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Le polisario dans tous ses états

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Où qu’ils tournent, les polisariens reconnaissent un complot. Les revers diplomatiques accumulés cette année les font crier au torpillage, à la trahison, à l’extrême conspiration, à la désertion totale des alliés d’hier. Leur rassemblement dans ce qu’ils appellent le 5ème congrès de l’Union générale des travailleurs sahraouis a vite tourné à la séance des lamentations.
Le ténor de cette oraison funèbre est Mohamed Abdelaziz. Il a commencé par jeter son fiel coutumier sur la France, accusée d’user de sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour «torpiller» les projets du polisario. Après avoir condamné la «complicité historique» qui unit Paris à Rabat, le patron des polisariens a mis en garde l’Espagne contre un écart de conduite. Il a enjoint à ce pays «d’assumer sa responsabilité morale et historique» vis-à-vis du dossier du Sahara. Sans doute essoufflé, Mohamed Abdelaziz a laissé à ses lieutenants le soin de donner de la voix. Ils ont crié très fort. L’un d’eux est cité par le quotidien algérien «Le Matin» dans son édition du mercredi 19 mai. Ce responsable, nommé Sidi Mohamed, gamberge avec beaucoup d’inquiétude sur la déclaration faite à Alger par le sous-secrétaire américain chargé du Moyen-Orient, William Burns, il y a une semaine. En disant que Rabat et Alger doivent trouver une solution pacifique au problème du Sahara, l’Américain a plongé dans l’épouvante le camp des polisariens. «Est-ce qu’il veut dire que les deux pays cités doivent diviser notre territoire pour en finir une fois pour toutes?», s’indigne le dénommé Sidi Mohamed.
Ses propos ont été étayés par le directeur de la radio dite sahraouie. Ce dernier confirme une information qui vaut son pesant d’or. Il avoue savoir que, quelques jours avant la visite de William Burns à Alger, des contacts secrets et officieux avaient eu lieu entre l’Algérie, l’Espagne, la France et le Maroc en vue de trouver une issue au conflit du Sahara. Jusque-là, des sources polisariennes très officielles avaient jeté leur encre noire sur la France, l’Espagne et le Maroc qui auraient pris part à ce rendez-vous, mais avaient loué la position de l’Algérie qui aurait refusé d’y participer.
Les déclarations participant de cette optique sont sorties, le 6 mai, de la bouche d’un certain Sidati qui porte le titre de ministre délégué du polisario pour l’Europe. Elles sont aujourd’hui contredites par le directeur de la radio dite sahraouie. La mort dans l’âme, ce dernier reconnaît la participation de l’Algérie à cette réunion secrète tout en se gardant de l’affliger : «Nous savons que l’Algérie n’a pas cessé de s’accrocher à sa position : celle de l’appui au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui».
Le désarroi du polisario est indicateur d’un changement de vent. Jamais auparavant les conditions n’ont été aussi favorables à une solution au conflit du Sahara. Le sol s’est dérobé sous les pieds des polisariens lorsque José Luis Rodriguez Zapatero a été élu à la tête du gouvernement espagnol. Cette élection a pris des allures de catastrophe dans les milieux d’Abdelaziz & Co. C’est le moins douloureux des revers. Même les Iles Canaries, considérées comme une base arrière du polisario, ne sont plus sûres. La visite au Maroc, cette semaine, du président du gouvernement autonome des Canaries, Adan Martin, sonne le glas de la popularité dont ont joui les polisariens là-bas.
Elle met fin au malentendu qui a envenimé les relations entre le Maroc et les Canaries et inaugure une nouvelle page entre les deux parties.
Aujourd’hui, les conditions sont réunies pour clore définitivement le chapitre du problème du Sahara. Une seule inconnue demeure : la position de l’Algérie. Ce pays est la puissance qui héberge le polisario. Sans l’Algérie, Mohamed Abdelaziz et ses lieutenants ne seraient qu’une bande de brigands sans ciel ni feu.
Le problème du conflit du Sahara ne peut se résoudre par conséquent qu’entre deux Etats : le Maroc et l’Algérie. A cet égard, Abdelaziz Bouteflika peut insérer un nouveau souffle aux relations entre les deux pays voisins et lancer l’édification du Maghreb. Dans l’entretien ci-contre, Mohamed Moatissim, professeur de relations internationales à l’université Mohammed V de Rabat, déclare : «Bouteflika est capable de grands gestes». Puisse le vent du Sahara susurrer dans l’oreille de M. Bouteflika le fin mot de l’histoire.

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