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Les échanges de bons procédés électoraux

Tête de liste ou rien. Etre second n’est pas intéressant. Après moi, le déluge. Le mode du scrutin par liste a traversé tous les partis, sans exception, tel un typhon. Il a causé d’énormes dégâts, lézardé beaucoup de structures régionales et a engendré le déplacement en masse des militants vers d’autres cieux plus cléments.
Il y avait beaucoup de prétendants à l’investiture pour une seule place au soleil en tant que tête de liste. La bousculade était générale, dans toutes les régions, chez tous les partis et a touché aussi bien les barons locaux que les poids lourds des bureaux politiques. La vague était si forte que l’on dénombre beaucoup plus de partants vers d’autres destinations partisanes que de partisans restés fidèles à leurs partis. Le plus beau, c’est que ce flux et reflux n’a causé aucun encombrement dans le circuit électoral. La fluidité de cette transhumance était telle qu’aucun des militants mécontents ne s’est retrouvé au bord de la route, en panne sèche. Les autoroutes des partis étaient si larges qu’elles pouvaient contenir tous ceux qui n’ont pas pu trouver refuge sur une liste à même de leur ouvrir l’enceinte du Parlement. Le mode de scrutin par liste a tué toute obédience à une idéologie, ébranlé toute conviction ancrée dans les principes et multiplié la désertion et l’indiscipline.
Le phénomène a traversé, en amont et en aval, tous les partis depuis l’USFP et l’Istiqlal jusqu’au MNP, MP, FFD, PSD, PPS et la multitude des nouveaux venus. La désertion, le parachutage et la transhumance se sont généralisés jusqu’à embarquer des ministres et des leaders. Qui aurait pu croire, par exemple, que le leader du parti de l’Istiqlal, Abbas El Fassi, puisse subir l’affront d’avoir une opposition farouche à son investiture comme tête de liste ? Quand on connaît la discipline rigoureuse qui règne au sein de vieux parti, on reste pantois devant le comportement tranchant des militants de Larache. Ces derniers ne se sont pas seulement contentés d’exprimer leur mécontentement au « parachutage » du Zaim dans une ville où il s’est déjà présenté. Mais les cadres locaux du parti ont démissionné en guise de protestation, comme si les rôles de la base et du sommet s’étaient inversés. C’est dire que la donne politique et électorale a complètement changé. À preuve, cet atterrissage forcé d’un autre ministre à Midelt qui a pris in extremis l’avion des socialistes de l’USFP. Saïd Chbaâtou, pour ne pas le nommer, a commis le hold-up électoral le plus extraordinaire de ces élections législatives post-alternance. Il a troqué sa veste populaire contre celle de l’USFP alors qu’il est toujours ministre en fonction au nom du MNP. Jamais les socialistes n’ont daigné puiser dans les ressources de leurs rivaux, encore moins dans un parti de la droite. Ce n’est pas le seul cas puisque l’ex-UC, Ouaissi Ahmed, se présente à Assa Zag au nom de l’USFP. C’est dire combien il n’y a plus de frontières entre les partis, qu’ils soient de droite ou de gauche et que le flux et le reflux fonctionnent dans les deux sens. L’UC semble toutefois mener le bal dans cette transhumance puisque nombre de ses ténors ont émigré ailleurs, à droite, à gauche comme au centre.
L’inénarrable Mohamed Kemmou est candidat à Casablanca sous la bannière du MP. Le député sortant Abdelmajid Bennis a préféré courir sous les couleurs du PND à Aïn Sebaa. Il n’avait pas besoin de passeport puisqu’il reste dans le giron du Wifaq, qui, il est vrai, n’existe que par son nom autant que la Koutla. Mieux encore, le membre du bureau politique de l’UC, Hassan El Yamani, a lui choisi d’adhérer au FFD pour briguer la députation à Taliouine. C’est comme au loto, toutes les combinaisons possibles et imaginables sont valables pour l’exode électoral de l’an 2002. Il suffit de fermer les yeux et de cocher la liste. Vous trouverez, par exemple, le député sortant de Sefrou aller du PPS à l’Istiqlal. Comme vous tomberez sur le député sortant de Mohammedia, Abdallah Kabboud, qui quitte l’Istiqlal pour le PSD. Le député uspéiste de Rabat-Chellah, Khattar, aurait déserté pour le PSD. La liste n’est pas exhaustive. Mais la dernière est la meilleure car, qui aurait pu imaginer qu’un haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur quitte l’Etat pour un parti même s’il a pris sa retraite ? Et pourtant, ce n’est pas n’importe qui, puisqu’il s’agit de l’ex-Wali de Casablanca, Hammouda Kaid, qui se présente à Benslimane sous les couleurs du PND. Décidément, tout se transforme et se perd avec les échanges de bons procédés entre les partis, voire entre l’Etat et les partis.

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