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L’Istiqlal à couteaux tirés

© D.R

Les héritiers de Allal El Fassi s’entre-déchirent. Pour plusieurs Istiqlaliens, il s’agirait-là d’un euphémisme. Et de taille. Avec un Abbas El Fassi qui en veut à Aberrazzak Afilal, ce dernier qui lui renvoie les mêmes «amabilités», le puissant maire de Fès, Hamid Chabat, qui mène la fronde contre le patron de l’UGTM, mais aussi contre Abdelhamid Aouad, ce dernier encore qui se serait engagé, avant terme, dans une course au premier poste du parti, l’on n’est pas sorti de l’auberge… istiqlalienne! Tout d’abord, rien ne va plus à l’UGTM, la citadelle d’Afilal assiégée par les amis de Chabat. Ce dernier se trouve à la tête de 13 membres du bureau exécutif de la centrale syndicale (sur 17) à accuser Afilal de «mauvaise gestion» et de «marginalisation» des membres de cette instance pour prendre des décisions unilatérales.
Les détracteurs de l’homme fort de Aïn Sebaâ demandent à faire jouer la loi et les règlements. Et surtout la réunion du bureau exécutif de l’UGTM dont les membres ne se sont pas retrouvés ensemble depuis près de trois ans. Les amis d’Afilal, eux, rétorquent que les «mécontents» n’ont aucune assise au sein de l’UGTM. Allusion, claire, faite à Chabat, Mohamed Larbi Kabbaj, Titna Mohamed Alaoui, Mohamed Benjelloun Andaloussi et Rachid Boutayeb, entre autres. Afilal, à en croire ses proches, aurait d’ailleurs donné des signaux comme quoi il serait partant, mais il devra le faire «avec les honneurs», comme nous le précise un syndicaliste. Un départ précipité de ce dernier signifierait la fin de l’UGTM déjà mise à mal ces derniers temps dans le paysage syndical national. De toutes les manières, assure notre interlocuteur, aucune relève ne saurait se faire sans l’avis et l’implication d’Abderrazzak Afilal. Relève ? Un autre mot qui fâche puisque l’on prête à Afilal la volonté de mettre au-devant de la scène un autre Afilal comme successeur. Si ce dernier dit s’interdire une telle initiative, plusieurs sources istiqlaliennes affirment le contraire puisque Rachid Afilal est poussé, du moins implicitement, à plus de visibilité. C’est ce fait d’ailleurs qui sera, entre autres, derrière les incidents qui ont émaillé la dernière réunion de la Jeunesse travailliste marocaine (JTM), autre instance de l’UGTM. Pour contourner cette nouvelle crise, qui s’ajoute aux déboires d’Afilal avec la justice, une réunion marathon a été tenue mardi à Rabat. Impliquant plus d’une cinquantaine de secrétaires provinciaux ou régionaux, secrétaires de syndicats affiliés et de fédérations de l’UGTM, le but était de rechercher une issue à la guerre qui s’est déclarée entre les frères ennemis. L’on apprend d’ailleurs qu’une lettre a été envoyée, à l’issue de cette réunion, à Abbas El Fassi. Ce dernier, qui devait en accuser de réception hier mercredi, y est appelé à intervenir pour clarifier les choses et mettre un terme aux guéguerres entre Istiqlaliens. Le S.G du PI, selon les termes de la lettre, devait fixer une date pour recevoir les signataires de cette lettre et surtout pour tirer la situation au clair.
Quand on sait que Abbas El Fassi a également proféré des critiques contre Afilal et que ce dernier, en cercle restreint, accuse le premier de « s’être écarté de la voie tracée par Allal El Fassi», on imagine un peu l’issue de cette grosse bagarre. D’autant plus, pour beaucoup d’Istiqlaliens, que Abbas El Fassi a fait de Chabat son «chouchou». «Chouchou» qui mobiliserait les siens (Fès, Meknès et régions) contre Afilal, mais aussi contre Abdelhamid Aouad.
C’est à l’actuel chef du groupe parlementaire PI qu’on prête de solides prétentions pour le poste de secrétaire général. En attesteraient les multiples sorties médiatiques, mais surtout la recherche de « renforts» auprès d’Afilal. C’est ce qui expliquerait sa présence au congrès de la JTM et le discours prononcé au nom du comité exécutif du PI sans avoir été mandaté pour le faire. Auparavant, le même Aouad a pris l’initiative d’assister au congrès de la femme istiqlalienne. Ces démarches, selon nos sources, ont été critiquées de manière virulente lors de la dernière réunion du comité exécutif.
Aouad patron de l’Istiqlal ? Une grande partie des Istiqlaliens sont sceptiques. L’homme manquerait de charisme et se serait fait de solides ennemis à Al Hoceïma et Taza, mais aussi dans son fief (Salé, Rabat et Khémisset). Lors d’une réunion de la Chabiba du parti, les jeunes lui auraient même signifié qu’il était «persona non grata». Et pour cause : Aouad aurait barré la route à plusieurs jeunes cadres du parti lors des candidatures pour les dernières élections législatives. A ce jour, ils n’ont ni oublié, encore moins pardonné. «Impardonnable» aussi est le qualificatif qui revient à propos de la candidature de Abdelhamid Aouad au perchoir de la première Chambre du Parlement. Pour plusieurs Istiqlaliens, il aurait mis en jeu l’image du parti. D’ailleurs, rappelle-t-on, le comité exécutif, discutant de cette candidature et malgré le passage au vote, est resté divisé. Cerise sur le gâteau pour Aouad : il risque une «destitution» de son poste de chef du groupe PI lors de la prochaine rentrée parlementaire.En attendant que les choses se calment ou dégénèrent, si selon, au sein de l’UGTM, la course au poste de S.G du PI paraît prématurée même si, pour beaucoup, il y aurait plusieurs noms en lice. Et dont Abbas El Fassi himself au cas où ce dernier pousserait à, et réussirait, une révision du règlement du parti lui interdisant de briguer un troisième mandat. 

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