L’institution parlementaire n’en finit pas de recevoir des coups. Après le chapitre de la vraie fausse démission du député PJD Mustapha Ramid et les vives protestations qui s’en sont suivies des deux Chambres du Parlement, c’est Nadia Yassine qui monte au créneau et accuse, en des termes clairs et nets, de paresse et de fainéantisme nos parlementaires, notamment les femmes. Sur un ton ferme et moqueur, la fille de cheikh Yassine, chef de l’Association islamiste Al Adl Wal Ihsane, a lancé : «Vous dites qu’il y a 35 femmes au Parlement. Moi, je vous dis qu’il y a 35 dormeuses de plus au Parlement ! Ce sont des femmes qui y vont pour dormir !». Une déclaration qui a suscité des éclats de rires dans la salle. Elle l’a faite lors d’une conférence à Grenade en Espagne. Une vidéo récemment rendue publique dévoile la manière avec laquelle la porte-parole de son père méprise les parlementaires marocaines. La vidéo circule depuis le début de cette semaine sur le Net et fait le sujet de commentaires très passionnés sur la Toile. La vidéo en question a été particulièrement visionnée par les femmes parlementaires qui ont été frontalement attaquées par Nadia Yassine. La députée PJD Bassima Hakaoui ne cache pas son désarroi face à cette sortie médiatique infondée et gratuite (Voir réactions en encadré). Pour la députée MP, Fatna Lkhiyel, «c’est trop bas comme jugement» à l’égard du travail des femmes parlementaires. Même son de cloche auprès de Rachida Benmasoud, députée USFP, qui fait remarquer que «son seul souci est de déprécier et de mettre en doute l’expérience de la femme au Parlement». Au cours de cette même intervention, la fille du chef spirituel du mouvement Al Adl Wal Ihsane n’a pas manqué de revenir encore une fois à son dossier fétiche, la Constitution. Pour elle, «la place de la Constitution, c’est la poubelle». Agitatrice, Nadia Yassine n’est pas à sa première provocation. Il y a presque cinq ans qu’elle avait accordé une interview à l’hebdomadaire «Al Ousbouiîya Al Jadida» où elle n’avait pas du tout mâché ses mots. Elle est accusée d’atteinte aux institutions sacrées du Royaume suite à cette interview publiée dans cet hebdomadaire dans son édition du 2 juin 2005 (numéro 30). Nadia Yassine, dont le procès a débuté le 28 juin 2005, est toujours poursuivie pour «atteinte aux institutions sacrées du Royaume». Son procès a été reporté au 25 novembre 2010. À 52 ans, Nadia Yassine s’attire encore une fois les feux de la rampe en critiquant frontalement les députées marocaines qui n’ont guère apprécié une telle provocation.