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Le stratège de Ryad

Étrange retournement de situation. Celui qui était considéré comme l’irréductible opposant, parmi les descendants du roi Abdulaziz, de tout rapprochement avec Israél devient, du jour au lendemain, un invité de marque pour une visite officielle à Tel Aviv ou à Jérusalem.
Et c’est le président israélien Moshé Katsav qui lui a fait la proposition. Une proposition que le prince héritier d’Arabie Saoudite, Abdellah Ibn Abdulaziz, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est vite empressé de rejeter.Le prince Abdellah est né en 1923 à Ryad, il est le 13ème fils du roi Abdel Aziz, fondateur du Royaume saoudien. Il est depuis 1962, à la tête de la garde nationale, formation qui constitue un pilier de la famille régnante des Al-Saoud. C’est en 1975, qu’il a fait son entrée au gouvernement, après l’assassinat du roi Faiçal. Et après le décès en 1982 du roi Khalid, le prince Abdellah est devenu prince héritier en 1982.
Depuis la maladie du roi Fahd, le prince Abdallah gère depuis 1995 les affaires de l’Arabie Saoudite. Toute décision du royaume passe par lui ou par ses réseaux. Profitant du discours panarabe qu’il manie avec brio, diplomate lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts du pays, il est considéré comme un nationaliste arabe, qui a beaucoup agi pour la Palestine. Il s’est distingué en 1978, contrairement à l’avis officiel de l’Arabie saoudite, en condamnant fermement la visite d’Anouar Sadate en Israél et en refusant catégoriquement les accords de Camp David entre le président égyptien et l’Etat hébreu.
Les développements dans la région, après les attaques du 11 septembre, et la mainmise américaine sur la région, plus que par le passé, ont poussé le prince héritier à mettre de l’eau dans son vin, si l’on ose dire pour ce musulman pratiquant très sobre. Il a commencé par affirmer que l’Arabie saoudite peut avoir de bonnes relations avec les Etats-Unis, protecteurs du royaume, sans toutefois être obligée de s’aligner sur leurs positions.
Et le voilà qui annonce, le 17 février, sa proposition, qui a prospéré par la suite pour devenir un véritable plan.
Il est question pour lui ‘‘d’un retrait total (d’Israël) de tous les territoires occupés, en accord avec les résolutions de l’ONU, y compris de Jérusalem, contre une pleine normalisation de nos relations ».
Officiellement cette annonce devrait être faite lors du sommet arabe de Beyrouth, prévu pour fin mars. Mais prenant le risque calculé bien sûr de ne pas noyer sa démarche dans le flot des propositions et contre-propositions des sommets arabes, il a préféré anticiper. Fin stratège, le prince héritier d’Arabie saoudite ne peut s’aventurer ainsi dans un terrain miné s’il n’avait pas un minimum de garanties.

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