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L’INDH prendra-t-elle fin ?

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C’est en fêtant la huitième année de mise en œuvre de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) que la question de sa relâche s’est posée. Une initiative qui s’est traduite en 2012 par l’initiation de 4.986 projets et 2.161 actions pour un investissement global de 3,86 milliards de dirhams dont la part de l’INDH s’est élevée à 2,46 MMDH. Alors prendra-t-elle fin un jour ? Faisant le bilan et dressant les points forts et faibles de l’INDH, une panoplie de ministres, décideurs et chercheurs marocains ont fait le tour de la question lors d’une table ronde organisée, samedi 18 mai, à la wilaya de Casablanca. 

Huit ans d’existence donnent une courte marge d’évaluation d’une initiative dont la philosophie est complexe et difficile à installer à un moment où les politiques publiques ont enchaîné les échecs en matière de développement social et économique. Toutefois, s’arrêter sur les résultats de l’INDH et en tirer davantage de leçons s’avèrent nécessaires d’autant plus que la crise économique qui avant frappait à nos portes s’invite aujourd’hui et touche toutes les composantes sectorielles du pays. Un point fortement appuyé par Mohand Laenser, ministre de l’intérieur, qui a insisté lors de son intervention à l’occasion du 8ème anniversaire de l’INDH sur le fait que tout est question de durabilité. «Il faut qu’on sorte de l’INDH. L’idée et la philosophie de développement social et d’intégration économique avec lesquelles cette initiative est venue doivent un jour se voir ancrées chez la population», note-t-il. L’erreur, selon lui, serait de «considérer l’INDH comme politique publique ou administration parallèle. Il s’agirait d’une initiative horizontale intégrée dans tous les secteurs afin de répondre à des besoins précis et éviter des projets dont la vision n’est pas durable et le bénéfice ne revient pas à la population».

Durant l’année 2012, le nombre de projets initiés par l’INDH a considérablement augmenté, passant de 4.300 en 2011 à 4.986 en 2012. Quoique le programme rural ait affiché une primauté avec 1.980 projets (40% du nombre total des projets), les investissements les plus lourds ont été engagés au niveau de l’urbain, totalisant les 1,18 milliard de dirhams. Aussi, que ce soit au niveau des activités génératrices de revenus (AGR) ou les actions de prise en charge des personnes en situation de précarité, il a été noté en évaluant le programme transversal et précarité que le tissu associatif y est fortement impliqué. C’est dans ce sens que les différents points de vue ont convergé lors du bilan de l’INDH, selon l’un des chercheurs présents, «limiter l’INDH à des enveloppes budgétaires serait reproduire les erreurs des politiques publiques précédant cette initiative. Aujourd’hui, des études se font mais la bonne gouvernance reste peu appliquée».

Selon lui, ceci serait dû au fait que l’appropriation d’un nouveau modèle de développement et de convergences des différents secteurs aurait pris du temps à se faire. 

Pour ce qui est des projets ayant le plus bénéficié des fonds de l’INDH, l’analyse par secteur de ces projets met en exergue la prédominance du secteur agricole à hauteur de 53%, s’ensuivent le secteur du commerce et métiers avec 31% et l’artisanat qui occupe la 3e position avec 13% des AGR programmées. Expliquant l’importance d’une initiative comme l’INDH, Abdessamad Qaiouh, ministre de l’artisanat, note que son département «dispose d’un budget qui ne dépasse pas les 0,20% du PIB. Nous ne pouvons fonctionner correctement ni investir largement sans avoir recours à des partenaires comme l’INDH», précise-t-il. Si pour ce dernier, l’INDH a été d’un grand appui pour un secteur d’activité comme celui de Bassima Hakkaoui, ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, «nous avons aujourd’hui besoin d’instaurer un bon mode de gouvernance pour cette initiative», déclare-t-elle en estimant que si les objectifs de l’INDH sont bons, il n’en demeure moins qu’il y a urgence de revoir son mode de gestion en s’assurant que tous les acteurs qui y sont impliqués fassent correctement leur travail. «Quelques départements se positionnent en tant que forces observatrices. Or, pour réussir une initiative aussi ambitieuse, il y a urgence à ce que tous les ministères s’y impliquent et à ce que les partenaires se fassent nombreux», déplore la ministre. 

A l’heure actuelle, certains estiment que l’INDH est une sorte de charité institutionnelle. C’est à ce point que Abdelouahed Souail, ministre de l’emploi, tente de s’attaquer en estimant que c’est «une solidarité nouvelle et contractuelle. Nous attendons des résultats et une pérennité pour chaque projet investi». Faisant allusion à ce que le secteur public ne peut absorber tout le nombre de chômeurs au Maroc, la majorité des intervenants ont mis le point sur l’importance d’ancrer la philosophie de cette initiative et de sensibiliser à l’importance de l’intégration économique de toutes les composantes de la société. La question de l’abandon de l’INDH se pose moins de ce fait. «Tant que pauvreté il y a, ce genre d’initiatives a raison d’être», conclut Mohand Laenser.

La 2e phase de l’INDH 2011-2015 se démarque par la forte impulsion accordée aux AGR, qui sont encouragées vu leur rôle important dans l’insertion de la population en situation difficile dans le tissu économique et l’émergence de la culture auto-emploi. 

1,7 million de bénéficiaires en 2012

Ils sont plus de 1,7 million de personnes à avoir bénéficié de  l’INDH. Le bilan des activités de cette initiative au cours de l’année passée a démontré que  la région du Souss-Massa-Drâa à elle seule comprend 14% de ces bénéficiaires, soit un peu moins de 250.000 personnes. Ce nombre est le plus élevé et s’expliquerait par la prédominance des projets agricoles dans cette région et qui représentent environ 11% de la totalité des projets initiés. Par ailleurs, pas moins de 52% du nombre total des personnes bénéficiaires ont été enregistrés dans 5 régions : Souss-Massa-Drâa, le Grand Casablanca, Marrakech-Tensift-Al Haouz, Meknès-Tafilalet et l’Oriental.  Les projets et actions initiés ont concerné en majorité l’appui à la scolarisation en milieu rural et périurbain (18%), le désenclavement des populations rurales en créant des pistes et voiries (10%), le renforcement des infrastructures de proximité se rapportant à l’enclavement des jeunes (jeunesse et sport, 9%) ainsi que la lutte contre la précarité extrême en créant des centres d’accueil, (8%). La santé, quant à elle, vient en 8ème position avec 7% du nombre total des projets et actions programmés. 

AGR :  Commercialisation toujours difficile

Les activités génératrices de revenus (AGR), bien qu’elles cartonnent, ont toujours quelque mal à prendre leur envol. Définies comme insertion socio-économique et de création des richesses, ces activités ont été au cœur du débat autour du bilan 2012 de l’INDH. 

La 2e phase de l’INDH 2011-2015  se démarque bien entendu par la forte impulsion accordée aux AGR, qui sont encouragées vu leur rôle important dans l’insertion de la population en situation difficile dans le tissu économique et l’émergence de la culture auto-emploi. Toutefois, comme le souligne Bassima Hakkaoui, ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, «aujourd’hui le problème de commercialisation des produits des coopératives se pose. Rien ne sert de produire si l’on ne peut pas écouler sa marchandise sur le marché»

Il est à noter qu’en 2012, 1.246 projets AGR ont été programmés en 2012 (soit 25% du nombre global des projets) avec une enveloppe globale de 457,5 MDH et une contribution INDH de 286,2 MDH engendrant un effet de levier de 41%.

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