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Le PJD n’a jamais aimé les arts

L’éditorial de M. Raissouni confirme le mépris de la culture par les Pijidistes. Son argumentaire très mince, fondé sur deux concepts au demeurant mal assimilés, atteste un rejet radical, catégorique et féroce de la chose artistique et du droit à la différence. Au nom du passage par le Maroc de la «modernité» à la «postmodernité», M. Raissouni fait le procès de plusieurs sujets en des termes qui pourraient porter, en province, au lynchage d’un musicien, un chanteur, un homme de théâtre, un cinéaste ou un homosexuel.
En jetant son fiel tous azimuts, Ahmed Raissouni remet au goût du jour les attaques du PJD contre l’art, la culture et ce qui en participe. En effet, avant que les attentats du 16 mai ne tempèrent l’ardeur des Pijidistes, ils ne laissaient pas passer une occasion de prendre position, chaque fois qu’un film, un livre ou un spectacle ne leur convenaient pas. Les députés de ce parti ont porté plusieurs fois le débat à la Chambre des représentants.
Une première fois lorsqu’ils ont demandé l’interdiction du dernier film de Nabil Ayouch, ainsi que le remboursement de l’aide publique obtenue par le cinéaste. Une deuxième fois en accusant les établissements et instituts culturels établis dans notre pays de propager une culture qui met en danger l’identité des Marocains. Mustapha Ramid avait entériné à chaque fois les décisions de son parti par des propos incendiaires. « Un Marocain qui a fait ses études au lycée Lyautey à Casablanca, est-il vraiment Marocain ? », avait-il déclaré à ALM. Le journal même où s’est exprimé M. Raissouni, «Attajdid», avait saisi l’annonce de la traduction en amazigh du «Pain nu» de Mohamed Choukri pour en dénoncer «la teneur immorale», selon les termes de son rédacteur en chef, Mohamed Yatim. Mohamed Choukri avait ainsi réagi à cette annonce d’interdiction : «Je ne souhaite pas répondre à ces gens-là, parce qu’ils ont leur idéologie et moi j’ai ma littérature. La littérature ne peut absolument pas se résoudre à la morale, autrement il va falloir brûler la moitié des livres de l’humanité. Je peux à peine imaginer notre monde sans Baudelaire, Lautréamont, Rimbaud ou Henry Miller».
Avec son éditorial, M. Raissouni espère galvaniser la base de son parti par des propos sans nuances. Il a au moins le mérite d’être clair dans ses positions.
Ahmed Raissouni occupe une place privilégiée dans l’organigramme du PJD. Il vient en tête de la liste des 150 membres du conseil national, élu lors du dernier congrès de ce parti, le 10 avril 2004. Ce qui veut dire : il a récolté le plus de voix parmi les congressistes ! Si son discours est contraire aux valeurs du PJD, ce parti doit s’en démarquer en l’affirmant. Autrement, c’est tout le PJD qui condamne les festivals, la musique, le théâtre, le cinéma…

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