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Les cent visages de l’escroquerie

En 1986, Ahmed Qabil quitte l’Office Chérifien des Phosphates (OCP), où il était employé. L’homme s’est trouvé soudain débordé d’activités de natures différentes, bien que son niveau scolaire ne dépasse pas la septième année secondaire,couronné par un diplôme de technicien des travaux publics. Ce parcours, qui finira par une démission de l’OCP, va aboutir à une multitude d’occupations toutes plus intéressantes les unes que les autres. C’est ainsi que le dénommé Qabil , qui roule dans une grosse cylindrée, s’est retrouvé propriétaire d’un cabinet d’assurances, d’un institut scolaire privé sans parler des «affaires» dans l’immobilier et dans l’immigration clandestine. Il est également propriétaire d’une ferme dans la région de Beni Mellal. Un notable de la ville de Khouribga. Cependant, sur sa carte d’identité nationale il est commerçant. Marié et père de cinq enfants, Ahmed Qabil est également dirigeant du parti de l’Istiqlal à Khouribga. En 1990 fut déclenchée l’opération de la constitution d’amicales d’habitat pour remédier à la problématique du logement. Du coup, l’ex-employé de l’OCP saisit l’opportunité et se retrouve à la tête de l’Amicale « Assediq » où les souscriptions vont bon train. En homme juste et extrêmement croyant, Qabil psalmodiait des versets du saint Coran chaque fois que les membres de l’amicale se réunissaient.
C’est dire que les plaintes qui viennent de l’enfer sont trop suspectes, et l’origine trop facilement attribuée au démon. Avec près de 400 adhérents, la caisse de l’amicale sera vite garnie d’oseille. La manne céleste d’environ quarante millions de dirhams est versée dans un compte bancaire. L’établissement des contrats d’achat s’est fait par le biais d’un notaire qui se révélera un escroc de luxe. Grâce aux soins de cet homme de droit, l’amicale sera transformée en société, avec Ahmed Qabil à la tête du conseil d’administration. Le vénérable notaire s’est contenté de procéder, en juin 90, à des ratures sur les actes de vente, en ajoutant sur l’acte notarial l’expression : «effectué pour les besoins de la conservation foncière». Cet acte inqualifiable permettra aux membres du conseil administratif de s’octroyer «légalement» l’argent des pauvres adhérents lésés. Ce n’est que huit ans plus tard que ces gens s’apercevront de la supercherie qui a fait de Qabil, technicien de son état, un éminent homme d’affaires.
En 1999, une société impliquée dans l’affaire de l’amicale dépose une plainte. Ahmed Qabil est arrêté pour l’émission d’un chèque sans provision.
Le mirage de la fortune colossale s’évanouit tout à coup, et l’homme à tout faire est condamné à 18 mois de prison qu’il a purgés pour se voir ajouter une autre sentence de contrainte corporelle. Dix-huit autres mois pour ne pas avoir pu payer le montant du chèque, objet de la plainte. La pulsion irrésistible de l’enrichissement facile et rapide a fini par conduire l’ex-technicien de l’OCP derrière les barreaux.

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