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Le MUR a besoin d’El Khatib

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ALM : Que pensez-vous de la rupture entre le MUR et El Khatib? Abdelatif Agenouch : Tout d’abord, je pense que le terme rupture est trop exagéré. Il ne faut pas oublier que Abdelkrim El Khatib fait de la politique. Les attentats du 16 mai lui donnent l’occasion de mettre de l’ordre dans le parti et de se débarrasser de certaines personnes extrémistes, comme c’est le cas de Raïssouni. Pour cela, il travaille en étroite collaboration avec ceux qui lui sont les plus fidèles, notamment avec Mohamed Khalidi. Je reste donc convaincu qu’El Khatib est le maître à bord. Sur ce point, je voudrais rappeler qu’après avoir traité Raïssouni d’imbécile, El Khatib a reçu certains membres du PJD chez lui et avant de les saluer, il leur a dit « écoutez! moi je fais de la politique ». A cela, ses invités ont ri en lui faisant l’accolade. Se retirer des travaux du Conseil national, n’est-il pas un signe de faiblesse? Les gens du PJD ne peuvent rien faire sans El Khatib. Celui-ci est le trait d’union entre eux et le pouvoir. En expulsant El Khatib, ils auront le choix entre deux voies : auto-dissoudre le parti et partant regagner d’autres formations politiques. Ou bien rentrer dans la clandestinité. Ces deux options ne sont pas intéressantes pour eux. En d’autres termes, la présence d’El khatib est indispensable pour les radicaux du PJD. Parler de rupture, c’est faire preuve de surenchère. El khatib en veut donc à des personnes bien déterminées et non pas au MUR tout entier. Effectivement. Certains membres du PJD ont mis El Khatib dans de mauvaises situations. Ils l’ont discrédité et mis en minorité. Maintenant, ce denier a lancé une vaste opération de purge organisationnelle. Je pense qu’El Khatib va tenter de les cantonner dans des tâches minimes. C’est tant mieux pour le parti et pour le pays. Où placez-vous le Mouvement Vertu et Vigilance? C’est un moyen que Abdelkrim El Khatib a trouvé pour se démarquer du MUR. Certains membres du PJD ont montré qu’ils étaient incapables de respecter les règles fondamentales de la démocratie. La création de ce mouvement « El Fadila » a été un début de nettoyage au sein du PJD. Les attentats du 16 mai sont-ils les seules causes de la crise au sein du PJD? En fait, cette crise est latente. Le Mouvement Populaire Démocratique et Constitutionnel (MPDC) n’a rien à voir avec les islamistes. Il faisait partie, à l’origine, de la grande famille de la Mouvance populaire. Depuis des années, c’est une véritable coquille vide. Il a servi de réceptacle à des islamistes dits-modérés. Mais par la suite, il s’est avéré qu’ils n’étaient pas du tout modérés. Je suis convaincu qu’un islamiste ne peut être modéré et refusera toujours d’adhérer à l’Islam laïc de l’Etat. Qu’est-ce que l’Islam laïc de l’Etat? L’Etat est constitutionnellement musulman. Le Roi, en vertu de l’article 19, est Amir Al Mouminine et exerce donc un pouvoir religieux. Toutefois, aucun parti politique ne peut influencer religieusement sur l’Etat. En somme, il n’y a pas de place à l’islamisme politique. Quand pensez-vous que cette crise au sein du PJD prendra fin? D’abord, il faut rappeler que les nettoyages que connaît le PJD ont été vécus par l’USFP également. Tous les extrémistes de gauches, marxistes-léninistes ont été expulsés du parti. Ceux qui sont restés ont accepté le système et les règles du jeu. L’après 16 mai va durer entre 2 et 5 ans. Tous les secteurs seront concernés : l’enseignement, l’habitat, l’intérieur… Tous les ministères vont être touchés.

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