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Les jeunes dé-jeûneurs ont réussi à attirer les regards

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L’affaire des «non jeûneurs» a fait la Une de la presse nationale durant tout le mois de septembre, remettant encore une fois sur le devant de la scène la question des limites des libertés individuelles. Cela remonte au 13 septembre 2009 en plein Ramadan à Mohammedia, une ville d’habitude calme et sans incident est propulsée au centre de l’actualité. Six jeunes facebookers marocains veulent rompre leur jeûne en plein public, revendiquant l’abrogation de l’article 222 du Code pénal. Cet article interdit à tout Musulman de rompre le jeûne dans un lieu public sous peine d’écoper de 1 à 6 mois de prison et d’une amende de 12 à 200 DH. Ces jeunes parmi lesquels deux journalistes (Zineb Elghzaoui et Aziz El Yaakoubi) font partie d’un groupe dénommée MALI (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles). Ce groupe a été créé sur Facebook environ quelques semaines avant l’acte des dé-jeûneurs, et ce autour d’une discussion sur la liberté de jeûner ou de ne pas jeûner. De cette simple discussion a été programmé le rendez-vous du 13 septembre à Mohammedia, un acte de rupture publique de jeûne qui a défrayé la chronique en 2009. Cet acte a été amplifié par toutes sortes de réactions des médias, autorités, forces de l’ordre, ONG… Des réactions parfois qualifiées de démesurés à l’encontre de jeunes qui ont finalement réussi à jeter la pierre dans la marre grâce à leurs petits sandwichs.
Le journal espagnol El Mundo avait alors titré « 100 policiers contre 10 sandwichs ». Et justement les forces de l’ordre avaient alors procédé à des fouilles automatiques. «Quand ils ont vu que nous avions la nourriture dans nos sacs à dos, ils nous ont obligés à retourner à Casablanca sur le prochain train» avait expliqué une manifestante. «Notre objectif était de dire que nous sommes marocains, nous n’observons pas le jeûne, mais nous avons le droit d’exister. Chaque année il y a des arrestations et des lynchages publics de non-jeûneurs alors que la Constitution marocaine garantit la liberté de culte», avait expliqué une autre au quotidien El Mundo. Selon le politologue Mohamed Darif, «ces jeunes revendiquent le respect des libertés individuelles. Cela dit, est-ce que la société a évolué au point de permettre aux Marocains d’exercer les libertés individuelles et est-elle prête à accepter un tel comportement».
L’amplification existait aussi de la part des sympathisants avec MALI qui est devenu du jour au lendemain, une ONG de héros défendant «l’ensemble des Marocains» contre l’article 222 du code de la loi et voulant révolutionner la pratique des libertés individuelles au Maroc. Des slogans comme «Manger tue» avaient fait surface. Et des personnalités jusqu’alors inconnues étaient vues par quelques uns comme des martyres de la liberté et de jeunes gens courageux et par d’autres comme des jeunes inconscients, anarchistes violant les valeurs de la société marocaine. Toute fois ce qu’a révélé une autre fois cette polémique c’est la dynamique et le foisonnement existant au niveau des débats sur libertés  individuelles au Maroc. Cela a également révélé un phénomène qui attire de plus en plus l’attention, selon Mohamed Darif, celui de «la démocratie virtuelle» qui a pris de l’ampleur durant ces dernières années. «L’Internet est les médias sociaux ont joué un rôle important sur le plan de la médiatisation », avait-il souligné. Et de poursuivre : «Prenons le cas de l’affaire des homosexuels de Ksar El Kébir où les images et la vidéo ont été diffusées sur Internet. Il en va de même pour le groupe des «non jeûneurs». Ces derniers ont réussi à propager leurs idées et attitudes à travers Facebook».
Conclusion : On est en droit de se demander si ces jeunes représentent une tendance qui commence à s’imposer dans notre société.

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