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Leïla, le caillou de la discorde

Entre les deux pays riverains de la Méditerranée, les choses n’allaient pas bien depuis quelque temps, notamment dès que le Maroc a exprimé sa volonté de revoir les accords de pêche dont bénéficiait l’Etat ibérique.
Aussi, depuis le règlement sur le terrain et via l’action diplomatique de la question de décolonisation du Sahara marocain, l’Espagne n’a jamais cessé d’afficher une sorte d’hostilité à l’égard du Maroc et de scepticisme en ce qui concerne les bonnes intentions de ce voisin du Sud.
Derrière, le problème artificiel portant sur l’îlot Leïla, un rocher de 13,5 hectares, à moins de 180 mètres des côtes marocaines, qui n’a d’intérêt stratégique pour les deux pays que dans la mesure où il constitue un passage convoité pour les contrebandiers, les trafiquants de drogues et de toute sorte de pirates, y compris des terroristes éventuels, l’on peut déceler toute une matrice culturelle qui n’a jamais cessé d’être coloniale, rétrograde et raciste. Faut-il le rappeler, la démocratie, le respect des droits de l’Homme et l’égalité sont des valeurs que l’on véhicule entre citoyens du Nord et ne «descendent» jamais au niveau de l’équation Nord-sud. Même si certains pays de ce sud, comme le Maroc, sont engagés dans la voie de la modernité et de la démocratie. Il a fallu donc qu’un jour de 11 juillet, les autorités marocaines décident de mieux contrôler cet îlot, en plaçant six agents dans un poste de surveillance, pour voir ressusciter des anciens démons que l’on croyait ensommeillés depuis les Funérailles du Général Franco. Au nom de la défense du « statut quo antérieur», les voilà qui rebondissent sous les commandes de José Maria Aznar et ils le veulent avec des garanties, par un « engagement «de la part de SM le roi Mohammed VI ! Une position que même des historiens de ce pays n’arrivent pas à défendre.
En effet, «lorsque le Maroc a obtenu son indépendance en 1956, l’îlot faisait partie du nouvel Etat indépendant », écrit l’historienne espagnole Maria Rosa de Madriaga, dans un article publié récemment par le quotidien «El Pais». L’Espagne, note-t-elle, a, au cours du 19-ème siècle tenté en «vain et à maintes reprises de s’emparer de l’îlot». A la suite de l’occupation en 1848 des îles Jaafarines, sous le gouvernement du Général Narvaez, les autorités espagnoles de l’époque avaient envisagé l’occupation de l’îlot, mais se sont heurtées à l’opposition de l’Angleterre».
Et d’ajouter que parmi, les auteurs du 19 ème et du 20 ème siècles qui ont écrit des ouvrages sur le Maroc, rares sont ceux qui font allusion à l’îlot.
En 1905, Gabriel Maura Gamazo évoque «l’échec de la tentative de 1887», quand «une commission espagnole avait entrepris des travaux de construction d’un phare bornant le terrain choisi à cet effet avec des piquets en bois aux couleurs nationales (…) mais a dû faire face aux Maures de Tanger qui ont démantelé le projet, détruisant le bornage ».
Tomas Garcia Figueras, un idéologue de l’africanismo militariste de l’époque franquiste, écrit en 1941 : «Nous avons passé en revue minutieusement tous les traités conclus entre l’Espagne et le Maroc ou entre d’autres puissances en rapport avec le Maroc (traités, conventions et accords concernant le Maroc, 1917), depuis la signature le 1-er mars 1799 au 29 décembre 1916, sans avoir trouvé la moindre allusion à l’îlot ; ceux relatifs à l’extension des limites de Sebta, comme ceux de Tétouan, le 29 avril 1860, après la guerre de 1859-1860, ne le mentionnent également pas».
D’autres traités, tel «le traité franco-marocain du 30 mars 1912 instaurant le protectorat français au Maroc et la convention hispano-française du 27 novembre de la même année, reconnaissant à l’Espagne une zone d’influence dans le nord du Maroc, n’en font pas non plus mention», écrit-il.
Par ailleurs, dans «Prélude de la guerre d’indépendance dans la zone de Gibraltar» de Carlos Prosac Mon, il ressort que l’îlot (lors de la guerre franco-britannique) a été occupé temporairement par l’Angleterre en 1808 avec la «bénédiction du sultan, auquel il lui a été demandé une autorisation préalable, et ne s’est retirée que quand bon lui sembla en dépit des protestations de l’Espagne..». Un fait qui démontre l’appartenance de ce rocher au Maroc.
Néanmoins, il faudrait reconnaître que lors des négociations portant sur l’indépendance de notre pays, dans la deuxième moitié des années cinquante, plusieurs questions portant sur les frontières sont restées sans réponse et à la merci «du temps». Cela, on le constate aujourd’hui, et on le paie probablement cher, à l’occasion de l’invasion des forces coloniales espagnoles de l’îlot «Leïla», comme on l’a constaté en ce qui concerne l’ensemble des territoires marocains spoliés par ce pays au Sud et au Nord du royaume.

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