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L’Istiqlal à la recherche des appuis : Abbas El Fassi s’accroche à sa majorité actuelle

© D.R

Avec la montée de la fièvre électorale et la multiplication ça et là d’annonces d’alliances, le parti de l’Istiqlal s’est retrouvé isolé. La Koutla n’ayant pas pu reprendre de service faute de consensus, les deux autres alliés, l’USFP et le PPS, se sont tournés vers la gauche. Le RNI, l’UC et le MP se sont, de leur côté, constitués en groupe en appelant le PAM à leur tour de table. Du coup, l’Istiqlal se retrouve dans une posture pas très confortable. Et c’est certainement la raison pour laquelle le Premier ministre et secrétaire général du parti, Abbas El Fassi, tente aujourd’hui de s’accrocher à sa majorité actuelle. La preuve, mardi 13 septembre dans la soirée, le patron de l’Istiqlal organisait chez lui à Rabat un dîner auquel étaient conviés les patrons des autres partis de la majorité actuelle. Durant près de trois heures et demi, Salaheddine Mezouar, président du Rassemblement national des indépendants (RNI), Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement populaire (MP), Abdelouahed Radi, premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et Mohamed Nabil Benabdellah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS) ont abordé essentiellement le sujet de la coordination entre les partis de la majorité à la veille des élections législatives.
Les chefs des groupes parlementaires de la majorité ont également assisté à cette réunion qui, hasard du calendrier ou non, se tenait le jour même de l’ouverture de la session extraordinaire du Parlement. Lors de cette rencontre, les partis ont abordé la question de la coordination entre les alliés du gouvernement notamment en ce qui concerne l’élaboration des lois électorales ainsi que le projet de la loi de Finances de l’année 2012. Mais aussi, à travers cette rencontre, le patron des istiqlaliens a tenu à faire un appel pour ressouder les rangs de sa majorité jusqu’à la fin du mandat de l’actuel gouvernement prévue dans deux mois et demi. Et il l’a dit expressément lors de cette rencontre, selon des sources concordantes. «Comme à l’accoutumée, Abbas El Fassi a appelé les composantes de la majorité à rester solidaires et à continuer à former une coalition forte pour faire réussir les prochaines échéances», précise Ahmed Zaïdi, chef du groupe parlementaire de l’USFP à la Chambre des représentants. Et manifestement, la coordination entamée entre le MP et le RNI, membres de la majorité, et le Parti authenticité et modernité (PAM) et l’Union constitutionnelle (UC), deux composantes de l’opposition, n’est pas du goût de l’Istiqlal qui voit la majorité qu’il dirige depuis 2007 s’effriter à l’approche des élections. A noter que dans le cadre du processus d’élaboration des lois électorales, le RNI et le MP ont choisi de coordonner leurs actions avec leurs alliés du nouveau pôle libéral, le PAM et l’UC. Les quatre partis ont également affirmé récemment que la coordination constituerait une priorité pour eux au niveau de l’actuelle session extraordinaire. «La coordination entre le MP, le RNI, le PAM et l’UC sème la confusion au sein de la majorité et perturbe l’action gouvernementale. La réunion entre les composantes de la majorité s’est assignée, ainsi, pour objectif de tenter de ressouder la majorité du moins durant le peu de temps qui reste dans la vie de l’actuel gouvernement», relève Abdelkader El Kihel, membre du comité exécutif du parti de l’Istiqlal. Pour sa part, le PPS, qui avait mis l’accent, récemment, sur ce qu’il qualifie de «position ambiguë» adoptée par le MP et le RNI à l’égard du gouvernement, a saisi l’occasion de la tenue de la réunion de la majorité pour soulever de nouveau cette question. «Il s’agit d’une réunion normale. Nous avons abordé la discussion dans une ambiance sereine. L’objectif de cette réunion a été de coordonner les positions des partis au sujet de la loi de Finances et des lois électorales», souligne M. Benabdellah. «La majorité gouvernementale doit continuer de travailler et rester solidaire jusqu’à la fin de son mandat», relève le secrétaire général du PPS. Selon une source qui a souhaité garder l’anonymat, Abbas El Fassi aurait convaincu le MP et le RNI de se conformer aux positions de la majorité jusqu’à la fin du mandat du gouvernement. Toutefois, ces derniers tiennent à souligner que leur coordination avec les deux partis de l’opposition au sujet des lois électorales ne remettraient nullement en question leur engagement envers la majorité. «Il s’agit d’une réunion tout à fait classique. Il y a actuellement une session extraordinaire du Parlement et il y a des lois qui sont à l’étude. Donc, il est normal que la majorité se réunit pour coordonner ses actions», souligne M. Laenser. «Lors de cette réunion, toutes les parties ont rappelé leur engagement envers la majorité jusqu’à la fin du mandat du gouvernement. Et le MP ne fait pas l’exception dans cette situation. Pour ce qui est des alliances post-électorales, le projet d’alliance entre le MP, l’UC, le PAM et le RNI ne remet nullement en cause notre engagement envers la majorité», souligne M. Laenser, indiquant que les lois électorales actuellement à l’étude au Parlement «sont le fruit d’un consensus et qu’elles seront défendues aussi bien par la majorité que par nos alliés le PAM et l’UC». Les composantes de la majorité devront tenir une nouvelle réunion aujourd’hui afin d’approfondir le débat à propos de la coordination au sujet des lois électorales et la loi de Finances 2012.


 La loi de Finances au menu de la session extraordinaire

Des sources partisanes ayant assisté à la réunion de coordination de la majorité affirment que le gouvernement s’achemine vers la programmation de l’examen de la loi de Finances 2012 dans l’ordre du jour de la session extraordinaire du Parlement qui s’est ouvert mardi dernier. «Lors de la réunion avec le Premier ministre, Salaheddine Mezouar nous a informé que le projet de loi de Finances était fin prêt et que l’examen de ce projet pourrait débuter dès la semaine prochaine. Il est, ainsi, probable que le gouvernement ajoute l’examen de cette loi à l’ordre du jour de la session extraordinaire du Parlement», souligne Mohamed Moubdi, chef du groupe parlementaire du MP à la Chambre des représentants. «Le gouvernement pourra bien rectifier, par décret, l’ordre du jour de la session extraordinaire du Parlement pour y ajouter l’examen de la loi de Finances. Le problème c’est que la session extraordinaire doit s’achever avant le 14 octobre, date de l’ouverture de la session hivernale du Parlement», indique, pour sa part, Ahmed Zaidi, chef du groupe parlementaire de l’USFP. «Le ministre des finances et de l’économie a présenté dans un exposé qui a duré près d’une demi-heure les grandes lignes du projet de loi de Finances. Il a également fait un exposé sur la situation sociale et économique actuelle ainsi que les perspectives de l’avenir», a-t-il ajouté.

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