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Le Maroc remet Alger à sa place

© D.R

Enfin une réaction ferme de la diplomatie marocaine à l’égard de l’attitude arrogante de l’Algérie ! Jeudi, le ministère marocain des Affaires étrangères a rendu public un communiqué on ne peut plus clair au sujet de la visite au Maroc du Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia. Cette visite, initialement prévue pour les 21 et 22 juin, a été jugée par le Maroc comme "inopportune, d’attente d’une clarification des intentions réelles, actuelles et futures de l’Algérie quant à ses rapports avec le Maroc et à l’édification maghrébine". En clair, Ahmed Ouyahia est considéré comme persona non grata, et son déplacement au Maroc est jugé indésirable. Ce communiqué, même laconique, du département de Mohamed Benaïssa est le premier du genre dans les annales diplomatiques marocaines.
Après plusieurs années de tâtonnement, les responsables marocains ont finalement compris le langage du régime algérien. Ce dernier évolue dans un environnement politique et sociologique marqué par la confrontation, le bras de fer, la provocation, les menaces et la violence.
Une main tendue est considérée par l’Algérie officielle comme une faiblesse. Et l’intransigeance l’oblige à faire des concessions.
Le communiqué explique ainsi les raisons de cette position marocaine. "Les prises de positions affichées, ces dernières semaines, par les autorités algériennes sont en nette contradiction avec les objectifs de normalisation bilatérale, de rapprochement entre les deux peuples frères et de relance de l’Union du Maghreb arabe". Première idée: le Maroc a trouvé d’un très mauvais goût les sorties médiatiques intempestives du président Abdelaziz Bouteflika. Hormis son soutien inconditionnel et classique au séparatisme sahraoui, le président algérien a usé d’un langage extrêmement provocateur à l’égard du Maroc dans une lettre qu’il a adressée au patron des Polisariens, Mohamed Abdelaziz. Ce fut, la goutte qui a fait déborder le vase.
SM Mohammed VI décida, juste après, d’annuler la visite qu’il comptait effectuer à Tripoli pour assister au Sommet de l’UMA.
Et pour cause, les déclarations de Bouteflika sont "en opposition avec les engagements bilatéraux, pris au plus haut niveau, d’œuvrer au développement des relations bilatérales et maghrébines, tout en laissant le soin aux Nations unies de rechercher une solution politique et définitive au différend concernant la question du Sahara marocain", poursuit le communiqué. En mars dernier à Alger, SM Mohammed VI et le président Bouteflika se sont bel et bien mis d’accord, lors du Sommet de la Ligue arabe, de re-dynamiser les relations maroco-algériennes. Alger s’étant engagée de mettre sous l’éteignoir ses visées expansionnistes et laisser à l’ONU le soin de gérer, de manière sereine, l’affaire du Sahara.
Mais comme à l’accoutumée, Alger n’a pas tenu ses engagements. Pire, la rencontre d’Alger a même ravivé l’inimitié de l’appareil militaire (les véritables décideurs) à l’égard du Maroc. Pas plus tard que mercredi dernier, le parti d’Ahmed Ouyahia, le RND, a réitéré son attachement à "l’autodétermination du peuple sahraoui". Que vient chercher, donc, le Premier ministre algérien au Maroc? Les services de la sécurité militaires s’activent pour semer la zizanie dans les provinces du Sud et ailleurs, le Polisario menace de reprendre les armes, le GSPC est également mobilisé par les militaires algériens… Bref, tout l’appareil sécuritaire algérien est mobilisé pour cette obsession : la déstabilisation du Maroc.
Avant le communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères, le quotidien algérien "Le Jour d’Algérie" a jugé "inacceptable" un déplacement d’Ahmed Ouyahia au Maroc, dans le contexte de "la répression féroce" contre les Sahraouis. Dans un article intitulé "Cela suffit comme cela", l’éditorialiste de ce journal conseille même à son gouvernement, purement et simplement, "la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. Et d’ajouter, en bon Algérien qu’il est, "qui n’aurait jamais pensé que l’Algérie de Boumédienne, de Boussouf et d’Abane Ramdane en arriverait un jour à une pareille déliquescence et à s’offrir en spectacle à une puissance rivale pour ne pas dire plus?".
Cette attitude algérienne est objectivement condamnable, et ce à plus d’un titre. Nous éluderons les arguments qui font appel à des notions de sentimentalisme (synonyme de faiblesse à Alger!) telles que la fraternité, l’histoire commune, la religion, les langues (arabe et amazighe), le destin commun… Nous nous contenterons, par contre, de considérations purement rationnelles. N’est-ce pas Alger qui exigeait, depuis des années déjà, que les relations entre le Maroc et l’Algérie fassent abstraction de l’affaire du Sahara ? Dès que le Maroc a accepté cette revendication, peut-être pour en finir avec cette affaire une fois pour toute, Alger s’est empressée de faire volte-face.
Dans ce contexte qualifié de "regrettable" par le ministère marocain des Affaires étrangères, il n’y a pas de place aux salamalecs. Ce serait même de l’hypocrisie. Aujourd’hui, la balle est dans le camp algérien.

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