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Les victimes du polisario en colère

© D.R

Plus d’une quarantaine d’anciens prisonniers marocains dans les geôles du polisario, tous des civils, se sont retrouvés mardi matin à Rabat devant le ministère de l’Intérieur. Venus des quatre coins du Maroc, ces rescapés des camps de la mort ont voulu protester contre "le traitement inhumain qui leur a été réservé par l’Etat à la suite de leur libération".
Pourquoi le ministère de l’Intérieur? La raison est bien simple. Dès leur libération, les prisonniers militaires ont été mis sous la responsabilité de leurs corps respectifs (FAR, Forces auxiliaires…). Quant aux civils, et ils sont nombreux, c’est le ministère de l’Intérieur qui est, en principe, chargé de les épauler.
Quarante-deux anciens prisonniers, tous âgés et fatigués par des années de souffrance dans le désert algérien, se sont présentés à l’entrée principale du ministère de l’Intérieur. "Nous voulons rencontrer un responsable du ministère", ont-il demandé aux vigiles postés à l’entrée. Quelques minutes plus tard, un fonctionnaire est venu leur proposer de choisir, entre eux, deux ou trois personnes qui les représenteraient devant un haut cadre du ministère. Ils ont donc fait leur choix et trois personnes ont été autorisées à pénétrer au sein du département de l’Intérieur. La réunion a eu lieu avec un gouverneur. Elle a duré 45 minutes. A cette occasion, les anciens prisonniers civils ont présenté leurs revendications.
"Nous voulons un logement décent et un dédommagement pour les années de souffrances que nous avons vécues pour la simple raison que nous étions des citoyens marocains". "La réponse du gouverneur a été claire", explique l’un des anciens prisonniers. "Il nous a expliqué que le ministère de l’Intérieur pourrait leur procurer trois choses: des agréments de taxis, un revenu mensuel symbolique (800 DH à 1.000 DH) et donnerait des instructions aux différents gouverneurs du Maroc pour nous procurer des soins de santé", a-t-il ajouté. Pour ce qui est des agréments de taxis, certains ne les ont jamais reçues. A titre d’exemple, dans des villes comme Tata, la location de l’agrément ne dépasse guère les 300 DH par mois. En outre, le revenu symbolique dont a parlé le gouverneur ne concerne pas tous les anciens détenus. A Casablanca, la wilaya a versé les 1.000 DH aux anciens détenus inscrits sous sa responsabilité, pendant trois mois. Et puis, plus rien. "A Tiznit, jamais aucun centime n’a été déboursé pour les anciens détenus civils". En revanche, à Agadir, les 1.000 DH ont été régulièrement versés.
"Concernant les logements et les dédommagements, le gouverneur nous a clairement affirmé que ce n’était pas du ressort du ministère de l’Intérieur", assure Abdellah Lamani, un des rescapés civils des camps de Tindouf. Et d’ajouter: "Nous nous sommes dirigés vers le Parlement pour faire entendre nos voix aux élus du peuple et au gouvernement". Devant le Parlement, les manifestants ont été rapidement encerclés par les policiers (civils et CMI) ainsi que les forces anti-émeutes des forces auxiliaires. Les matraques à la main, les forces de l’ordre étaient sur les dents.
Quelques minutes plus tard, un haut cadre de la wilaya de Rabat, s’est rendu sur place. Il a proposé aux manifestants de se rendre avec lui au deuxième arrondissement situé dans le quartier Hassan, pour entamer des discussions. Les manifestants ont obtempéré. Huit d’entre eux se sont dirigés vers le quartier Hassan et les autres sont restés devant le Parlement.
En pleine guerre, le polisario a essayé d’enrôler les civils et de les utiliser comme "argument" dans sa propagande contre le Maroc. Mais jamais les civils n’ont accepté de jouer le jeu des polisariens. “Certains de nos compagnons d’infortune sont morts sous la torture des chefs de guerre séparatistes (qui ont rallié le Maroc au cours de ces dernières années) et enterrés dans le désert par leurs propres camarades”, lâche un rescapé en colère.
Malgré cela, les anciens prisonniers marocains civils (beaucoup plus que leurs co-détenus militaires) sombrent depuis leur retour au Maroc dans une affreuse misère. Certains d’entre eux sont morts comme de vulgaires clochards dans la rue. D’autres ont succombé à leurs maladies et leurs corps, en complète décomposition, n’ont été découverts qu’après plusieurs jours.
Comme pour les militaires, ces civils sont restés des années en détention, ont subi les pires exactions dans les camps de Tindouf et y ont laissé leur moral, leur santé et parfois même leur vie. Les entreprises qui les employaient, avant leur captivité (travaux publics, transport…), refusent aujourd’hui de leur venir en aide. Le pouvoir publics, responsable de l’intégrité physique de tout citoyen, a le devoir de ne pas les laisser tomber.

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