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L’Etat doit tenir ses engagements

ALM : A l’image de plusieurs villes du Maroc, Agadir accuse des taux des plus bas en matière de remplissage des hôtels. A qui la faute de cette baisse ?
Abderrahim Oumani : Je commencerai par dire qu’il n’y a pas que la ville d’Agadir qui est concernée par la baisse en arrivées touristiques. Tanger, Fès et Marrakech font également l’objet d’un recul considérable en la matière. Cette situation est certes due à la conjoncture internationale défavorable, marquée par la guerre contre l’Irak, les événements du 16 mai et la récession économique dans les principaux pays développés et qui se traduit par l’hésitation des touristes quant à l’idée de partir en voyage. Mais il y a aussi, et surtout, des problèmes structurels propres au tourisme et l’hôtellerie marocains. Les actions menées jusque-là s’arrêtent à des opérations marketing entamées partout en Europe et dans le reste du monde. Des massages qui rassurent les clients potentiels quant à la destination Maroc, mais qui ne changent en rien la situation interne de l’hôtellerie marocaine. D’autant plus qu’à conjoncture exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles.

Ne pensez-vous pas que les opérateurs, qui tardent à développer leurs offres, ont aussi leur part de responsabilité ?
La responsabilité est certes partagée entre décideurs politiques et opérateurs. Mais la plus grande part incombe aux autorités de tutelle dont les réflexions sont menées aussi bien à long terme qu’à court d’une entrave est à enlever d’urgence. L’étude sollicitée par le ministère du Tourisme auprès du cabinet MacKinsey, pour une enveloppe de 13 millions DH, n’a pas pris en considération les revendications des professionnels. Pis encore, ces derniers n’ont même pas été consultés.
Les discours sur l’accord-cadre ne tarissent point. Mais les mesures concrètes qu’il stipule n’ont pas encore vu le jour. Sur les 63 articles que cet accord-cadre comprend, seulement trois (les articles 7, 36, 47) ont été exécutés. Ceci, sachant que l’ensemble de ces mesures devaient être mises en application avant le 31 mars 2003.  On est encore loin de l’Observatoire de tourisme, loin d’appliquer les autres articles. Ce sont des problèmes bien réels qui attendent à être résolus. Par le dialogue entre les différents acteurs de ce secteur, et non pas à travers des opérations de promotion de 48H en Angleterre.

Quelles sont les mesures que vous jugez les plus prioritaires ?
Il faut d’abord installer un esprit de dialogue et de concertation entre les responsables politiques et les professionnels. Il faut aussi que le comité stratégique du tourisme s’active davantage. Cette année, il s’est réuni seulement une fois alors qu’il fallait se réunir une fois par mois. Le management régional et le travail de proximité auprès des acteurs sont toujours des théories qui attendent l’application. Les centres régionaux du tourisme ne disposent ni de loi-cadre qui puisse régir leur action, ni de moyens financiers ou humains pour accomplir leur mission. Il faut que les politiques se déplacent dans les différentes villes marocaines, qu’ils soient à l’écoute des opérateurs, qu’ils stimulent les actions des élus et des professionnels. Ces derniers ont également du pain sur la planche dans la mesure où c’est à eux d’améliorer à la fois la formation et la qualité des services. Aménager de nouvelles zones touristiques et promouvoir l’investissement, c’est bien. Mais sortir d’abord de cette impasse, c’est encore mieux.

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