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Le «petit train» tue l’autoroute marocaine

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Une technique prisée par les automobilistes pour frauder aux péages avec des pics de plus de 5.000 cas/jour

La scène se déroule sous les regards des automobilistes restés bouche bée sur l’une des stations de péage sur l’autoroute Casa-Fès. La barrière s’ouvre devant une voiture qui vient de s’acquitter du droit de passage mais le véhicule qui suit en profite également pour passer. Mais la barrière retombe plus vite et c’est tout le vitrage de la voiture du resquilleur qui est fracassé. Il s’agit de la technique dite du «petit train» ou la «poussette». Elle consiste à coller le pare-chocs de la voiture qui vous précède à un péage pour ne pas vous acquitter du droit de passage dû. Loin d’être un comportement isolé, les cas de fraude au niveau des gares et stations de péage sur le réseau autoroutier national deviennent monnaie courante. Pire encore, la multiplication des cas de fraude se développe à une vitesse exponentielle. Alors qu’en 2016, les responsables parlaient de 800 cas de fraude/jour, aujourd’hui le nombre des resquilleurs atteint plus de 5000/jour. Une situation délicate qui pousse la présidence du parquet à demander l’activation des procédures légales en vigueur contre les fraudeurs. En effet, une circulaire du président du parquet général, Mohamed Abdennabaoui, adressée aux procureurs généraux du Roi près les Cours d’appel et aux procureurs du Roi près les tribunaux de première instance demande aux responsables du ministère public d’accorder un intérêt particulier aux plaintes déposées par la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM). La même circulaire invite également la police judiciaire à enclencher les investigations nécessaires pour que la procédure judiciaire prévue puisse être appliquée dans les meilleurs délais. Les responsables du parquet veulent ainsi limiter les dégâts face à un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur. En effet, le montant des préjudices causés par ce genre de contraventions est non négligeable que ce soit pour l’Etat ou encore ADM. Mais ce n’est pas tout. Le parquet général évoque également dans la circulaire un impact très négatif avec des dégâts matériels sans compter les accidents au niveau des gares de péage et la gêne occasionnée pour les automobilistes. Théoriquement, les auteurs des fraudes peuvent être facilement identifiables par les autorités. Dans ce sens, les guichets au niveau des stations de péage sur le réseau autoroutier national sont équipés de caméras. Les scènes de fraude sont donc filmées et les immatriculations des voitures concernées sont enregistrées automatiquement. Reste à savoir combien de plaintes ont été déjà déposées par la Société nationale des autoroutes du Maroc auprès des autorités contre les fraudeurs. Une chose est sûre face à l’ampleur du phénomène au quotidien, ce sont probablement des milliers de procédures qui seront engagées contre les fraudeurs. Pourtant, les tarifs appliqués pour l’utilisation du réseau autoroutier restent relativement peu élevés en comparaison aux tarifs pratiqués notamment par des pays proches.

Ce que dit la loi

Alors que l’utilisation de certains trançons du réseau autoroutier national ne coûte que quelques dirhams, les sanctions en cas de fraude peuvent être relativement importantes. Selon l’article 184 de la loi formant code de la route, la violation du péage est considérée comme étant une contravention de première classe, passible d’une amende de 700 à 1.400 dirhams. En cas de récidive, l’amende est portée au double. Pour les multirécidivistes, des peines privatives de liberté sont également prévues. Et pour cause. Le dossier est jugé en pénal et les juges peuvent prononcer une peine allant jusqu’à 10 jours de prison. A noter cependant qu’il s’agit d’un phénomène mondial qui ne se limite pas au Maroc. Dans un pays comme la France, les fraudes au péage se comptent chaque année par millions même si les tarifs pratiqués en Hexagone pour emprunter les réseaux autoroutiers n’ont rien à voir avec ceux en vigueur au Royaume.

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