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Le pôle populaire n’existe pas sur le terrain

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ALM : Le gouvernement vient d’adopter un règlement intérieur qui autorise les partis politiques à inscrire dans leurs rangs des élus ayant accédé au Parlement sous l’étiquette d’autres partis. Un fait qui aura des répercussions sur le classement des partis au sein du Parlement. Quel est votre point de vue à ce sujet ?
Abdelkader Baina : En ce qui concerne le rapport de la question du classement des groupes parlementaires avec la configuration politique du pays, il y a lieu de préciser, que depuis fort longtemps, nous avons considéré qu’il est, avant tout, du droit des citoyens de décider de l’importance de chaque groupe et de chaque parti. D’ailleurs, c’est pour cette raison que nous avons constamment insisté sur la nécessité d’approfondir les sentiments d’appartenance politique. Mais, d’autres partis estiment qu’il est de leur droit d’élargir leurs rangs et sphères d’influence à la lumière de la capacité d’attraction et de recrutement de nouveaux adhérents. Théoriquement, il y a lieu de rappeler que la Première Chambre du Parlement actuel est totalement issue du mode de scrutin de liste, lequel signifie que les députés avaient présenté des programmes politiques à leur électorat, et que sur cette base, ils sont élus.
Sur cette base, l’on peut déduire que toute permutation de groupe parlementaire à un autre pourrait être traduite par une sorte de trahison vis-à-vis du parti d’origine et à l’égard des citoyens. Cela dit, le débat n’est nullement clos à ce sujet, et il faudrait attendre la discussion sur le projet de loi sur les partis pour l’approfondir.
Chronologiquement, ce problème a coïncidé avec, d’une part, la décision du ministre de la Justice de saisir la deuxième Chambre du dossier des transhumances, et d’autre part, la création du pôle haraki, qui englobe trois partis de la mouvance populaire, le MP, Le MNP et l’UD.
Quelle interprétation faites-vous de la concomitance de ces faits ?
D’abord, c’est quoi un pôle ? Est-ce qu’on peut parler d’un pôle à partir de la seule donne numérique ? Sur le terrain de l’action, aussi bien au Parlement qu’au niveau de la sphère sociale, associative ou syndicale, ce groupement n’existe pas. Ses membres sont pratiquement absents du travail législatif, au sein des commissions parlementaires, et ne représentent nulle part une force homogène et cohérente. En fait, le nombre n’a jamais été un facteur tranchant et déterminant dans la mesure du poids politique. Aussi, force est de constater que cette coalition est la première à bénéficier du nomadisme politique, avec toute ce que cela comporte en termes de nuisance à l’action partisane. Dans les pays démocratiques, ce phénomène est rare, alors que chez nous, il ne cesse de se développer et de prendre de l’ampleur. Mais, le plus grave dans cette affaire, c’est qu’il balise le terrain aux bailleurs de fonds pour mettre la main sur les sphères de la décision politique.
Ne faudrait-il peut être pas voir dans cette affaire l’annonce d’un remaniement gouvernemental à l’horizon ?
Une opération de ce genre obéit à une logique et doit s’inscrire dans un contexte global. Tout remaniement gouvernemental est lié à des circonstances et conditions données, notamment en termes de continuité de l’option démocratique du Maroc et du progrès dans la réalisation des réformes. Or, faire appel à la mouvance populaire pour la conduite du gouvernement, constitue non seulement un pas en arrière par rapport à l’avènement de l’alternance en 1998, mais plus encore, une contradiction flagrante avec les réformes en cours, particulièrement celles engagées sur la voie de la modernité , comme c’est le cas pour l’adoption du nouveau Code de la famille. Ceci, sur le plan de l’analyse. Néanmoins, il ne faudrait pas perdre de vue qu’il s’agit là d’une décision qui revient en premier lieu à SM le Roi.
Est-ce que vous ne voyez pas que face à l’immobilisme politique actuel, il est impératif de procéder à un remaniement du gouvernement ?
Personnellement, je ne vois pas d’immobilisme. Le gouvernement est présent dans plusieurs dossiers, dont le dernier n’est autre que celui du dialogue social, et le Premier ministre assume son rôle. Le constat auquel vous faites allusion est exagéré ; et ce même s’il y a toujours des rectifications à faire et que plusieurs remarques ont été signalées lors de la constitution de ce gouvernement, et plus particulièrement à l’occasion de la nomination du Premier ministre. Les réformes sont en cours et l’action du gouvernement est, à mon sens, en cohésion avec les initiatives et décisions royales.

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