Couverture

Le nouveau visage de l’Amérique

Si les attentats du 11 septembre ont, à l’image de la puissance que peuvent incarner les Etats-Unis, bouleversé le contexte international, ils ont surtout transformé un pays et un peuple qui se croyaient jusque-là invincibles. Car ce que les Américains ont découvert, outre l’horreur de ces attaques, c’est qu’ils étaient vulnérables. Vient alors cette terrible question : comment cela-a-t-il pu se produire ? Leurs intérêts avaient certes été à plusieurs reprises la cible d’attentats, mais jamais personne n’avait réussi à toucher l’Amérique sur son sol. Un constat qui a poussé la presse et l’opinion publique à s’interroger sur l’efficacité de ses services de sécurité. Le FBI (Bureau fédéral d’investigation) a été le premier à en faire les frais, accusé qu’il a été de ne pas avoir su prévenir une telle catastrophe. Car plusieurs services du FBI étaient au courant de ces menaces terroristes bien avant le 11 septembre. «Dysfonctionnements», a-t-on expliqué officiellement. Outre le FBI, la sécurité dans son entier a dû être révisée et renforcée – notamment dans les aéroports – tout comme le contrôle des immigrés. Les pirates de l’air, la plupart de nationalité saoudienne, n’ont-ils pas réussi à séjourner plusieurs mois sur le sol américain et à prendre des cours d’aviation sans être inquiétés ? Les Etats-Unis ont créé le « Patriot act » pour renforcer les pouvoirs d’enquête de la police et des autorités fédérales. Le président George W. Bush lui-même a vu ses prérogatives revues à la hausse au nom de l’état de guerre. Un vaste département de la sécurité intérieure a aussi été mis en place. Ces mesures ont été accompagnées du doublement des budgets policiers, d’une nouvelle législation antiterroriste, de l’accroissement des pouvoirs de surveillance, de la fonctionnarisation de la sécurité aéroportuaire, et des subventions massives aux secteurs en difficulté (les compagnies aériennes surtout). Une frénésie sécuritaire qui a entraîné un profond malaise chez les Américains, surtout ceux d’origine arabe ou de confession musulmane.
Car les grands perdants de cet après-11 septembre sont certainement, aux Etats-Unis plus qu’ailleurs, les droits de l’Homme. Washington a beau démentir avoir durci sa politique en la matière, les ONG chargées de ces questions sont loin d’être du même avis. «Aux Etats-Unis, plus de 1.200 personnes, essentiellement originaires du Moyen-Orient, d’Asie du sud et d’Afrique du nord ont été arrêtées » après le 11 septembre, selon un rapport de la fédération des droits de l’homme de Helsinki (IHF) publié récemment. L’IHF a également critiqué la détention de 598 personnes sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba. Ces membres d’Al-Qaïda et combattants Taliban «présumés» sont depuis le mois de janvier dernier détenus sans chef d’inculpation, ni statut. Ils n’ont pas non plus le droit d’avoir un avocat, mesures qui constituent autant de violations de conventions internationales que les Etats-Unis ont signées.
En vain, les Etats-Unis ont été accusés de sacrifier les droits de l’Homme à la lutte anti-terroriste et d’appliquer une justice d’exception de façon unilatérale. En guerre, les Etats-Unis ont enfin reporté tous leurs moyens sur leurs forces militaires.
L’offensive toujours menée en Afghanistan – 20.000 bombes américaines y ont été larguées à ce jour -, leur coûte à elle seule quelques deux milliards de dollars par mois. Quinze milliards de dollars depuis le début de l’opération le 7 octobre 2001. Dès le 14 septembre, trois jours après les attentats, le Congrès américain avait approuvé une aide de 40 milliards de dollars pour « recourir à la force » militaire contre les terroristes. Le président Bush avait autorisé le rappel de 50.000 réservistes. Le 23 janvier, le chef de la Maison blanche annonçait la plus forte augmentation du budget militaire américain en deux décennies (15 %), et pouvait ouvrir un second front, celui des Philippines.
Une course contre le terrorisme à n’importe quel prix qui, si elle ne choque pas une opinion américaine rassurée de voir son armée toujours aussi puissante, inspire aujourd’hui des pays moins démocratiques. Elle leur donne même le champ libre pour traiter plus durement leurs propres ressortissants.

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