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Le TGV marocain démarre… ce qu’il coûtera et ce qu’il apportera

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C’est aujourd’hui, jeudi 29 septembre, que les travaux du TGV Tanger-Casablanca seront lancés officiellement par le Souverain en compagnie, entre autres invités de marque, du président français Nicolas Sarkozy. L’événement est de taille, car il s’agit là de la première pierre que posera le Maroc dans son schéma directeur TGV. Le premier maillon donc, le Tanger-Casablanca, fera 350 kilomètres de long. Déjà un premier détail important à ce niveau: pour le tronçon Tanger-Kénitra, il s’agira d’une voie nouvelle de 200 km où les rames pourront atteindre leur vitesse de pointe de 320 km/h. Tandis que pour la partie Kénitra-Casablanca, le TGV suivra le tracé actuel des lignes de l’ONCF avec des vitesses moyennes de 160 à 200 km/h. Coût du projet : 1,8 milliard d’euros, soit 20 milliards DH. L’enveloppe fera l’objet de plusieurs marchés partagés en 11 lots. Comme l’explique une source au ministère de l’équipement et du transport, une partie de ces lots entre dans le cadre du protocole signé avec la France mais une grande partie aussi, notamment tout ce qui concerne les travaux de génie civil, sera attribuée par voie d’appels d’offres ouverts à l’international mais surtout aussi aux entreprises marocaines. Pour cela, on a inséré dans les cahiers des charges des clauses préférentielles pour favoriser les soumissionnaires marocains. Ces taux de préférence vont de 5 à 10% selon les catégories des prestations. Concrètement, même quand une entreprise marocaine fera une offre plus chère de 10% que ses concurrents étrangers, elle sera considérée comme la mieux offrante. Sur le terrain, les travaux semblent bien avancer. Selon le dernier état d’avancement dressé par le ministère de l’équipement et du transport, les travaux de préparation et les études sont en cours d’achèvement. C’est également le cas des travaux dits de confortement des sols et des emprises par où passera le tracé du TGV. Idem pour toute la partie foncière notamment pour ce qui est de la réservation et l’expropriation des terrains situés sur le tracé. En tout, sur les 20 milliards DH de marchés alloués au projet, 50% sont déjà attribués et les prestataires connus. Des commandes fermes en somme. Parmi les grandes réalisations de ce projet, on citera par exemple l’atelier de maintenance des rames qui sera implanté à Tanger. Construit sur une superficie de 20 hectares, l’atelier comptera des installations sur 20.000 mètres carrés couverts qui pourront accueillir jusqu’à 30 rames à la fois avec, à la clé, la création de 200 emplois directs. Coût de réalisation : 600 MDH. Pour piloter ce mégaprojet, il fallait mettre en place une structure ad hoc. Aujourd’hui, ce sont 310 personnes qui y travaillent dont la moitié sont des cadres et techniciens marocains et le reste Français. Et c’est justement la taille de ce projet qui lui a valu parfois des critiques, particulièrement de la part des parlementaires. A plusieurs reprises, le gouvernement s’est vu interroger par les élus sur l’intérêt de dépenser un budget colossal et sur la pertinence même du choix de la solution TGV. Aujourd’hui, à ces questionnements, le ministère oppose des chiffres qui, dit-il, parlent d’eux-mêmes. D’abord la préférence des Marocains pour le mode de transport ferroviaire est incontestable. Le trafic passagers pour le train est passé de 14 millions de passagers en 2003 à 34 millions en 2011. Selon une source au ministère, «il est naturel de mettre le paquet sur le mode de transport le plus utilisé par les Marocains». Oui mais pourquoi le TGV et pas le train classique ? Là aussi, ce sont les chiffres qui parlent. En plus du fait que la tendance mondiale aujourd’hui dans le ferroviaire est aux nouvelles technologies, une étude menée par le ministère démontre qu’à terme, le train classique sera condamné à plafonner. Si le Maroc opte pour les trains classiques, à terme, le trafic va plafonner à 52 millions de passagers par an. Avec le TGV, il pourra aller jusqu’à 133 millions de passagers, soit deux fois et demie. Ce qui nous renvoie donc à la délicate question de la rentabilité. Mais restera posée l’épineuse question des prix. Beaucoup craignent que le TGV ne soit cher pour le Marocain moyen. De ce côté là, il est expliqué que: «les prix seront fixés de sorte que les Marocains qui prennent aujourd’hui le train soient les mêmes qui prendront demain le TGV. Nous resterons dans la même catégorie socioprofessionnelle». Mieux. Pour le Tanger-Casa, qui connaît aujourd’hui un trafic de 2 millions de passagers par an, avec le TGV, on devra monter à 8 millions par an. Voilà qui fera certainement de la concurrence sérieuse pour les Autoroutes du Maroc.


 Marrakech-Agadir en une heure sur le TGV…
A l’instar de ce qui a été fait pour les autoroutes, le TGV suivra lui aussi un schéma directeur qui s’étalera sur 10, 15 voire 20 ans. Après l’axe Tanger-Casa, ce sera le tour de Casa-Agadir via Marrakech et Essaouira. Selon les premières estimations du ministère, la Ligne grande vitesse (LGV) Marrakech-Agadir qui passera par Essaouira pourra coûter 25 milliards DH contre 17 milliards pour une ligne classique. Mais la différence en termes de durée du trajet est nette : à peine une heure pour la première contre 4 heures pour la seconde. C’est là aussi un bon indicateur pour juger de la pertinence du choix de la technologie TGV. A plus long terme, enfin, le schéma directeur national du TGV prévoit de rallier Fès puis Oujda.

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