Pour le directeur général de l’OFPPT, les choses sont simples :«Le matériel présenté par Redagraph pour le marché en question était inéligible». Et d’être plus précis : «D’ailleurs, par la suite, la Commission européenne avait été saisie par l’entreprise en question, mais sans succès». Larbi Bencheikh n’en dit pas plus. Mais c’est assez suffisant pour comprendre que la position de l’OFPPT est aux antipodes des explications avancées par la direction de Redagraph. En fait, ce sont tous les ingrédients d’un procès qui sont réunis. Le tribunal de Commerce de Casablanca a été saisi du dossier et une expertise est actuellement en cours.
L’appel d’offres qui remonte à il y a deux ans portait sur la fourniture du matériel à l’Institut d’arts graphiques de l’OFPPT. L’Union Européenne a financé le projet dans le cadre du programme Meda. Selon l’OFPPT, la procédure a suivi les règles prescrites par la loi marocaine et les règles de coopération entre le Maroc et l’Union Européenne. «Ces équipements et leur mode d’acquisition sont réglementés de manière assez stricte», explique un cadre de l’institution qui souhaite garder l’anonymat. «Tout s’est passé correctement avec beaucoup de soumissionnaires dont des intervenants internationaux. Je ne vois pas comment on pouvait violer la loi», s’interroge-t-il, accusant Redagraphe de «mauvais perdant». «C’est la première fois que nous avons un problème pareil. «Jamais, poursuit-il, nous n’avons vu une entreprise contester les attributions faites dans le cadre international». Et de poursuivre : «on ne badine pas avec un organisme national digne de ce nom et un bailleur de fonds multinational». D’autant que, tout comme l’OFPPT, la Commission européenne avait aussi des comptes à rendre à des parlementaires européens soucieux de savoir la manière avec laquelle leur argent a été placé.
Bref, n’étant qu’acquéreur, l’OFPPT n’a fait que suivre la procédure, «à la lettre». D’après le même cadre, les résultats de l’appel d’offres auraient été suivis par des inspections du ministère des Finances, de celle des Affaires générales et même de l’Union Européenne qui ont toutes donné leur approbation. A suivre.