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L’Office des Changes épingle la Redal

© D.R

L’Office des Changes vient d’épingler le délégataire de la gestion d’eau, d’électricité et d’assainissement de la wilaya de Rabat, Redal. En date du 16 mai 2005, une lettre a sommé le délégataire de s’expliquer sur un certain nombre de transferts sans autorisation ainsi que des transferts irréguliers. Le total des montants contestés par l’Office dépasse les 110 millions de DH. Dans le détail, il est reproché à Redal d’avoir procédé à l’application rétroactive de la rémunération forfaitaire de 1%, alors que, selon l’Office, elle n’a pas lieu d’être. Redal est aussi tenue de s’expliquer sur le transfert jugé irrégulier de 3,98 millions de DH au profit de la société CGE, des frais de mission et de formation à  hauteur de 8 millions de DH, de la tentative de transfert irrégulier de 17,59 millions de DH ainsi que de la rémunération du personnel expatrié en marge de l’accord avec l’office des Changes de 72 millions de DH», précise le texte de la lettre de l’Office.
Du côté de la Redal, il est précisé que sur le fond, rien n’est irrégulier. Conformément au contrat, l’ensemble des transferts de Redal est en conformité avec la législation de change. «Nous sommes en phase de régler définitivement cette question avec l’Office. Par contre, sur la forme, nous tenons à préciser que la formulation de la lettre est scandaleuse. Les termes avec lesquels on nous a interpellés manquent cruellement de rigueur. Quand bien même il peut y avoir de manquements, on n’interpelle pas une société, filiale d’une multinationale, de la sorte. Il aura fallu, tout d’abord, chercher à comprendre, demander des explications et, bien après, tirer les conclusions. Je constate que cela n’est pas le cas», précise non sans mécontentement, sous couvert d’anonymat un haut responsable de la Redal.
Sommes-nous alors face à une situation de contrôle classique et légitime ? ou encore face à un excès de zèle de la part de fonctionnaires consciencieux ? Contacté par ALM, Mohamed Bougroum, directeur général de l’Office des Changes n’a pas donné suite à nos appels !
En tout cas, sur la forme, rien ne justifie une telle missive, sans avis préalable. Un investisseur étranger, même s’il est tenté de contourner la législation en vigueur, se doit être respecté. La bonne foi, jusqu’à preuve du contraire, doit être un leitmotiv. La bonne vieille règle stipulant qu’un client mal servi ce sont quarante clients de perdus risque de s’appliquer à l’investissement. Le capital,  c’est bien connu, est lâche. Un investisseur traité de la sorte risque de dissuader d’autres. Par contre, sur le fond, ce genre de comportement de l’Office des Changes repose sur le vieux débat des transferts des revenus et autres dividendes d’un investisseur étranger : doit-on laisser l’investisseur agir librement ? ou alors, le gardien du temple, l’Office des Changes doit veiller au grain ?
Les réponses à ces questions sont mitigées. Certains estiment que, tenant compte du régime de change au Maroc, le rôle de l’Office doit se poursuivre. Bien évidemment, dans un pays dont le régime de change est encore régi, une structure reste incontournable en ce sens qu’elle permet d’éviter les transferts frauduleux de fonds à l’étranger et partant de préserver les équilibres extérieurs de l’économie marocaine. C’est le meilleur rempart contre les risques de change et la fuite massive des capitaux !
D’autres, par contre, estiment que l’Office des Changes ne peut plus rester le temple des devises qu’il est. Au contraire, le régime de change gagne à être plus flexible. Il est grand temps de faire flotter le dirham. Dans un contexte de mondialisation galopante et de libre-échange, les investisseuses étrangers, pour qu’ils se décident à venir au Maroc, doivent  avoir l’assurance de récupérer leur mise initiale ainsi que la totalité des fruits de leurs investissements. Dans ce sens, l’office des changes n’a plus raison d’être. Sa mission doit, progressivement, être revu est corrigé jusqu’à son extinction! Lors que, en 2000, l’économiste et expert marocain auprès de la Banque Mondiale, Mohamed Benbrahim, avait parlé de dissolution de l’Office des Changes, les barons de l’office ont remué ciel et terre pour discréditer la thèse. La thèse de l’expert plaidait en faveur de la fusion des entités dédiées aux opérations de changes, sous l’égide de la Banque centrale.
Mais de là à continuer à entretenir un tel mammouth qui d’ailleurs engrange des commissions substantielles, le bon sens plaide en faveur d’une autre approche.

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