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Les arabes et la démocratie : La carotte des USA

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Le monde arabe. A eux seuls, ces deux mots évoquent toutes les divergences et les conflits, secrets comme déclarés, qui tiraillent une région du monde qui a pourtant tout pour s’unir et établir un programme commun pour son développement et le bien-être de sa population. Une région stigmatisée à plus d’un égard, notamment pour ses régimes non démocratiques et sa nature de terre exportatrice de terrorisme.
Mondialisation des valeurs oblige, et face aux multiples défis, liés aussi bien à la gestion politique, économique que sociale dont ils font l’objet, les pays arabes dans leur totalité n’ont désormais d’autre choix que de répondre à un seul impératif : la réforme.
Chaque pays y va à son rythme, suivant ses propres priorités, ses propres spécificités. Mais le nécessaire changement est partagé par tous. Une réflexion commune est la bienvenue.
Ayant tenu, lundi à Rabat, son Conseil d’Administration en préparation de la 9-ème session du conseil des secrétaires de la Fondation qui a entamé ses travaux dans la soirée, la Fondation de la pensée arabe se veut ainsi une tribune des penseurs et un espace pour le dialogue interarabe et multiculurel. Un think-tank arabe donc, indépendant, à but non lucratif et regroupant hommes d’affaires, spécialistes, décideurs et politiciens qui prépare également son troisième congrès général, prévu en décembre prochain au Maroc. Ce congrès aura pour thème «la culture du changement ou le changement de la culture». La commission du congrès, constituée à cet effet, sera présidée par Mohamed Kabbaj, conseiller de S.M Mohammed VI et membre du Conseil d’administration de la Fondation. Pour ce dernier, la Fondation tente de faire entendre la voix arabe dans le débat houleux suscité dans le monde sur plusieurs questions, notamment celles relatives au changement et à la démocratie. Objectif : relever les défis de la mondialisation et faire face aux exigences du nouvel ordre mondial. Un objectif noble mais qui n’en coïncide pas moins avec une proposition aussi ambitieuse qu’à double tranchants. Les Etats-Unis, se voulant au service des réformes et des efforts de démocratisation au Proche-Orient, sont sur le point d’établir un vaste programme qui viserait à aider à la transformation en profondeur d’une région dont ils craignent le pire, vu la tension permanente qui y règne et «les menaces terroristes» qu’elle représente. Ce projet pourrait être lancé en juin prochain, à l’occasion du sommet du G8, prévu à cette date. Associant aussi bien les pays les plus industrialisés, l’Union européenne et l’Otan, cette approche viserait à imposer un modèle de «taille unique». Et pour cause, d’après les récentes déclarations de Colin Powell, sécretaire d’Etat américain aux affaire étrangères, il s’agit d’une initiative dont le but est de faire fédérer les diverses formes d’aides et d’incitations destinées aux pays arabes dans le sens d’instaurer des réformes sociales et politiques et d’ouverture à l’économie de marché. Des termes vagues mais qui traduisent une ferme volonté de Washington de passer à une autre étape, dont le préalable n’est autre que la guerre menée contre l’Irak, et dont l’objectif est de faire évoluer la région, par des voies pacifiques mais tout aussi contraignantes. De bonnes intentions qui ont tout d’un cadeau empoisonné, une carotte qui cache un bâton. La nouvelle de cette initiative s’est répandue comme une traînée de poudre. Et elle n’a pas manqué de susciter le désagrément de plus d’un responsable arabe.
Réagissant contre l’initiative américaine, l’Egypte n’a pas tardé à monter au créneau. Allant même jusqu’à proposer une contre-initiative. Une proposition remise par Ahmed Maher, ministre égyptien des affaires étrangères, à ses pairs arabes réunis en session extraordinaire au siège de la Ligue arabe au Caire, consacrée à l’examen des réformes à introduire au sein de cette institution. Le document, que Maher à défini comme une réponse à «ceux qui pensent qu’il y a un modèle préfabriqué pouvant être appliqué ou imposé à tous, propose aux Arabes de poursuivre leurs propres réformes internes et de coopérer «sous conditions avec les amis». En des termes on ne peut plus clairs, il souligne qu’un processus de réformes ne peut réussir sans le règlement de la question palestinienne. Une question dans laquelle Washington a depuis bien longtemps choisi son clan, celui d’Israël. Le président Moubarak a été jusqu’à plaider une réforme graduelle qui serait issue de la région et comprise par ses peuples.
Intervenant, lundi à Damas, devant le 11ème congrès de l’Union des parlementaires arabes, le président de la Chambre des représentants marocaine, Abdelouahed Radi a, quant à lui, appelé à une action commune pour le règlement des questions en suspens dans le monde arabe, dans l’objectif d’une reconquête des droits de la Ouma arabe. Aux Arabes donc de se prendre en charge, ou ce seront s’autres qui le feront à leur lieu, place et détriment.

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