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Le PJD : Ange ou démon ?

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Rien ne sera plus pareil au PJD. Son chef spirituel et fondateur, le docteur Abdelkrim Al Khatib, n’est pas candidat pour se succéder à lui-même. Ce qui ouvre la voix à des luttes étouffées pour occuper la place du secrétaire général sortant. Les préparatifs de ce grand rendez-vous se font en toute transparence, selon Lahcen Daoudi, président de la commission préparatoire du cinquième congrès du PJD qui se tient samedi et dimanche au complexe sportif moulay Abdellah de Rabat. Il est très enthousiaste : «Nous dépassons toutes les difficultés. Les détails techniques n’entravent pas la marche du congrès. Le Maroc entier sera présent à ce rendez-vous». En plus des 2.000 congressistes du PJD, 10 000 personnes sont attendues, selon Lahcen Daoudi.
«Tout le monde va dormir sur place, à l’exception – bien entendu – des femmes», ajoute-t-il. Les militants de ce parti se rendront au complexe sportif moulay Abdellah, munis d’un curieux attirail. Ils auront tous sous les bras des couvertures et des matelas. Ils vont dormir dans le lieu même qui abritera les activités des intervenants et l’élection du nouveau secrétaire général. Des tentes seront dressées à l’extérieur pour la nourriture. Lahcen Daoudi n’est pas seulement fier de la logistique, mais aussi de «la trentaine d’invités étrangers» qui assisteront au congrès. Il se garde toutefois de dire que certains ont été approchés par des Pijidistes et ont décliné l’invitation. A ce sujet, une fin de non-recevoir a été opposée aussi bien par les partis de droite que de gauche françaises à un représentant du PJD qui s’était rendu en France, spécialement pour les convier à la fête de son parti.
L’UMP et le PS ont rejeté l’invitation, en raison d’incompatibilités idéologiques. Ils n’assisteront pas au moment le plus attendu du congrès : l’élection du secrétaire général du PJD. A cet égard, le Conseil national, fort de 280 personnes, désignera le dimanche, entre 8 h et 10 h, cinq candidats du PJD, dignes d’occuper le poste du docteur Abdelkrim Khatib.
Le congrès procédera, ensuite, à l’élection du nouveau secrétaire général du PJD. Trois noms sont cités de façon insistante : Mustapha Ramid, Abdelilah Benkriane et Saâd Eddine Othmani. Chacun d’eux représente un courant à l’intérieur du PJD.
Après une période de silence, le très impétueux Mustapha Ramid s’est rappelé au souvenir des militants de son parti, en multipliant les escarmouches dans la presse. Il joue désormais la carte du radicalisme, après son éviction au profit d’Abdellah Baha du groupe parlementaire du PJD dont il a assuré la présidence. Avant le 16 mai, Mustapha Ramid avait souvent haussé la voix pour appeler tour à tour à la fermeture des établissements culturels étrangers au Maroc et l’interdiction de films et de livres incompatibles avec l’idéologie de son parti. Il a également pointé du doigt le peu de marocanité des Marocains qui ont suivi des études au lycée Lyautey de Casablanca. Son radicalisme comporte toutefois une zone d’ombre qui ne plaît pas aux militants mêmes qu’il est censé séduire. On reproche à Ramid de supposés liens avec l’ancien ministre de l’Intérieur, Driss Basri. Le deuxième homme, Abdelilah Benkriane, a l’estime des militants du parti. Mais il ne communique pas. D’anciennes gaffes en matière de communication lui ont rendu suspecte la presse. Il avait accordé un entretien à un magazine espagnol dont il ignorait la nature du contenu. Quelle a été sa surprise en découvrant sur la couverture de ce magazine son portrait, surplombé par d’énormes seins nus. Ce magazine à grand tirage n’est pas de ceux dans lesquels communiquent les barbus.
Le troisième homme est consensuel. Redoutable communicateur, Saâd Eddine Othmani trouve les mots justes pour apaiser les appréhensions de l’aile dure du PJD et expliquer aux autres militants les vertus d’un parti moderne. Il est pressenti pour succéder au docteur Abdelkrim Al Khatib. Son élection à la tête du PJD devrait contenter les autres partis politiques.
Et que pense “Attajdid“, organe de presse du PJD, du congrès de son parti ? Il considère comme un “tournant“ ce cinquième congrès. Il en veut pour preuve «l’énorme intérêt qu’il suscite auprès des médias nationaux et internationaux». Le journal fait aussi des adieux très touchants à son chef spirituel, le docteur Abdelkrim Al Khatib. Ce dernier s’est rendu, en dépit de la «fatigue et de la maladie», à la réunion des membres du conseil national, organisée les 20 et 21 mars, pour les informer de sa «décision de ne pas rester secrétaire général». C’est ce qui s’appelle archiver un non-retour.

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