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Le textile à l’épreuve du social

Derrière le conflit qui oppose l’entreprise SCIM, spécialisée dans la confection, et l’ensemble des ouvriers dont la majorité est affiliée au syndicat de l’UGTM se cache toute une tension sociale qui risque de mettre à genou le plus grand secteur pourvoyeur d’emploi dans l’économie marocaine. La décision prise par les responsables de cette unité de production, concernant le licenciement de 32 ouvriers, en est l’illustration parfaite. D’autant plus que pour ces derniers, ladite décision est irrévocable. Et ils sont nombreux à faire face à ce dilemme. D’une part les charges sociales qui pèsent lourdement sur les caisses des entreprises opérant dans ce secteur. Et d’autre part, la solution anti-sociale de « se débarrasser » d’un certain nombre d’ouvriers.
Les années 90 ne sont plus qu’un bon souvenir. Jusqu’à cette date, la filière marocaine du textile-habillement se portait encore bien. Depuis, avec la chute du mur de Berlin, elle ne cesse de perdre du terrain au profit de ses concurrentes directes, notamment celle de notre voisin la Tunisie. Et pour cause, l’avantage comparatif primaire n’est plus un atout potentiel pour conquérir d’autres marchés. Autrement dit, d’autres pays, dont ceux de l’Asie, ont profité du démantèlement du bloc de l’Est pour s’offrir une main d’oeuvre à bon marché.
Un avantage qui leur a permis d’envahir les marchés internationaux, notamment la grande union européenne. Ce tournant historique a changé les donnes géographiques du vieux continent. Mais aussi celles du marché de la main d’oeuvre. Résultat : la filière marocaine a accusé le coup. Des parts de marché sont parties en fumée. « Rien que pour l’Hexagone, le Maroc exportait, durant les années 90, environ 50 millions de pantalons, soit un par Français » fait remarquer le professeur Driss Ben Ali.
Réputé jusqu’alors par une main d’oeuvre à bon marché, le Maroc est passé au-dessus de la moyenne des pays asiatiques. Un choix stratégique qui s’est avéré fatal pour les opérateurs nationaux. Devant ce constat amer, un lobbying est né. Ce dernier n’avait d’autre choix que d’exercer une pression sur le gouvernement. Plusieurs mesures ont été prises par ce dernier pour rendre beaucoup plus compétitif le secteur du textile-habillement : réduction du coût de l’énergie, dévaluation de 5 % de la monnaie nationale… Des mesures que les professionnels ont jugées insuffisantes.
«Il ne faut pas jouer uniquement sur la carte du taux de change. Cela va nous coûter 4 à 5 ans de gestion de dettes. Agir ainsi, c’est exposer le Maroc à un risque de vulnérabilité à l’image de ce qui se passe actuellement en Argentine », explique M. Ben Ali. Le 18 janvier dernier, l’argentier du royaume, Fathallah Oualalou, a tenu une réunion avec les représentants du groupement de l’AMITH. À l’ordre du jour : les mesures restant en suspens depuis l’accord-cadre conclu entre l’AMITH et le gouvernement. Il s’agit, entre autres, du problème de la parité de la monétaire, la révision de la fiscalité locale, la réduction des charges patronales et encore une fois… la facture de l’énergie.

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