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«Le Maroc n’a pas tiré toutes les leçons du 16 mai»

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ALM : Exactement comme ce jour-ci, en 2003, le Maroc a été secoué par de terribles attentats terroristes. Que vous inspire, aujourd’hui, cet événement ?
Abdelali Benamor : Un triste souvenir et en même temps la nécessité de prudence et de ne pas se tromper au niveau de l’évaluation des raisons et de ceux qui ont été directement à l’origine des attentats, ou indirectement, par des analyses passéistes. Je vois que beaucoup de Marocains continuent à faire des différenciations au niveau des mouvements intégristes sans poser la véritable question de confiance : sont-ils ou non pour un Etat islamiste avec un référentiel en termes de valeurs et de règles. N’ayons alors pas peur de se poser la question, ne soyons pas frileux, regardons l’engouement des jeunes de toutes parts à l’égard du film « Marock » et les réactions obscurantistes qui paraissent, pour une fois, minoritaires par rapport à ce qu’on a pu dire après le fameux sondage d’opinion.

Trois ans après les exécrables attentats du 16 mai, le Maroc a-t-il réellement tiré les leçons de cet événement ?
Il ne me semble pas que le Maroc ait tiré toutes les leçons de ce qui est arrivé. Pour faire face à l’obscurantisme, ce ne sont pas les moyens sécuritaires qui agissent en premier, même s’il ne faut pas les négliger. C’est la force de conviction qui compte. Le Maroc a besoin de mobiliser ses forces vives sans calculs politiciens pour faire face à toute idéologie obscurantiste. Autant on peut accepter un ou des mouvements conservateurs à connotation religieuse dans la ligne droite des partis religieux démocrates qui existent de par le monde et qui séparent le religieux du politique, autant on ne peut tolérer des mouvements qui prônent l’installation d’un Etat islamiste non-démocratique en mélangeant valeurs et règles telles que ces mêmes mouvements les expliquent.

Que faut-il entreprendre pour contrer, efficacement, l’idéologie intégriste ?
Il faut une stratégie fondée sur une vision. Et la vision que je développe personnellement est la suivante : autant, en tant que démocrate, je ne peux rien dire contre un parti musulman démocrate qui accepte la séparation des pouvoirs, à l’instar de ce qui se passe dans le monde, autant il faut dénoncer toute idéologie visant à instaurer un Etat totalitaire sous couvert d’islamisme. Il existe dans le pays un courant conservateur religieux, ouvert et tolérant qu’il faut accepter démocratiquement, mais il ne s’agit pas d’accepter des mouvements qui prônent, sous une forme ou une autre, des dictatures déguisées.

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