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L’homme qui a dit oui

Pour aboutir à la formation du gouvernement de l’alternance consensuelle de mars 1998 avec Abderrahmane Youssoufi comme Premier ministre, il a fallu beaucoup de patience et de courage. Feu S.M Hassan II a fait plusieurs offres de gouverner à l’ancienne opposition. Deux invitations furent au moins lancées officiellement par Feu S.M Hassan II.
La première le 6 novembre 1993 et la seconde le 14 octobre 1994. Contenu de la proposition royale : offre de 35 postes ministériels à l’ex-opposition (excepté les ministères dits de souveraineté) avec une garantie parlementaire de 3 ans. Refus de l’Istiqlal, de l’OADP et de l’aile radicale de l’USFP. Le PPS de Feu Ali Yata, lui, était d’accord. Une chose est sûre: même si on ne peut pas refaire l’histoire, ces ratages ont fait perdre au pays beaucoup de temps, puisque l’alternance de 1998 s’est faite avec les mêmes conditions. Driss Basri, ex-ministre d’État à l’Intérieur, dont le départ du gouvernement était posé comme un préalable à une éventuelle participation, gardera son poste et cohabitera avec le nouveau cabinet d’alternance. Cette cohabitation, pour le moins difficile, c’est S.M Mohammed VI qui y mettra fin avec le limogeage de Driss Basri en novembre 1999 et son remplacement par Ahmed Midaoui. Une révolution. Donc que de chemin parcouru pour normaliser la vie politique nationale.
Car celle-ci, avec une ex-opposition virulente aux prises de position systématiques en dehors du pouvoir, était constamment crispée. D’où la nécessité de détendre d’autant plus l’atmosphère et de parachever le processus démocratique que toutes les formules de gouvernance (droite, technocrate) ont été épuisées. C’est devenu comme une pièce de théâtre usée à force de répétition. Routine et la lassitude. L’homme indiqué par qui le changement allait arriver est tout trouvé: Abderrahmane Youssoufi, un militant de la première et un résistant convaincu. Un parcours qui représente un gage à la fois de moralité et de réalisme. Mais les choses ne sont pas apparemment mûres pour accomplir le saut qualitatif institutionnel dont avait besoin plus que jamais le pays. Le Premier secrétaire de l’USFP en est conscient, qui demande aux membres de son parti de voter en faveur de la révision constitutionnelle de 1992. Mais son appel ne sera pas respecté, puisque l’USFP dans sa majorité décidera de la non-participation.
En 1993, Me Youssoufi, en guise de protestation contre la falsification de l’élection du tiers du Parlement alors qu’il avait des assurances que le scrutin allait être transparent, démissionne de son poste de Premier secrétaire de l’USFP. Pour mieux marquer sa désapprobation, il retourne à Cannes dans le sud de la France. Un exil politique qui durera quelques années.
En 1995, il regagne le pays et reprend les rênes du parti dont l’intérim, en son absence, fut assuré par Mohamed El Yazghi.
En fait, M.Youssoufi, au plus fort de sa «fugue politique», n’a jamais rompu le contact ni avec les siens ni avec les hautes autorités du pays. Il savait ce qui l’attendait : la mission de convaincre ses amis politiques de se préparer à assumer leurs responsabilités et abandonner le camp confortable de l’opposition pour celui de la majorité. La tâche n’est guère facile, les vieux réflexes de la culture du refus ayant la vie dure. Mais Abderrahmane Youssoufi a une voix qu’on écoute. Il sait convaincre, il a l’accent de la sincérité.
Quarante ans environ après le premier gouvernement à dominance usfpéiste de Abdallah Ibrahim,Abderrahmane Youssoufi est nommé à la tête du cabinet de l’alternance, un certain 4 février 1998.
C’est le début d’une nouvelle époque : faire de l’USFP un parti de gouvernement S.M Hassan II aura réalisé de son vivant les desseins qu’il nourrissait pour le Maroc en pacifiant les rapports politiques entre les différents acteurs.
Stature politique indiscutable, consensus chevillé au corps, Abderrahmane Youssoufi a ceci de particulier qu’il sait épouser les reliefs souvent complexes du pays avec la foi et l’endurance des bûcherons.
La réussite de la transition c’est lui avec feu Hassan II. Un pacte que S.M Mohammed VI a renouvelé en confirmant le Premier ministre dans ses fonctions.

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