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Le carburant au Maroc ne carbure plus

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L’heure est grave. Jamais depuis 50 ans le Maroc n’a connu une telle chute des ventes de carburants. «Nous constatons une baisse de 10% dans les ventes des distributeurs de carburant à travers le Maroc. Cette baisse significative est plutôt alarmante et mérite qu’on s’y arrête puisqu’il s’agit d’un indicateur important de la situation économique dans le Royaume», précise Adil Ziady, président du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM).

En effet, qui dit baisse des ventes de carburant dit situation économique au ralenti et impact sur l’investissement et l’emploi. Principal mis en cause : la crise. «Certains opérateurs et acteurs majeurs de l’économie du pays connaissent actuellement une récession importante traduite par nos chiffres. Nous avons de gros volumes en moins sur deux secteurs clés en particulier. Il s’agit de la sidérurgie et du bâtiment», explique M. Ziady.

Et de poursuivre : «Dans le même sens, la baisse d’activité et la récession dans le transport de marchandises vers l’international ont également apporté leur concours au ralentissement des ventes de carburant. Si je prends en exemple les exportations marocaines de poisson vers l’Espagne, il est normal qu’avec la crise en Europe la consommation de poisson en Espagne baisse et nous allons donc acheminer moins de poisson vers l’Europe, ce qui va directement impacter les ventes de carburant. Cependant, il convient de relever que le transport urbain connaît une certaine stabilité».

Ainsi, les chiffres se sont grandement rétractés en ce premier trimestre 2013 jusqu’à atteindre un recul de 9% pour le gasoil et de 14% pour le super sans plomb en comparaison aux chiffres de mars 2012. «Nous avons commencé à ressentir un recul des ventes depuis le quatrième trimestre 2012. En fin d’année, il commençait à devenir évident que la crise a gagné du terrain et les ventes de carburant ont directement fait les frais. Et c’est surtout à la période des bilans que les entreprises ont commencé à faire leurs plans de récession et d’économie, d’où le début de la baisse des ventes de carburant», a relevé M. Ziady.

Cependant, le recul des ventes de carburant n’est pas seulement une donnée révélatrice d’une défaillance économique, il est également à court terme un acteur de cette défaillance économique. En effet, plusieurs aspects et conséquences de ce recul des ventes peuvent être relevés. «Le premier point est incontestablement l’investissement dans le secteur. Les distributeurs de carburant ayant moins de bénéfices vont moins investir en infrastructures. Cela est normal», explique M. Ziady. Et de poursuivre : «Mais encore, ce gel d’investissement dans les réseaux va se répercuter sur l’emploi. En effet, chaque station emploie entre 20 et 30 personnes et sachant que chaque année voit la création d’une moyenne de 50 stations-service et que dans ces conditions ce nombre sera réduit de moitié en 2013, je vous laisse faire le calcul du nombre d’emplois perdus». Ce sont donc plus de 600 emplois qui seront perdus chaque année en plus d’un ralentissement de l’investissement dans tout le secteur.

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