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L’élément humain

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ALM: Vous faites partie des plus anciens élus communaux du Maroc. Pensez-vous que les élections communales du 12 septembre constitueront un changement de cap important?
Abdelouahed Radi: A mon avis, il faut relativiser les choses. Je ne pense pas que ces consultations seront une véritable révolution en matière de gestion communale. N’importe quel changement s’opère par accumulation de petits progrès. Dans l’exercice de la démocratie, rien ne se transforme du jour au lendemain. Toutefois, j’estime que les prochaines élections communales vont évidemment apporter des nouveautés d’un point de vue humain, au niveau des pratiques politiques et espérons également sur le plan des moyens mis à la disposition des communes. Ces élections vont donc contribuer au changement. Il s’agit beaucoup plus d’une continuité que d’une véritable rupture.
Plusieurs textes relatifs aux élections ont été adoptés par le Parlement, notamment la nouvelle charte communale. Qu’en est-il de la réforme des mentalités?
Les élections communales vont certainement mettre en avant de nouvelles personnes. Mais ceci-dit, personne ne détient une recette pour réformer les hommes. La mise à niveau des mentalités s’acquiert avec le temps et l’expérience. Cela n’empêche pas que des efforts d’apprentissage doivent être fournis par tous les élus. Il suffit d’aimer sa ville ou son village, être sensible aux préoccupations des populations qui ont voté et de travailler avec les autres en totale harmonie. Ça, c’est la véritable réforme des hommes et des mentalités.
Que faut-il faire pour que la commune soit un levier pour le développement économique local ?
Le développement du pays est lié à l’action d’un certain nombre d’institutions. Il y a l’entreprise, la famille, le quartier et la communauté. Ce sont les cellules de base pour tout développement. Du côté administratif, les cercles jouent un rôle important dans la dynamique d’un ensemble géographique et humain. Au niveau des préfectures, les services techniques extérieurs veillent à l’application de la politique tracée par le gouvernement et prêtent main-forte à toutes ces institutions précitées. Enfin, les régions assurent une complémentarité entre les différentes provinces et préfectures. Tous ces rouages doivent fonctionner en harmonie totale, sans contradictions. Telle est la volonté de l’Etat pour relever le défi du développement économique local et national.
On retombe dans le problème de l’élément humain et la responsabilité des partis politiques dans le choix des candidats.
Effectivement. Je vous rappelle la célèbre formule américaine selon laquelle la réussite d’une entreprise repose sur trois critères essentiels. Premièrement, l’élément humain. Deuxièmement, l’élément humain. Et troisièmement, l’élément humain. C’est dire que cet aspect est extrêmement important, à la base de toute réussite.
Pensez-vous que le principe de l’unité de la ville et la création des arrondissements risquent de poser des problèmes d’application et des conflits de responsabilités?
C’est vrai qu’il y a un problème. Les personnes qui seront censées gérer les communes et appliquer les nouvelles dispositions légales et réglementaires n’ont pas tous un accès facile aux textes et à leur compréhension. Certains ne sont pas capables de s’imprégner de l’esprit de la loi. C’est un constat qu’il faut relever avec beaucoup de pragmatisme. Au Maroc, il y a plus de 40% d’analphabètes et certains élus ne sont pas suffisamment outillés pour un bonne gestion communale. Or, la démocratie repose sur le principe de confiance entre électeurs et élus et non pas sur la compétence ou l’ingéniosité. Bien sûr, l’idéal serait que toutes ces qualités soient réunies chez un même élu. Mais dans plusieurs communes, ce n’est pas le cas. Le système est ainsi fait et ce n’est la faute de personne. Je pense que c’est le prix à payer pour la démocratie. C’est pour cette raison que je refuse de qualifier les prochaines élections de « véritable révolution ».
Des pronostics sur les résultats des prochaines élections sachant que la campagne débute assez timidement?
Au Maroc, contrairement aux plus anciennes démocraties, occidentales notamment, le vote n’est pas une question individuelle. Les électeurs marocains votent en groupe. Le choix est celui de la famille, du douar ou du quartier. Cela échappe à tout critère objectif. Sauf, un peu, dans les grandes villes où l’anonymat des candidats favorise le vote pour des partis politiques. Pour ce qui est de la campagne, il faut noter que les arguments électoraux les plus décisifs sont ceux qui ont un caractère local. Les préoccupations des habitants d’un village qui n’ont ni eau ni électricité, ne sont pas les mêmes que pour une ville touchée essentiellement par le chômage.

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