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Le Jihadisme bouge encore

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Les Marocains commémorent ce dimanche les attentats terroristes sanglants du 16 mai 2003 de Casablanca. La série des attentats suicides, ayant fait 45 morts et plus d’une centaine de blessés, marque les esprits des Marocains à tout jamais. Sept ans après ce drame, le spectre du terrorisme plane toujours sur le Royaume. Preuve en est les démantèlements fréquents des cellules terroristes. Le Maroc poursuit donc sa lutte. Rien qu’en avril dernier, les services de lutte antiterroriste ont parvenu à démanteler un réseau terroriste international lié à Al Qaïda. Le réseau composé de 24 membres, arrêtés vers la mi-avril dans plusieurs villes du Royaume «s’apprêtait à commettre des assassinats et des actes de sabotage à l’intérieur du pays, notamment à l’encontre des services de sécurité et d’intérêts étrangers au Maroc». Le nombre total des cellules démantelées depuis l’année 2003 s’élève à près de 70. Selon les spécialistes du dossier, les sept ans de lutte contre le terrorisme ont permis le démantèlement des structures, mais la Salafiya Jihadiya en tant qu’idéologie persiste. «L’anéantissement de l’idéologie de la Salafiya Jihadiya dépasse largement la capacité des services de sécurité. Ces derniers peuvent très bien mettre fin à une organisation ayant des structures bien déterminées, mais surtout pas à une idéologie. Ceci est dû essentiellement au fait que les moyens de communication se sont développés ces derniers temps, chose qui a fait que l’information échappe de plus en plus au contrôle de l’Etat», précise le sociologue Mohamed Darif. Pour sa part, l’islamologue Saïd Elakhal affirme que, sept ans après les attentats sanglants, le danger de la Salafiya Jihadiya s’est accentué au Maroc. «Les cellules terroristes sont plus fortes qu’autrefois. Aujourd’hui, nous avons le groupe jihadiste algérien qui s’est converti depuis 2007 en organisation relevant d’Al Qaïda, à savoir l’AQMI. Ce n’était pas le cas avant le 16 mai 2006. L’AQMI est désormais pour les cellules terroristes d’Al Qaïda au Maroc, au Niger ou au Mali un soutien incontournable. La situation est devenue encore plus catastrophique du fait que l’AQMI s’est alliée aux organisations criminelles transnationales de trafic d’armes et de la drogue avec tout ce que ceci entraîne comme conséquence», indique M. Elakhal. Les deux analystes s’accordent pour dire que les efforts déployés par les services de sécurité ont montré leur efficacité dans ce cadre, appelant en même temps à combiner cette approche aux réformes socio-économiques, culturelles et religieuses pour déboucher sur l’éradication du fléau du terrorisme. «Certes, le Maroc a fait un travail de prévention considérable à travers une série de mesures qui relèvent de l’information et de la surveillance et qui contribuent à réduire le risque terroriste. Mais comme partout à travers le monde, aujourd’hui il n’y a pas de risque-zéro du fait même du mode d’action et d’organisation des terroristes en petits groupuscules. La vigilance doit rester de mise parce que l’enjeu se situe au niveau global qui est Al Qaïda. Même si Al Qaïda prend du recul au niveau mondial, le risque demeure notamment avec la création de l’AQMI et l’existence de connexions transcontinentales», affirme, pour sa part, le professeur des sciences politiques, Youssef Belal, dans une déclaration à ALM. Pour ce dernier, la vigilance doit rester de mise, tout en garantissant le respect des libertés individuelles. «L’enjeu et le défi de la lutte contre le terrorisme au Maroc est de rester vigilant du point de vue sécuritaire, tout en veillant à préserver les libertés publiques. Cette lutte ne doit pas être prétexte à la création de pouvoirs trop étendus et exceptionnels qui ne soient pas sous le contrôle de la justice et de l’Etat de droit», ajoute-t-il. Sept ans donc, après les dramatiques attentats de Casablanca, les réseaux jihadistes continuent de bouger au Maroc.

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