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Le PJD a conquis l’Espagne

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Brillante. Telle est le qualificatif qui revient sur toutes les lèvres pour décrire la visite rendue en Espagne par une délégation du Parti de la Justice et du Développement (PJD). Un déplacement d’une semaine, organisé du 26 mai au 1er  juin, et qui a répondu à plusieurs objectifs.  Au menu, le  renforcement des relations avec les formations politiques, les syndicats et la société civile de ce pays. Mais le but majeur était, comme l’a précisé Lahcen Daoudi, membre du secrétariat général du parti, de présenter «la véritable image du parti, qui est contraire à l’image erronée et tronquée véhiculée par les médias ». Un objectif largement atteint par une délégation composée, outre Saâd Eddine El Othmani, secrétaire général du parti et Lahcen Daoudi, de Reda Benkhaldoun, chargé des relations internationales au sein du PJD, Soumaya Benkhaldoun, Khalil Haddaoui, ancien ambassadeur, conseiller pour les Affaires étrangères et Mohamed Idrissi, président de l’Association hispano-marocaine d’amitié et de coopération. Dès vendredi dernier, la délégation a eu à Cordoba des entretiens avec le maire de la ville et dirigeante du parti de la Gauche Unie (IU, Izquierda Unida), Rosa Aguilar. Selon la MAP, les deux partis ont convenu d’intensifier les contacts pour tracer un programme de coopération, notamment dans le secteur de la jeunesse et des femmes. Samedi à Madrid, Saâd Eddine El Othmani a tenu une réunion avec le président et les membres dirigeants de l’Association des travailleurs et immigrés marocains en Espagne (ATIME). Son président, Mustapha Mrabet a insisté sur deux «points-clefs », à savoir « la question identitaire » chez les jeunes immigrés marocains et la question de la représentation au sein des institutions nationales marocaines. Samedi soir, le secrétaire général du PJD a donné une conférence sur la question de l’immigration au Centre culturel islamique de Madrid, dont l’amphithéâtre principal était archicomble.
Lundi à Madrid, la délégation a eu des entretiens avec le président du patronat espagnol, José Maria Cuevas, président de la Confédération espagnole des organisations d’entreprises. « D’une réunion protocolaire qui ne devait pas dépasser une demie-heure, cette rencontre, et vu la qualité des interventions des représentants du PJD, s’est transformée en une séance de travail qui a duré plus de deux heures et où tout a été dit sur les meilleurs moyens de développer les investissements espagnols au Maroc », nous informe un observateur, présent à cette réunion, sous couvert d’anonymat. Saâd Eddine El Othmani a rassuré les opérateurs espagnols quant aux perspectives de l’économie marocaine, les incitant à saisir les multiples opportunités d’investissement qui existent au Maroc. Pour El Othmani, l’investissement est la seule garantie possible à tout effort  de réduction de l’immigration clandestine. Et d’inciter les investisseurs espagnols à fournir plus d’efforts, notamment en matière de formation professionnelle, au Maroc; ce qui permettrait à ce pays de drainer une main-d’œuvre qualifiée dont il a bien besoin. La partie espagnole a plaidé pour la simplification des procédures administratives et la réduction de la pression fiscale. Le lendemain mardi, la délégation a été reçue par le président du Congrès des députés espagnol (chambre basse du Parlement), Manuel Marin. Une réunion marquée par la présence des chefs des différents groupes parlementaires espagnols, et pendant laquelle les députés espagnols ont soulevé plusieurs questions. La première est liée au « référentiel islamique » dont se prévaut le parti. Admirez la réponse : «  Tous les partis marocains sont des partis islamiques. Le référentiel est une question de dosage, de degré.  Autrement, nous sommes un parti politique ». Autre question, celle du rôle que peut jouer le PJD dans l’encadrement  des musulmans d’Espagne contre l’extrémisme. Pour El Othmani, la réponse est bien simple : un tel objectif  suppose un travail sur la formation des imams sur l’enseignement de l’Islam dans les écoles. Deux aspects qu’il a jugés primordiaux et qui nécessitent des accords entre le Maroc et l’Espagne.
Lahcen Daoudi et Soumaya Benkhaldoun, députée et présidente de la commission des Affaires étrangères et de la défense nationale, ont tenu, l’après-midi du même jour des réunions séparées avec les différents groupes parlementaires pour approfondir les discussions sur divers sujets d’intérêt commun. La délégation du parti a également tenu des séances de travail séparées avec  des responsables du Parti Populaire (PP, opposition), chapeautés par Jorge Moragas, chargé des relations internationales et avec la secrétaire aux relations internationales du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, au pouvoir). Marque du succès de cette opération, qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de plus d’un, les deux principales formations politiques espagnoles ont exprimé leur reconnaissance au PJD pour cette initiative qui a permis, selon elles, de dissiper plusieurs préjugés sur le parti et ses références.
Au-delà des différentes activités menées par le parti, ce qui est à souligner l’intérêt réservé aux membres du parti. Le secrétaire général du PJD a été sollicité de toutes parts.
El Othmani a accordé une interview à l’agence « Europa Press », publiée lundi soir, ainsi que des entretiens accordés au journal « El Mundo », paru mardi, et à la revue « Tiempo de Hoy ».
Le correspondant au Maroc du journal « El  Pais »  a également sollicité une interview. C’était suite au mécontentement exprimé par le parti après l’article « suspect » publié lundi par ce quotidien, faisant part du refus de l’Association des victimes des attentats de Madrid et du cardinal archevêque de Madrid, monseigneur Antonio Maria Rouco Varela, de recevoir la délégation.
Une publication qui n’a pas été sans provoquer l’étonnement de la délégation. Pour la simple raison qu’elle a bel et bien rencontré les responsables des principales associations des victimes du terrorisme en Espagne. Parmi ces responsables, la présidente de l’Association des victimes du 11 mars, Pilar Manjon, et d’autres de l’Association des victimes du terrorisme (AVT). La délégation du PJD a même participé à une offrande florale à la mémoire des victimes des attentats du 11 mars 2004 à Madrid.
Quant à l’église, M. El Othmani  dit ne pas avoir demandé à rencontrer l’archevêque de Madrid mais l’Eglise catholique d’Espagne. « La rencontre n’a pas été possible pour des raisons d’agenda ». Chose qu’a confirmée l’archevêque de Madrid qui a démenti, mercredi dans une mise au point publié dans le même journal, avoir  refusé de rencontrer une délégation du PJD.
Ayant défendu à chaque occasion les positions du Maroc quant aux grands dossiers, notamment l’intégrité territoriale du Royaume, et ayant dénoncé les agissements de l’Algérie, que le parti considère comme le principal instigateur des événements de Laâyoune, le PJD a tenu cependant « à marquer ses distances vis-à-vis de la politique du gouvernement dans plus d’un secteur », nous affirme la source précitée. Une position affichée clairement dans la sortie d’El Othmani dans “El Mundo”. Il y a affirmé qu’« en dépit des bonnes volontés, beaucoup reste à faire. Il y a une faiblesse de l’économie, des problèmes sociaux et il faut éradiquer la corruption de l’Administration et simplifier la bureaucratie ».
Une  sortie où El Othmani n’a pas caché les ambitions de son parti, affirmant que le PJD « pourrait devenir la première force politique du pays, en cas d’organisation d’élections libres en 2007 ». S’inscrivant dans la droite ligne de la diplomatie partisane, cette visite constitue la première étape d’un programme qui porte sur des séjours en Italie et en Argentine.

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