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L’égalitarisme entre amertume et compromis

Né dans le feu de l’action nationale, le PI, comme son nom l’indique, se voulait être, dès le début,un instrument de lutte, entre les mains des masses, pour arracher l’indépendance du Maroc du joug du Protectorat.
Dans son livre Tariq Al Haraka al watania, Abdelkrim Ghallab écrit que lors d’une rencontre secrète, une nuit de mai 1943, dans un sous-sol du Palais royal entre le Sultan Sidi Mohammed et cinq dirigeants du PI, dont Ahmed Balafrej et Mohamed Elyazidi, «les deux parties ont prêté serment devant le Coran pour la fidélité et le travail secret, pour le bien de la patrie». Quelques mois plus tard, le parti remit au Sultan, le projet du Manifeste de l’indépendance. Après des tractations et une bonne période de négociations, les nationalistes entament des négociations avec la France, pour le retour du Sultan de l’exil et la libération du pays. Une semaine après le retour du Souverain, le PI lui remit un plan d’action. Le congrès extraordinaire de décembre 1955 définit les conditions de sa participation au gouvernement et son programme politique concernant l’Agriculture, la Fonction publique, la Justice, l’Education nationale, la Santé et l’ensemble des questions sociales.
Alors qu’il réclamait, au moins la moitié des sièges au gouvernement, il n’en a eu que 45%, un quota que bon nombre de cadres et de ses dirigeants n’ont accepté «qu’avec amertume». Une attitude collée au PI jusqu’à nos jours ; du moins sur le plan de l’expression de la position officielle.
Idéologiquement, le PI n’a pu arrêter sa ligne d’orientation qu’après la défection collective des amis de Ben Barka et de l’aile radicale. Car, durant les deux premiers gouvernements dirigés par M’barek Bekkai, ce parti était partagé, de manière schématique, entre deux sortes de militants: les premiers estimant qu’il est de leur droit de bénéficier des fruits de l’indépendance alors que d’autres préconisaient la poursuite du combat jusqu’au triomphe de leurs idéaux et la réalisation de leurs objectifs. Le débat consommé après la scission et la naissance de l’UNFP, il ne restait plus pour le parti que de convoiter la gouvernance du pays. Sa position favorable à la Constitution de 1962 lui a permis d’intégrer, à nouveau l’appareil exécutif de l’Etat.
Sur le plan organisationnel, les inspecteurs du parti commencèrent à mieux respirer et à contrôler les sections et secrétariats provinciaux., laissant, ainsi, le soin au Comité exécutif de gérer la situation, selon les paramètres dont ils disposent..
En mars 1960, l’UGTM est née pour concurrencer l’UMT, qui est restée proche de l’UNFP, et l’année qui s’en suit a vu naître l’UGEM. Une organisation estudiantine, étroitement, liée à l’Istiqlal.
Parallèlement à cette démarche, Allal El Fassi, adopte l’égalitarisme, le 11 janvier 1963, et le définit comme doctrine économique et sociale qui complète la thèse istiqlalienne . Paraphrasant cette doctrine, l’on peut avancer qu’elle se situe à mi-chemin entre le capitalisme et le socialisme et consacre le droit à la liberté privée. Dans leurs meetings, les dirigeants du PI adoptèrent des slogans populistes du genre «la terre à ceux qui la cultivent» et « les usines aux travailleurs ». Des devises que l’on continue à scander jusqu’à nos jours. En dépit des multiples passages au Parlement et au gouvernement. Des passages obligés puisque n’ayant jamais répondu, selon ses dirigeants, à la force réelle du parti.

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