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Le port de Casa envahi par les clandestins

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Huit mois après l’entrée en vigueur du Code international de sûreté des navires et des installations portuaires (ISPS), les ports marocains sont toujours vulnérables notamment en matière de sécurité. Les failles du système sécuritaire dénoncées par les opérateurs du secteur tant nationaux qu’internationaux et auxquelles la mise à niveau des ports maritimes était censée remédier persistent encore.
Vendredi 18 mars, à son arrivée au port de Marseille en provenance de Casablanca, le navire porte-conteneurs battant pavillon marocain "Ezzahra" a été victime d’un incident qui a causé d’énormes préjudices à sa propriétaire, la compagnie marocaine "IMTC".
En procédant au contrôle normal de l’un des conteneurs, les agents de police du port de Marseille ont été surpris par la découverte de deux clandestins qui s’y étaient infiltrés au port de Casablanca. À l’ouverture du conteneur, les deux ont tenté de s’enfuir. La police marseillaise réussit à arrêter l’un d’entre eux, alors que l’autre s’est échappé après avoir blessé l’un des policiers à l’arme blanche lui causant une blessure qui a nécessité douze points de suture. Pourchassé par la police, il a été arrêté au bout d’une longue poursuite à l’intérieur du port après s’être cassé la jambe en sautant du haut d’un conteneur.
Aussitôt arrêté, le clandestin a été admis en urgence dans un hôpital de la ville et la compagnie IMTC a été obligée de payer les frais de son hospitalisation conformément au règlement étant donné qu’il a débarqué d’un bateau lui appartenant. En plus, la compagnie a été contrainte de payer une amende de 6000 euros pour transport d’immigrés clandestins. Ce qui est totalement injuste étant donné que le conteneur en question était dûment plombé avant son chargement à bord d’Ezzahra.  Par ailleurs, la marchandise qu’il contenait, à savoir des pommes de terre à destination du marché européen, a été endommagée par les deux clandestins qui s’étaient réfugiés dans l’enceinte du conteneur et ce pendant tout le voyage entre Casablanca et Marseille qui a duré plus de trois jours.
Ainsi, l’infiltration de deux clandestins dans un conteneur a causé la perte de la marchandise donc d’énormes préjudices à la société exportatrice, le payement d’une amende et des frais d’hospitalisation de l’un des délinquants par la compagnie de transport maritime. Mais, au-delà des problèmes causés aux deux sociétés, c’est tout le secteur du transport maritime marocain et les exportations marocaines qui sont menacés par la multiplication des incidents de ce genre.  Car, des dizaines de cas pareils sont enregistrés chaque jour dans les ports européens et la réputation des transporteurs maritimes marocains en pâtit. Rappelons que, rien qu’au port de Casablanca, entre 30 et 36 navires accostent chaque jour. Et, tous, souffrent de ce problème qui devient l’un de leurs principaux soucis. "La première question que nous posons aux capitaines de nos bateaux quand ils arrivent à destination est celle de savoir s’ils n’ont pas eu de problèmes de ce genre, car c’est devenu une source de stress pour tous les transporteurs", affirme un professionnel du secteur.  
Qui est donc responsable de cette situation ? La réponse de la majorité des opérateurs est que la défaillance vient des failles de sécurité au niveau des ports. Dans le cas de Casablanca, par exemple, les professionnels affirment que le port de la capitale économique n’est pas étanche. Si les intrusions des clandestins sont devenues aussi fréquentes c’est à cause de plusieurs failles dans le système de sécurité. un problème qui aurait dû être réglé dans le cadre de la mise à niveau des ports maritimes marocains conformément aux exigences de l’ISPS. Rappelons que pour être déclarés par l’organisation internationale du transport maritime conformes à ce système, les ports marocains se devaient de respecter un cahier des charges très précis et dont le volet de la sécurité occupe la première place.
D’ailleurs, le ministère de l’Equipement et du Transport avait annoncé que ses services avaient pris les mesures nécessaires pour se conformer au cahier des charges de l’ISPS. Il s’agit notamment de la création du Comité national de la sûreté des ports et du transport maritime et des sous-comités régionaux, l’augmentation du nombre des agents de police dans les ports et la révision des cahiers de charges des sociétés privées de gardiennage.
Toutefois, ces mesures restent insuffisantes. Car, il faut reconnaître que l’augmentation des effectifs de police en poste dans les ports ne peut pas à lui seul résoudre le problème de la sécurité dans l’enceinte portuaire. En effet, outre les besoins en effectifs, les services de police souffrent d’un manque énorme en moyens matériels. La surveillance d’un port comme celui de Casablanca nécessite impérativement
des scanners, des caméras de surveillance reliées à une salle de contrôle, l’amélioration de l’éclairage et le renforcement des murs et des clôtures de protection du port. Des besoin urgents que le ministère de tutelle devrait mettre à la disposition des services de sécurité dans les ports marocains car il s’agit de préserver un secteur vital.

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