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Le Maroc ferme ses portes à «Ni putes ni soumises»

© D.R

«Nous ne sommes Ni putes ni soumises, nous sommes libres!». Siham Habchi n’est pas de ceux et celles qui mâchent leurs mots. La présidente de l’association «Ni putes Ni soumises» est parmi ceux qui ont fait l’actualité de l’année 2009 au Maroc. Et c’est sur les colonnes d’ALM, le 10 février 2009, que cette jeune femme a annoncé la création d’une antenne au Maroc de «Ni putes Ni soumises». Une annonce qui a été suivie illico presto par un communiqué du ministère de l’Intérieur où l’on a signifié clairement à ce mouvement féministe qu’il est persona non grata au Royaume. «Je suis surprise. Je n’ai pas formulé de demande pour qu’on la refuse! Jusqu’à maintenant, en tant que présidente de «Ni putes Ni soumises», je n’ai reçu aucun document de la part des autorités marocaines où l’on me dit que je suis persona non grata sur le territoire marocain. Ce communiqué du ministère de l’Intérieur est une fin de non-recevoir pour une demande de création d’un bureau ou d’une antenne locale que je n’ai pas encore déposée», a-t-elle précisé tout étonnée à ALM au lendemain de la publication de ce communiqué. Le ministère de l’Intérieur a voulu donc étouffer l’affaire dans l’œuf. Mais c’est compter sans la détermination de ces féministes dont la majorité est issue de l’immigration. Faisant fi de cette réaction jugée expéditive du département de Chakib Benmoussa, Siham Habchi s’est quand même déplacée au Maroc dans le cadre de la 12ème édition du raid «4L Trophy», tenue du 19 février au 1er mars 2009. Avec des membres et des sympathisants de «Ni putes Ni soumises», elle a saisi l’occasion de son passage à Marrakech, étape finale du «4L Trophy», pour débattre du sujet, des raisons invoquées par ministère de l’Intérieur et surtout de sa ferme volonté de maintenir son projet d’implantation. Pour elle, «ce n’est que partie remise». Mais, pour l’Intérieur, ce mouvement n’a pas de place au Maroc. «La démarche de cette association, qui accomplit par ailleurs un travail respectable en France, ne correspond pas à l’approche adoptée au Maroc pour le traitement des questions en relation avec le statut de la femme», selon ce ministère. Et d’ajouter: «plusieurs associations tant nationales qu’étrangères s’activent au Maroc dans le domaine intéressant la protection des droits de la femme et de sa promotion dans un respect total de nos valeurs et de nos traditions». Cette affaire a défrayé la chronique et a été suivie par les médias aussi nationaux qu’étrangers (voir encadré) où chacun y est allé de son petit commentaire. «Ni putes Ni soumises, ça donne quoi traduit en arabe? », s’est interrogé l’hebdomadaire TelQuel. «Si «Ni putes Ni soumises» s’installait au Maroc, quelle traduction en langue locale la plus parlée en usera-t-on ?», se demandait à l’époque l’hebdomadaire La Gazette. À ces questions-là, Siham Habchi avait déjà la réponse : «La baghiya, la khaniaâ». Certes, la traduction en arabe classique «choque» moins qu’en darija. Mai, ce n’est pas cela qui va faire arrêter la machine. «Nous l’avons d’ores et déjà traduit en plusieurs langues ! Et nous l’avons imprimé en lettes roses sur des t-shirts noirs!», a-t-elle confié à ALM.
Pour l’année 2010, «Ni putes Ni soumises» compte revenir à la charge. S’implanter au Maroc est un projet qui n’a pas été abandonné par Siham Habchi et son équipe. C’est aussi l’une des grandes résolutions de ce mouvement aux aspirations internationales et qui a d’ores et déjà des personnes prêtes à assurer le fonctionnement d’une antenne nationale à Rabat.

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