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Le Maroc débordé par les subsahariens

© D.R

L’immigration clandestine des subsahariens vers et à travers le Maroc est en train de prendre des dimensions alarmantes. L’arrestation, vendredi dernier à Rabat, de 354 immigrés clandestins subsahariens qui étaient tous installés dans le même quartier atteste que le phénomène devient de plus en plus grave. L’opération de Rabat n’est pas la première en son genre. La lutte des autorités publiques contre ce phénomène est un travail continu dans le temps et s’étend sur tout le territoire national. Mais, il est certain que le fait marquant de l’action qui a eu lieu à Rabat a été la découverte de ramifications criminelles au sein de cette « communauté » qui avait réussi à s’installer dans ce quartier Rbati provoquant un malaise général chez les citoyens y habitant à cause de l’insécurité qui commençait à y régner. Des passeports falsifiés, de la fausse monnaie nationale et internationale, drogue et armes blanches, ont été découverts lors de la descente policière. Ce qui démontre que des réseaux mafieux, constitués et dirigés par les subsahariennes eux-mêmes commencent à prendre forme. Les circuits traditionnels, dirigés par des Marocains qui s’adonnaient à ce genre d’activités, sont en train d’être remplacés par des bandes formées et dirigées par des subsahariens. Ces nouveaux réseaux se chargent d’organiser les opérations à partir du départ et jusqu’à l’arrivée en Espagne. Mais, en attendant ce départ vers l’Eldorado promis, ces subsahariens passent au Maroc une période qui varie généralement entre un mois et une année. N’ayant plus de ressources financières au bout d’un long séjour pendent lequel ils attendent le départ dans une patera, ils se trouvent obligés de s’adonner à des activités illicites dont le vol, la prostitution, le trafic de drogue ou la mendicité. Mais, d’où viennent ces Subsahariens et comment arrivent-ils à pénétrer au Maroc ? Généralement, les Subsahariens qui transitent par le Maroc proviennent des pays africains qui vivent des situations difficiles notamment les conflits armés ou la pauvreté. Ces pays sont le Nigeria, la République Démocratique du Congo (RCD), Sénégal, Mali, Ghana, Sierra Léone, Gambie, Liberia, Soudan, La République Centrafricaine, le Congo Brazzaville, Cameroun et Côte d’Ivoire. Pour arriver au Maroc, les ressortissants de chaque pays empruntent des chemins différents dépendant de la situation géographique de leur pays. Mais, l’unique étape qu’ils ont en commun est celle de l’Algérie. Ce pays est le passage obligé de la majorité des Subsahariens vers le Maroc. À titre d’exemple, l’itinéraire que suivent les Sierraléonais comprend la Guinée, le Mali, le Burkina Fasso, le Niger et l’Algérie. Pour les Camerounais, il existe deux chemins : ils peuvent entamer leur voyage par le Nigeria et passer par le Niger et l’Algérie avant d’entrer au Maroc, comme ils peuvent commencer par la Côte d’Ivoire, passer au Burkina Fasso, ensuite au Mali et l’Algérie. Ces deux exemples reflètent la véritable dimension de l’aventure qu’entreprennent ces clandestins en partant de chez eux dans l’espoir d’arriver en Europe via le Maroc. Il s’agit parfois d’un voyage à pied qui peut durer jusqu’à deux ans. Arrivés en Algérie, les clandestins sont pris en charge par des relais des réseaux mafieux d’accueil qui se chargent de les faire passer de l’autre côté de la frontière maroco-algérienne. Une fois au Maroc, ils ont le choix entre deux possibilités : se diriger vers le nord dans l’espoir d’atteindre la péninsule ibérique, ou opter pour le sud dans l’objectif de passer aux Iles Canaries. Au nord, ils sont généralement enclins à passer dans l’une des deux villes marocaines occupées par l’Espagne, Sebta et Melillia. Dans ces deux enclaves, ceux d’entre eux qui parviennent à taire leur nationalité sont pris en charge dans des centres spéciaux avant d’être envoyés à la péninsule. Ceux-là auront assuré leur séjour en terre européenne. Pour les autres, ce sera le rapatriement vers leurs pays d’origine. Mais, les moins chanceux sont ceux qui restent bloqués au Maroc et qui finissent par considérer la possibilité de s’y installer. Une option qui devient dernièrement une des possibilités que les Subsahariens considèrent comme une alternative en cas d’échec de leur tentative d’atteindre l’Espagne. Le Maroc n’est donc plus un pays de transit, mais il devient de plus en plus un pays d’accueil de l’immigration clandestine. Les autorités marocaines sont conscientes de ce constat. Mais, il faut reconnaître que les moyens financiers, techniques et humaines font défaut pour lutter contre ce phénomène de dimension internationale. Pour ce faire, l’Union Européenne est tenue de soutenir les efforts du gouvernement marocain. Rappelons que Bruxelles a toujours exigé au Maroc d’arrêter les flux migratoires transitant par son territoire sans pour autant l’y aider. Les promesses n’ont certes pas manqué, mais sans jamais passer à l’acte. Le phénomène de l’immigration clandestine est un problème international, et la responsabilité de le freiner ne peut aucunement être l’affaire d’un Etat quels que soient ses moyens ou sa bonne volonté.

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