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Le permis de tuer

L’accident qui a fauché, dimanche 3 mars, la vie de 17 voyageurs d’un autocar à 20 kilomètres de Marrakech vient rappeler une triste réalité. C’est une véritable guerre qu’entretient la circulation routière au Maroc. Près de 3600 morts par an. Un carnage. Une comparaison : le bilan de 20 ans de conflit armé en Irlande du Nord a fait à peine 3000 victimes. La Suède avec un parc automobile de 4 millions de véhicules enregistre chaque année quelque 600 morts. Le Maroc, il est loisible de le constater, pulvérise donc tous les records avec ses routes considérées comme les plus meurtrières au monde.
Il ne se passe pas un jour sans que des usagers de la route y laissent la vie ou une partie de celle-ci. Le plus douloureux dans cette affaire, les blessés graves condamnés parfois à devenir des handicapés souffrent en silence le restant de leurs jours. Un drame qui brise des vies, déchire des familles… Ce n’est apparemment pas le cas. À croire que les campagnes de sensibilisation organisées régulièrement par le comité national de la prévention routière sont inopérantes face à ce qu’il faut appeler l’inconscience des conducteurs et au sentiment d’impunité qui s’est installé sur la chaussée.
Il y a des raisons objectives à cela, le laxisme ambiant matérialisé par l’absence de sanctions.
Une passivité coupable faite également de corruption, de porosité des autorités compétentes, d’excès de vitesse, d’ignorance et des défaillances du contrôle. Comment se fait-il qu’un pays où l’analphabétisme tourne autour de plus de 60%, le taux de réussite dans les examens de permis de conduire sont de l’ordre de 95% ? Voilà comment on délivre des permis de tuer à des gens qui ne réunissent pas les conditions nécessaires d’être assis derrière le volant. Les conséquences ne peuvent être que dramatiques lorsqu’on confie ensuite la responsabilité des voyageurs à des chauffeurs-tueurs. Près de 1.500.000 PV de contraventions sont enregistrés chaque année auprès des différents tribunaux du Royaume. Mais combien de dossiers sont-ils traités ? Très peu. La justice n’ayant pas les moyens de réagir avec célérité.
Résultat : L’impunité doublée d’incivisme devient la règle sur les routes. On grille les feux rouges, on ne s’arrête pas au Stop, on conduit tout en parlant au téléphone…
L’impunité engendrée par le laisser-aller doit pouvoir cesser. Pour ce faire, la sanction est obligatoire à tous les niveaux de responsabilité. C’est le seul moyen de combattre cette hécatombe ou d’en réduire du moins l’intensité. L’indignation et la compassion ne rendent pas hélas la vie aux innocents, victimes du massacre.

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