine, Abdelilah Belkziz nommé officiellement il y a plusieurs semaines. De sources informées, ALM apprend que Benrayane ne serait plus invité aux cérémonies officielles algériennes.
Le « retard » pris par Larbi Belkheir redonne lieu à une autre série de spéculations. Certains observateurs n’hésitent pas à évoquer la possibilité d’un refus de l’ex-général de ses nouvelles missions malgré le désaveu qu’il avait apporté lui-même à ce genre de rumeurs en août dernier. D’autres penchent pour d’autres hypothèses dont celle voulant que l’homme attende que les choses se calment dans la région après les derniers développements concernant le conflit autour du Sahara marocain, mais aussi à cause des polémiques suscitées dernièrement par les assauts d’immigrants subsahariens contre les présides de Sebta et Mellilia. Le Maroc, mais aussi plusieurs pays européens et organismes internationaux, ont affirmé que l’Algérie doit assumer sa part de responsabilité et, entre autres, par le contrôle des flux d’immigrants qui font de son territoire le principal point de transit vers le Maroc.
Hypothèse qui ne tient pas la route, relève un autre connaisseur du dossier des relations entre le Maroc et l’Algérie. Ce dernier affirme qu’un homme comme Larbi Belkheir aurait mieux fait de se trouver à Rabat dans cette conjoncture un peu plus tendue que ce soit à cause du Sahara marocain ou du dossier de l’immigration subsaharienne. Surtout que l’homme est présenté comme un diplomate porté sur le compromis et doublé de grandes qualités de négociateur.
C’est d’ailleurs lui qui annonçait la couleur juste après sa nomination officielle. «Ma priorité sera d’établir des relations de confiance avec le Maroc, et surtout une véritable communication entre les deux pays. Cela fait trop longtemps que nos relations passent par des hauts et des bas. Or le Maroc est notre voisin et le restera. Nous sommes condamnés à nous entendre», déclarait Belkheir en août dernier au quotidien français «Le Monde».
La désignation de Larbi Belkheir à ce poste avait fait l’objet, durant plusieurs semaines, d’un véritable feuilleton entretenu par la presse algérienne qui s’en est donnée à cœur joie en faisant tous les commentaires imaginables. Ici pour parler de graves divergences entre Bouteflika et Belkheir et donc volonté du premier de se débarrasser du second, là de la fin de la mainmise des militaires sur le pouvoir et, pour finir, une série d’articles consacrés à un supposé refus du concerné d’accepter ses nouvelles missions chez le voisin. Les choses commenceront à être plus claires dès le 23 août dernier. Ce jour-là, un communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien indiquait que le Royaume du Maroc avait agréé la nomination de Larbi Belkheir ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l’Algérie à Rabat. Même avec cette autre confirmation, des milieux algériens ont continué à évoquer un éventuel refus du concerné de donner suite à sa désignation à ce poste.
La nomination de Larbi Belkheir à Rabat intervenait après une nouvelle traversée de désert dans les relations entre le Maroc et l’Algérie à cause notamment de la position du pouvoir algérien quant au dossier du Sahara marocain et notamment le message de soutien qu’avait adressé Bouteflika à son «homologue» Mohamed Abdelaziz. Lettre suite à laquelle les choses se sont davantage compliquées pour donner lieu à d’autres blocages. Le sommet de l’Union du Maghreb arabe n’aura pas lieu. Plus encore, le Maroc signifiera à Ahmed Ouyahia, premier ministre algérien, qu’il était « indésirable » au Maroc. Cette ferme position marocaine intervenait juste quelques jours avant une visite prévue au Royaume d’une délégation de plusieurs ministres conduite par Ouyahia. Larbi Belkheir séjourne toujours à Paris. Il semble bouder Alger et prendre tout son temps pour rejoindre Rabat. Si jamais il s’y décide…

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