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Leçons d’un scrutin

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Le ministre de l’Intérieur, El Mostafa Sahel, a prononcé samedi soir un discours dans lequel il a annoncé les résultats des élections communales du 12 septembre. Des représentants des médias nationaux et internationaux étaient présents à cette rencontre. En fait, à part quelques exceptions, les grands équilibres entre les partis politiques ont été préservés. A ce titre, rappelons que 23.689 sièges étaient à pourvoir dans 1.497 communes rurales et urbaines. Plus de 14,6 millions d’électeurs étaient attendus dans les 32.800 bureaux de vote installés à travers tout le pays. Avant d’aborder le score de chaque parti politique, le ministre a avancé le taux de participation enregistré lors de ces élections: 54,16%. Environ, un électeur sur deux a boudé le chemin des urnes. Sur les 7,9 millions de votants, presque 10% des bulletins ont été annulés. C’est un taux considéré comme « normal », car il ne dépasse guère ceux des anciennes consultations communales et législatives. Pour ce qui est des résultats, l’Istiqlal, le parti d’Abbas El Fassi, s’est placé au premier rang, avec un peu plus de 1,12 million de voix, soit 3.890 sièges. Ce qui représente 16,96% des sièges. Juste derrière l’Istiqlal, l’USFP s’est adjugée 3.373 sièges grâce à 990.928 voix. Il obtient ainsi 14,7% des sièges. Le RNI, pour sa part, a obtenu 783.771 voix, soit 2.841 sièges (12,38% du total des sièges). En quatrième position, le Mouvement Populaire (MP) de Mohand Laenser. Il a réussi à récolter 2.248 sièges communaux grâce à 627.292 voix, soit 9,8% des sièges. L’une des premières surprises de ce scrutin est sans doute le score de l’Union Démocratique (UD) de Bouâzza Ikken. Avec 409.056 voix en sa faveur, l’UD s’est adjugée 1.515 sièges dans des communes rurales et urbaines. Ce résultat n’est pas négligeable, car l’UD demeure un nouveau parti comparé à ceux qui occupent le peloton. C’est le cas notamment du MNP de Mahjoubi Ahardan, qui occupe la sixième place avec 1.406 sièges. Le PPS, en septième position, est l’autre surprise de taille de ces élections communales. En effet, le parti de Moulay Ismail Alaoui a réussi un exploit en remportant 1.207 sièges. C’est le résultat d’un travail acharné qui a débuté avant même les élections législatives de septembre 2002. Sur les sept premiers partis au classement, six sont membres du gouvernement(l’UD soutenant d’ailleurs le gouvernement). Les six partis (Istiqlal, USFP, RNI, MP, MNP et PPS) totalisent à eux seuls plus de 65% des sièges (+6,6% pour l’UD). Avec plus de 4,3 millions de voix exprimées, les partis qui composent le gouvernement s’adjugent ainsi plus de 60% des suffrages. De même, pour l’Union Constitutionnelle qui occupe la huitième place. Cette formation dont Mohamed Abied est secrétaire général par intérim s’est imposé en tant que premier parti d’opposition dans le classement, avec 959 sièges. Ce score est une victoire en soi, sachant que l’UC a été longtemps considéré comme un parti de l’administration, et que bon nombre d’électeurs préfèrent voter pour les formations de la majorité gouvernementale, au grand dam de l’opposition. En tout cas, l’UC, le PND de Abdellah Kadiri (889 sièges), le FFD de Thami Khayari (726 sièges) et le PJD (593 sièges) représentent désormais le noyau dur de l’opposition. A eux seuls, ces quatre partis totalisent plus de 1,13 million de voix, ce qui signifie qu’une bonne partie des électeurs soutient l’action de l’opposition. A noter que le PJD n’a couvert que 15% des circonscriptions et a récolté plus de 320.000 voix. Par ailleurs, les élections communales ont permis le renouvellement des élites locales. Ainsi, 52% des élus exercent pour la première fois dans le monde de la politique locale. C’est un des acquis fondamentaux de ces consultations. Une autre remarque s’impose également sur la présence féminine. Au total, elles sont aujourd’hui 127 élues, contre 83 lors des dernières communales de 1997. Pour ce qui est des tranches d’âge, les élus âgés de moins de 44 ans représentent 45% du total. En somme, du sang neuf a donc été injecté dans les organes communaux. En fait, l’ensemble de ces résultats informent sur la présence effective des partis politiques dans le terrain, et sur leur capacité de mobiliser les citoyens. En d’autres termes, ces chiffres ont une teneur politique indéniable. Mais ce n’est pas suffisant, car l’objectif final de tous ces partis politiques est de gérer des villes. Or, aucune formation ne peut se passer des alliances. Dans un conseil de ville comme Rabat qui compte 81 sièges, l’USFP en occupe 17, le MP 13, l’Istiqlal 11 et le PJD 8. Au lendemain de l’annonce des résultats, les militants de l’Istiqlal ne se faisaient pas d’illusion. Si la marie de Casablanca ou de Marrakech reste à portée de leurs mains, celle de Rabat demeure beaucoup plus difficile à décrocher. En fait, la bataille sera livrée par l’USFP d’un côté avec notamment des candidats de taille comme Driss Lachgar, Abdelkader Baïna et Abdelhadi Khaïrate et le MP d’un autre côté avec Moulay Omar Bahraoui et Saïd Oulbacha. Dans toutes les communes marocaines, les tractations ont déjà commencé. Personne ne peut dire avec exactitude ce qui se passera dans les quinze prochains jours. Mais une chose est sûre, beaucoup de déçus seront à déplorer.

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